Article mis à jour le 8 février 2024 à 10:28
La France s’apprête à planifier son espace maritime d’ici 2050. Jeudi 8 février 2024, la commission nationale du débat public organise, au parc des expositions de Perpignan, un grand débat autour des principaux enjeux du littoral. Parmi les grandes décisions en cours concernant la façade maritime méditerranéenne, l’implantation de parcs éoliens au large des côtes catalanes. Crédit photo : Caroline Paux / Hans Lucas.
« La mer en débat » est un débat public d’ampleur sur l’avenir de la mer et des littoraux, organisé du 20 novembre 2023 au 26 avril 2024. Durant cinq mois, la CNDP va faire le tour des grandes façades maritimes de l’hexagone : Normandie-Hauts-de-France, Bretagne-Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine et Méditerranée. L’objectif pour les participants ? S’informer, poser des questions et donner leur avis sur des sujets parfois brûlants. Au coeur du débat, le partage de la mer, entre les activités de transport, de pêche, d’énergie marine et de plaisance.
« Ce débat couvre tous les sujets liés à la mer »
Le débat public est un droit individuel inscrit dans l’article 7 de la charte de l’environnement. Ce droit fondamental permet à toute personne de s’exprimer sur les plans et grands projets des façades maritimes. La discussion est inclusive et n’est pas réservée qu’aux habitants des littoraux.
Parmi les décisions à prendre pour la façade maritime Méditerranéenne, le choix des futurs emplacements de l’éolien en mer, la protection de la biodiversité, le recul du trait de côte et la limitation des activités de navigation commerciale comme les croisières de plaisance. « Ce débat couvre tous les sujets liés à la mer et permet de préparer des décisions en bonne connaissance de cause », avance Etienne Ballan, délégué régional de la commission du débat public.
La création de parcs éoliens au coeur du débat
Jeudi 8 février, trois thèmes seront proposés au public, lors du débat organisé à Perpignan : l’éolien en mer au large des côtes catalanes, la coopération internationale pour protéger la biodiversité marine et la durabilité de la plaisance sur la côte Occitane. Au niveau du développement éolien, le gouvernement souhaite créer 50 parcs en mer d’ici 2050.
Au niveau des contraintes technologiques et du raccordement de ces installations, la plupart pourraient être installées sur le plateau du Golfe du Lion. « Concrètement, cela veut dire que pour chaque façade, l’État propose une fourchette. En Méditerranée, le nombre d’éoliennes pourrait se situer entre 300 et 400″, précise Etienne Ballan. « C’est-à-dire au large de l’Occitanie, sur ce qu’on appelle le plateau continental. Avant que les fonds marins descendent plus profondément. »
D’après le délégué régional, jusqu’à présent l’éolien était un peu « l’arbre qui cachait la forêt ». « Nous faisions des débats uniquement sur l’éolien, parce que c’était le grand projet qui allait avoir un impact sur l’environnement. En réalité, c’est une activité parmi tant d’autres. Désormais, toutes les questions environnementales liées à la mer sont traitées en même temps. »
Rien ne peut être imposé aux décideurs
Que l’on soit pour ou contre, le débat public n’est pas un référendum et rien ne peut être imposé aux décideurs. Un compte rendu est cependant soigneusement rédigé par la CNDP, à la fin de chaque séance. « Nous prenons le temps de recueillir tous les arguments. Notre compte rendu comporte des recommandations, des éclairages et les positionnements du public, qui ne sont pas forcément consensuels« , explique Etienne Ballan, qui affirme que certaines opinions sont même parfois contradictoires.
Quoi qu’il en soit, les décideurs ont l’obligation de répondre à tous ces arguments. « Pour l’éolien en mer, concrètement, c’est maintenant ou jamais ! », atteste le délégué régional. En effet, c’est durant les 10 prochaines années que l’État va décider des zones sur lesquelles il va vouloir développer l’éolien en mer.
Ces éoliennes, qui culminent à plus de 250 mètres de haut, sont parfois contestées à cause de la pollution visuelle qu’elles engendrent ou de la réduction des zones de pêche.
Une aire marine protégée disputée entre la France et l’Espagne
La protection de la biodiversité marine sera aussi au coeur du débat. « Il y a une zone en mer contestée entre la France et l’Espagne. La frontière intérieure est fixe, mais selon comment est tracé le trait depuis la frontière terrestre, les Français et les Espagnols n’aboutissent pas au même résultat. »
Il flotte une vraie interrogation autour de l’utilisation de ce morceau de mer disputé. Cette surface pourrait devenir une aire marine protégée dans laquelle un certain nombre d’activités serait interdit ou régulé, comme la pêche par exemple. « C’est une zone qui a des qualités biologiques formidables, nous pourrions dépasser le conflit entre les deux États et amorcer une discussion sur son devenir », propose Etienne Ballan. Le débat est ouvert demain soir !
La durabilité du tourisme de plaisance dans les Pyrénées-Orientales
Sur la côte Occitane le tourisme s’est fortement développé ces dernières années, notamment avec l’arrivée des ports de plaisance. « L‘idée c’est de faire un peu le point sur la durabilité de ce modèle », explique le délégué régional. Pour animer le débat demain soir, un panel d’intervenants sera présent comme des scientifiques, des acteurs de la plaisance et du tourisme, des ONG environnementales. « Leur présence est importante pour expliquer au public comment les choses se passent en mer et quels sont les enjeux. Le but étant pour les participants d’avoir un avis éclairé à partir de ces informations. »
Rendez-vous à partir de 17h30 au parc des expositions de Perpignan.
- « Zéro macho » à Perpignan, comment s’extraire de la culture patriarcale ? - 22 novembre 2024
- Hausse des liquidations en France : les entreprises catalanes seront-elles épargnées ? - 20 novembre 2024
- Près de Perpignan, grâce à une action en justice, ces déchets refont surface - 14 novembre 2024