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Escape games à Perpignan : un loisir au défi du renouveau

Escape games à Perpignan : un loisir au défi du renouveau

Les escape games, ces salles de jeu immersives qui demandent de résoudre des énigmes en un minimum de temps, sont aujourd’hui plus de 800 en France. Dans les Pyrénées-Orientales, c’est un loisir plutôt développé mais qui pourrait avoir besoin de se renouveler.

Fantastique, horreur, aventure : À Perpignan, les salles d’escape games ne manquent pas. On compte 29 « room » différentes dans les Pyrénées-Orientales, la plupart implantées depuis quelques années. Né au Japon, ce type de loisir est devenu tendance en France entre 2015 et 2016. Il est ensuite devenu un véritable phénomène de société et s’est rapidement implanté comme un loisir à part entière, notamment utilisé pour des anniversaires, les enterrements de vie de garçons ou jeunes filles, et des team building.

Les Pyrénées-Orientales sont un département touristique, où la demande en activités et en divertissements est élevée. En effet, en période estivale, la population augmente considérablement. À Argeles-sur-Mer par exemple, le nombre d’habitants est multiplié par dix chaque année. Il passe d’environ 10 000, à plus de 100 000 personnes en haute saison. Ainsi, les escape games font partie des loisirs fortement demandés.

S’implanter dans le secteur

La première enseigne du département est arrivée en 2016, depuis elles sont dix, comptant chacune une ou plusieurs salles différentes. Mathieu Lemaire, a créé son escape game en 2020 à Perpignan, il était l’un des derniers arrivés sur ce marché en pleine expansion. « Au début, c’était compliqué de se projeter, de savoir si la salle allait fonctionner et si j’allais vraiment réussir à me sortir un salaire », témoigne-t-il. Et trois mois plus tard, il a dû faire face à une difficulté de taille, la crise du Covid. « J’ai dû tout fermer d’un coup. Le souci c’est que je n’ai même pas pu avoir d’aides de l’Etat car je n’avais pas encore vraiment pu démarrer mon activité ».

Alors âgé de 23 ans, ce jeune Perpignanais s’est lancé dans l’entrepreneuriat et a dû faire sa place. Créer une salle demande beaucoup de moyens et d’imagination. Il est possible de passer par des sociétés de création sur mesure, mais qui demande un investissement budgétaire important. Mathieu lui, a fait le choix de tout faire tout seul.

« J’ai chiné dans des brocantes ou sur internet des objets et des meubles puis j’ai installé les mécanismes en bricolant », indique le gérant.

La particularité des escape games est qu’il n’y a pas vraiment de concurrence directe entre les différentes enseignes. Une salle ne peut se faire qu’une seule fois, puisque lorsque l’on a réussi à résoudre les énigmes, elles ne changent pas. L’objectif n’est donc pas de fidéliser une clientèle, puisqu’elle ne reviendra probablement pas. Il faut surtout réussir à se démarquer en proposant un univers différent des autres, pour que les amateurs de jeu d’évasion s’intéressent à une nouvelle salle. « J’ai réussi petit à petit à me faire connaître grâce aux réseaux sociaux, puis au bout de deux ou trois ans, le bouche-à-oreille a commencé », explique Mathieu.

« Remplacé par les actions games et les quizz »

Après le grand boom en 2016, les escape games ne sont plus dans le top des tendances. Aujourd’hui, selon Mathieu ils s’essoufflent. « C’est en train d’être remplacé par les actions games et les quizz. La difficulté dans ce secteur c’est qu’il faut sans cesse se renouveler. C’est pour cela que j’ai commencé a créer un concept différent avec mes apéro boxes ». Il s’agit d’un apéro enfermé dans un van sur roues, que l’on doit réussir à déverrouiller en résolvant une série d’énigmes.

Cyrille Taquet lui aussi, a tenté de se démarquer en créant un performer game à Perpignan en 2022. Contrairement à un escape game classique, son complexe mise sur la performance et la compétition, et peut se rejouer plusieurs fois. « On a tout de suite voulu se différencier. L’idée c’est de ne pas faire comme les autres, d’amener une petite nouveauté sur le département aussi ». Son petit plus, c’est le côté écologique, puisque son parc est à 95% fabriqué à partir de matériaux réemployés.

À Perpignan, cette salle allie jeu-vidéo et sport en réalité virtuel

La réalité virtuelle a également pris une part importante et pourrait devenir le futur des escape games traditionnels. Trois enseignes sont déjà présentes dans le département et proposent des expériences immersives. L’avantage, est de pouvoir faire voyager l’utilisateur dans un univers sans avoir de décors sur place.

Une grande diversité d’offres

Également vice-président de l’association des pros du loisir 66, Cyrille Taquet suit de près les dynamiques du secteur local. Et il le constate lui aussi, le marché est particulièrement dense.

« Pour le consommateur, il y a beaucoup d’offres de loisirs maintenant donc forcément il y a des choix qui s’opèrent, c’est inévitable ».

En effet, avec le cinéma, le paintball ou encore les parcs aquatiques, les Pyrénées-Orientales comptent plus de 300 offres différentes. Autre frein potentiel, le prix. Les jeux d’évasion sont une activité onéreuse. En moyenne, les tarifs d’une enseigne oscillent entre 23€ et 35€ par joueur, selon le site Escapegame.fr. En comparant avec le cinéma, qui reste le premier loisir culturel en France, le prix moyen d’une place oscille entre 7 € et 12€.

Les Pyrénées-Orientales faisant partie des trois départements les plus précaires de France, le loisir peut alors devenir un « luxe » pour une grande partie des habitants.

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Emma Lemaire