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La réserve sous-marine de Banyuls-sur-mer s’étendra bientôt du Cap Béar à Cerbère

La réserve sous-marine de Banyuls-sur-mer s’étendra bientôt du Cap Béart à Cerbère

Article mis à jour le 8 juin 2024 à 09:50

La plus ancienne réserve sous-marine de France, créée en 1974, devrait voir sa superficie passer de 650 à plus de 1680 hectares d’ici 2025. Deux nouvelles zones de protection renforcée vont voir le jour. Une extension décidée après plus d’un an de concertation entre les différents acteurs locaux, des plongeurs aux pêcheurs en passant par les écologistes et les scientifiques.

« Les usagers étaient très prudents quand on a lancé le projet, on se lançait à l’aventure et ils ne savaient pas trop ce qui allait en ressortir ».

Pour Frédéric Cadenne, conservateur de la réserve naturelle marine Banyuls – Cerbère, la concertation lancée par le Département est allée « au-delà de ses attentes. Ça a permis à tout le monde de se mettre autour de la table, et de se connaître. » Pendant quinze mois, des acteurs aux intérêts parfois divergents – kayakistes, pêcheurs, plaisanciers, scientifiques, plongeurs, élus ou encore associations écologistes – ont planché pour trouver un consensus et proposer d’une même voix un scénario d’extension de la réserve exclusivement sous-marine la plus ancienne de France. Le grand public a aussi été consulté via des questionnaires en ligne.

De ces heures de d’échanges a émergé un scénario qui prévoit de renforcer d’ici deux ou trois ans la protection de la biodiversité sur la côte rocheuse. Actuellement étendue sur 650 hectares, de Banyuls à Peyrefite, la réserve devrait s’étendre du Cap Béar au Cap Cerbère, avec deux nouvelles zones de protection renforcée, au cap Ullastrell près de Paulilles et au Cap Cerbère, qui s’ajouteront à celle, déjà existante, au Cap Rédéris et seulement autorisée aux missions scientifiques.

Frédéric Cadenne précise : « La mise en place de ces nouvelles zones de protection renforcées était l’un des objectifs principaux de cette extension. Il a fallu faire des choix. La zone actuelle est petite mais on voit l’effet qu’elle a sur la faune et la flore marine locale. Le cap de l’Abeille ne serait pas un site aussi riche sans elle. Ce sont des véritables moteurs pour la protection et biodiversité»

Ce qu’il décrit est le fameux « effet réserve », documenté de longue date par la littérature scientifique, et qui explique par exemple la présence accrue de mérous en dehors de la zone protégée, alors qu’ils étaient quasi-absents il y a quarante ans. « C’est cet effet réserve que l’on a voulu développer, complète Hermeline Malherbe, présidente du Conseil Départemental, qui gère la réserve. Ça nous semblait important pour la préservation de la biodiversité mais aussi pour les activités comme la pêche.»

Frédéric Cadenne reconnaît que le consensus a été long à établir entre les différents acteurs

« C’était important de pas faire de la réserve un vase clos, de trouver cet équilibre entre maintien de l’activité et protection de la nature. Si on se réfère au grand public ou à la communauté scientifique la volonté était plutôt de protéger le plus largement possible. Mais l’objectif était aussi de maintenir au maximum les activités. Par exemple pour la pêche aux calamars, comment on garde cette tradition ancestrale, tout en protégeant le milieu… c’est pareil avec les pêcheurs professionnels, et le maintient des engins de pêche actuels. » La présidente du Département ajoute :  « Ça a aussi permis aux scientifiques de se confronter aux usagers de la mer, et aussi aux usagers de mieux comprendre les scientifiques. On est arrivé à diminuer le fossé entre la vision scientifique et la vision professionnelle. »

Mais cet impératif de consensus a-t-il quand même permis de prendre des mesures fortes pour la protection des écosystèmes marins ? Oui pour Frédéric Cadenne : « c’est vrai que le statut de réserve naturelle attire, donc l’objectif de cette extension c’était aussi de diluer les activités sur une plus large partie du territoire puis discuter avec les acteurs pour limiter les impacts. C’est la force de la réserve de dialoguer avec ses usagers. La preuve, aujourd’hui, ce sont les pêcheurs de loisirs qui viennent taper à notre porte pour demander de mettre en place des mesures. »

Ce projet d’extension sera déposé auprès des services de l’État dans le courant de l’année. Une enquête publique devrait se tenir l’année prochaine, avec une extension effective mise en place au mieux en 2025 ou en 2026.

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Alice Fabre