Article mis à jour le 5 septembre 2022 à 16:15
Exceptionnellement à huis clos sur demande de la Préfecture, le conseil municipal a été retransmis en direct via le site internet de la Mairie de Perpignan. L’occasion pour les oppositions municipales de malmener Jean-Marc Pujol sur sa gestion de la crise sanitaire durant plus d’1 heure. Au programme approvisionnement de masques ; mais aussi soutien à l’économie locale et pertes estimées pour les budgets de la ville.
♦ Un manque à gagner pour les finances de la ville et de la communauté urbaine
La veille, en conférence de presse, le maire avait déclaré que le manque à gagner estimé pour les finances de la ville était d’environ 5 millions d’euros. Citant l’exemple de l’entreprise Decaux qui refusait de régler la redevance due à la ville, « parce qu’elle n’avait pas pu faire de publicité durant le confinement ».
Le maire s’inquiète également pour le Théâtre de l’Archipel. « Aujourd’hui, la ville verse 4 M€, mais si les spectacles ne peuvent pas recommencer, il va falloir faire face ». Les équipes de la mairie travaillent aussi sur le maintien des subventions ; voire une aide complémentaire. Nombreux sont les clubs sportifs qui, tels les Dragons Catalans ou l’USAP, ont dû interrompre leur championnat.
Tout cela « fait déraper les finances » de la ville avertit le maire. Pour la communauté urbaine, « les pertes estimées sont colossales ». Jean-Marc Pujol évoque entre 12 et 14 millions d’euros sur la Communauté Urbaine Perpignan-Méditerranée. Citant par exemple la baisse, entre 6 et 8 M€, des recettes liées à la contribution transports.
♦ L’exonération de taxe de terrasses parmi les aides aux professionnels de Perpignan
Le maire de Perpignan a décidé un certain nombre de mesures pour aider les professionnels ; et notamment à destination des bars et restaurants, particulièrement impactés par la crise. Pour rappel, alors que depuis le 11 mai boutiques ou coiffeurs ouvrent leurs portes après 2 mois de fermeture, les bars et restaurants sont toujours dans l’attente d’une décision ; autant sur la date que sur les modalités de réouverture.
- Exonération des droits de terrasse pour toute l’année 2020. L’équipe municipale envisage également d’élargir l’espace dévolu aux terrasses afin d’aider les professionnels à répondre aux exigences sanitaires.
- Exonération d’occupation du domaine public pour les marchés de plein vent. Seuls quelques commerçants ont pu, durant la période de confinement, occuper leur place sur les marchés République, Moulin-à-Vent ou Place de Belgique. La mesure vise à exonérer l’ensemble des commerçants des droits de marché pour la durée du confinement.
- Exonération des loyers commerciaux dont la ville ou la communauté urbaine est propriétaire. Selon le maire, cette aide pourrait concerner une quarantaine de professionnels.
- Pendant 3 mois, soit un mois de plus que la durée du confinement
- Pour les restaurateurs, l’exonération durerait jusqu’à la reprise d’activité. Cette exonération serait totale jusqu’à 2.000€, 50% au-delà de 2.000€de loyer.
- Alors qu’une pétition demandait la gratuité totale des parkings perpignanais, la mairie a décidé de mettre en place une opération tickets gratuits. Dans la limite de 500 tickets pris en charge par la municipalité.
- Pour soutenir l’économie, et plus particulièrement les entreprises du bâtiment très dépendantes de la commande publique, la ville, la communauté urbaine et l’office des HLM préparent un plan d’investissement.
♦ Fonds local Région en partenariat avec les départements, les villes et les intercommunalités
La mairie de Perpignan a acté avec la Région sa participation au Fonds Local de Solidarité baptisé Fonds L’OCCAL. Ce nouveau dispositif vise à l’accompagnement d’urgence aux entreprises du tourisme, aux commerces de proximité et aux artisans.
Le fonds local se concentre sur la phase de redémarrage de l’activité au travers de 2 types d’intervention : des avances remboursables d’aide à la trésorerie et des subventions d’investissement pour anticiper les demandes de réassurance des clientèles et financer des aménagements d’urgence.
Doté d’une enveloppe de 70 à 80 millions d’euros au niveau de la Région, permettant d’octroyer des aides financières sous forme de subvention ou de garantie d’emprunt, le fonds entrera en vigueur à partir du 1er juin ; et sera effectif jusqu’au 31 décembre 2020.
Dans le cadre de ce plan, Jean-Marc Pujol présentait ses propositions. Le maire de Perpignan veut cibler cette aide pour les « petits commerçants » ; un ciblage compliqué selon le premier magistrat. Il rappelait « Je suis favorable à une subvention au retour de l’activité et principalement orientée sur les hôtels, les restaurants, les bars qui ont subi de plein fouet cette crise qui n’est pas finie pour eux. Je voudrais aussi une aide directe aux commerces dans le centre-ville. Une aide spécifique pour les TPE ».
Perpignan participerait ainsi à la dotation 1 million d’euros. Mais prévient Jean-Marc Pujol : « Il faut être précis car dans ces entreprises certaines ont fermé ; mais d’autres n’ont pas fermé et ont même développé leur activité. C’est un travail très précis que l’on est en train de mener ; travail qui fera l’objet de précisions ultérieures. Madame Delga doit présenter les critères de ce plan le 29 mai ».
♦ Les masques font débat au conseil municipal perpignanais pendant plus d’une heure
Ce conseil municipal s’est tenu dans un contexte particulier. Outre la forme, le fait que 35,65% des électeurs aient voté pour Louis Aliot lors du 1er tour des municipales, contre seulement 18,43% pour Jean-Marc Pujol, place ce dernier en position délicate.
Pourtant le premier à interpeller le maire sur l’approvisionnement de masques est son ancien adjoint ; également candidat et qui a recueilli 3,59 % des voix. Olivier Amiel s’interroge sur un marché de 189.000€ auprès d’un opérateur pour l’achat de 50.000 masques tissu en Inde. « Comment une ville de 100.000 habitants se retrouve à passer un marché avec quelqu’un qui n’a aucune expérience en la matière ? » ; le conseiller municipal d’opposition rappelant son activité de commerce alimentaire.
Le Maire se défend. Compte tenu de l’urgence sanitaire, il a voulu, avant tout, sécuriser les délais d’approvisionnement en sollicitant pas moins de 43 fournisseurs sur les masques barrière. « C’est le seul fournisseur capable de nous fournir dans les délais les 50.000 masques barrière normés par l’AFNOR ».
♦ Le maire revient sur l’achat de masques en tissu
Le coût total de ces achats est d’environ 600.000€ ; étant prévu que l’État participe à hauteur de 370.000€.
- Jean-Marc Pujol déclare avoir distribué au 18 mai, 152.317 masques barrière ; à raison de deux par foyer fiscal.
- De plus, la mairie dispose d’un stock résiduel de 50.000 masques ; un stock auquel viendront s’ajouter 100.000 unités qui devraient arriver dans le courant de la semaine.
- Parmi ces masques, 60.000 pièces ont été fabriquées bénévolement par des ateliers de couture mis en place par la mairie et l’office des HLM.
Élue en 2014 sur la liste de Louis Aliot et désormais sans groupe, la conseillère Clotilde Font est revenue sur le masque « bec de canard » fourni par une entreprise de Toulouges.
Pour le maire, ces polémiques sur les masques sont « stériles ». Il rajoutait la veille face à la presse :« Quand il y a le feu dans la maison du voisin, moi je descends pour faire en sorte, même avec un seau, de l’éteindre ! Ma préoccupation était de protéger les Perpignanais ».
♦ Échange tendu entre Jean-Marc Pujol et Louis Aliot
Le député Rassemblement National interpellait le maire : « Dans cette crise, j’ai trouvé qu’il y avait un problème démocratique de la gestion de crise. On a été confiné le 18 mars, je ne vous ai eu au téléphone que fin avril. Jusque-là, rien ; vous n’avez pas pris la peine d’informer les élus d’opposition sur les mesures prises … »
Pour le candidat sorti largement en tête des urnes le 15 mars, il y a « un problème de stratégie générale, en matière d’économie ». L’élu d’opposition se faisant le porte-parole des commerçants de Perpignan.
« Ils se plaignent qu’il n’y a pas de plan de relance de l’économie pour l’agglomération de Perpignan, ni pour la mairie. Les mesures que vous prenez aujourd’hui en faveur de la restauration sont demandées depuis plus d’un mois ! ». Louis Aliot accuse le maire de faire de la communication politique. Selon lui, les commerçants n’ont reçu, « comme par hasard », le courrier sur les premières mesures de soutien à l’économie, que la veille du conseil municipal.
Pour Louis Aliot, « les maires ont profité entre les deux tours de l’élection municipale pour redorer leur blason sous couvert de mesures sanitaires. Mais je ne suis pas très inquiet, les gens s’en sont bien rendu compte ».
Jean-Marc Pujol rétorque, « c’est étonnant de voir un parlementaire, qui n’a pas passé un coup de fil à la mairie, prétendre cela aujourd’hui après avoir disparu pendant 3 mois. Je ne vous ai jamais vu lors des réunions à la Préfecture, alors que vous y étiez convié ». Louis Aliot de s’insurger, dans le brouhaha, ne jamais avoir été convié par la Préfecture.
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