Article mis à jour le 1 avril 2024 à 10:12
À Port-Vendres, le club de plongée Le paradis des bulles lance un catamaran 100% électrique. Totalement autonome, le bateau est couvert de panneaux solaires. Une première en France et dans les Pyrénées-Orientales. Photo d’illustration de Port-Vendres.
Il y a quatre ans, Simon Briot a le projet fou de transformer son bateau de plongée traditionnel et thermique en catamaran électrique. Si cela fait une vingtaine d’années que le moniteur travaille au Paradis des bulles, il est aussi un ancien ingénieur dans le spatial. « Simon voulait s’inscrire dans une démarche de développement durable sur tous les plans », explique Alizée Martin, en charge du développement durable des usages de loisirs au Parc Marin du golfe du Lion.
Une épave recyclée en bateau 100% électrique
Pour Simon Briot, hors de question d’investir dans un bateau neuf. Le fondateur du centre de plongée écoresponsable rêve de récupérer une épave pour la recycler et la faire équiper en électrique. « Il a cherché des fournisseurs, pour la fabrication des batteries et du moteur, qui soient les plus locaux possibles en contactant des entreprises autour de Toulouse, Narbonne et Béziers », souligne Alizée Martin. Le Parc Marin a apporté sa pierre à l’édifice, tout comme la Région Occitanie, en accordant un financement la première année. La fabrication d’un bateau électrique comme celui-ci représente un coût de 125 000 euros.
Le projet s’est réalisé en plusieurs phases. Premièrement, la fabrication du bateau : « Il a fallu l’adapter à la plongée et dimensionner toute la partie électrique, puisque le toit est couvert de panneaux solaires », indique Alizée. À bord du catamaran l’e-Sperança, pas de solution thermique de secours mais deux chaînes électriques, l’une à bâbord et l’autre à tribord. « Avec le moteur électrique, il n’y a pas de panne possible, car il n’y a pas d’usure », assure le capitaine du navire.
Lorsque le catamaran vogue en pleine mer, seulement 30% de la puissance des moteurs est utilisée. « Côté batteries, nous avons une puissance de 40 kilowatts. Si on oublie les panneaux solaires, rien qu’avec les batteries, on peut naviguer deux heures à huit nœuds ! Si on réduit la vitesse à six nœuds, on va pouvoir naviguer huit heures », assure Simon Briot. Une fois la fabrication du bateau achevée, l’idée a été de le rendre complètement autonome pour l’activité de plongée.
Une économie de 330 tonnes d’empreintes carbone
« La deuxième partie du projet a été de rajouter des panneaux solaires et des rampes de gonflage avec un compresseur d’air à bord du bateau », détaille Alizée Martin. Celui-ci fonctionne grâce aux batteries et à l’énergie solaire. Le temps d’une plongée, les panneaux solaires rechargent les batteries, les bouteilles des plongeurs sont ainsi regonflées. En cumulant la construction du bateau, son exploitation pendant 10 ans et le recyclage de tous les matériaux, Simon Briot et son équipe ont permis d’économiser 330 tonnes d’empreintes carbone. « Nous avons également installé un dessalinisateur pour pouvoir produire notre propre eau douce. Car on l’a vu cette année, l’eau est un bien très précieux », ajoute Simon Briot.
Adieu odeur de gasoil et vrombissement du moteur
Si la plongée est une activité qui nécessite beaucoup de déplacements, passer d’un moteur thermique à un moteur électrique permet de réduire la pollution et le bruit généré par la motorisation. L’odeur désagréable du carburant n’est plus qu’un lointain souvenir. Sur le bateau du Paradis des bulles, on prend le temps. Le catamaran navigue doucement pour permettre aux visiteurs d’observer tous les attraits de la côte Vermeille.
Sur les parois du bateau, des fresques pédagogiques représentants girelles, murènes et autres poissons de la Méditerranée sensibilisent les plongeurs à la fragilité des écosystèmes. « Les clients de Simon sont ravis d’apprécier, en plus de la plongée, une promenade en mer. Souvent, sur un bateau de plongée on est nombreux, on va vite, ça sent le gasoil, le moteur fait du bruit… Là, c’est une promenade à part entière qui est beaucoup plus apaisante ! », sourit Alizée Martin.
Un catamaran accessible aux personnes handicapées
Le bateau est équipé d’un espace cuisine, afin que les visiteurs puissent manger à bord entre midi et deux. « On profite de la mer pleinement », s’enthousiasme le moniteur de plongée. Le catamaran accueille à son bord les personnes non-voyantes, paraplégique ou tétraplégique pour une journée en mer. Une des particularités du catamaran est qu’on peut y accéder en fauteuil roulant. Un ascenseur installé à l’arrière permet d’immerger les plongeurs avec plus de facilité. À côté des sorties plongée, Simon Briot propose également des randonnées palmées avec masque et tuba.
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