Article mis à jour le 27 avril 2023 à 09:41
Pour le premier sujet de la Rédaction Junior, Célia, étudiante à l’Université de Perpignan, a cherché à comprendre l’évolution de Saint-Jacques ces dernières années ; entre mixité, désertification et nouveau souffle. Clara – publiée ce lundi – ainsi que Maryam et Sarah ont également choisi de s’intéresser à Saint-Jacques. Et qui de mieux pour en parler que Nasdas, le premier snapeur de France, et Némir célèbre rappeur ; tous deux natifs et habitants de ce quartier tant fantasmé. (Photo de Une : église Saint-Jacques lors de la Sanch 2018).
♦ La mixité à Saint-Jacques, le quartier qui a vu grandir Nasdas et Némir
À l’évocation du quartier de son enfance, Némir décrit un quartier « sociologiquement vivant ». Le rappeur regrette le manque de mixité d’aujourd’hui ; se remémorant avec une pointe de nostalgie sa rue natale où cohabitaient des familles de tous horizons. Nous sommes au début des années 2000. L’école Madame Rolland en plein cœur du quartier fut longtemps le symbole de cette mixité. En évoquant leurs enfances respectives, Némir et Nasdas décrivent un « accompagnement » ; des enfants du quartier « encadrés » avec un accès à la scolarité, à la Casa Musicale pour la musique, au centre aéré du collège Jean-Moulin pour le loisir.
L’ancien quartier Saint-Jacques comptait couvents et chapelles ou des écoles et associations tenues par des catholiques. Némir défend aujourd’hui cette ouverture d’esprit. « Ton regard, il ne peut que se nourrir de toutes ces choses-là. […] Aujourd’hui, la vie les oppose ».
Nasdas évoque à son tour le centre de loisir pour jeunes encadrés par des policiers en civil à Betriu. « C’était la plus belle des initiatives. […] On était les plus contents du monde parce que, malheureusement, on ne sortait jamais du quartier. […] Là maintenant, il n’y a plus rien pour les jeunes. »
> À lire : « Face à Nasdas et Némir », Clara 16 ans évoque le quartier Saint-Jacques
♦ La désertification du quartier : entre manque de moyens et défaut de mixité
« Le quartier n’était pas le désert » qu’il est aujourd’hui se désole Némir. « Avant, nous étions bien plus mélangés ». Défaut de mixité, image dégradée, l’artiste décrit Saint-Jacques comme un quartier souffrant surtout d’un manque de moyens. « Si demain on injecte 1Million pour arranger le quartier, pour éduquer les gens, et même si on continue à dire que le quartier est sale, ce sera toujours mieux. […] On a juste besoin de moyens. » Némir souhaiterait notamment plus de structures pour faire « rêver les jeunes ».
Saint-Jacques, un quartier délaissé ou le vide s’est installé ? Nasdas évoque les démolitions et la destruction de certains bâtiments : « on ne voit jamais rien reconstruit ». Malgré des initiatives de gentrification, les habitants de Saint-Jacques sont attachés à leur quartier et ne veulent pas le voir disparaître.
Nasdas évoque un Saint-Jacques Babylone et solidaire : « [..] on est tous dans la même misère. Alors pourquoi trouver des différences ? » L’influenceur dénonce avec humour les difficultés auxquelles sont confrontés les habitants de Saint-Jacques. À travers les réseaux sociaux, il filme son quartier sans en cacher les difficultés. Il dénonce entre autres l’obésité qui touche les enfants ou les points de deal.
Nasdas a, quant à lui, lancé une association pour faire sortir les jeunes du quartier tout en associant apprentissage et loisirs. Le snapeur n°1 en France a pour projet de créer une franchise de restauration rapide. « On est en train de créer nos propres sociétés, mais aussi de faire en sorte que des marques connues s’installent ici. Toujours dans l’objectif de créer de l’emploi. »
À lire : Perpignan | Le collège Jean Moulin à l’heure de la lutte des classes… adaptées
♦ Un nouveau souffle pour le quartier ? Nasdas et Némir des modèles inspirants
Ces deux figures emblématiques de Saint-Jacques nourrissent beaucoup d’espoir chez les habitants du quartier. Leur plus gros challenge ? Faire évoluer les mentalités et les comportements. Á commencer par le nettoyage du quartier mais surtout la scolarisation des enfants ; un enjeu majeur sur Saint-Jacques.
Pour Nasdas cela passe par l’envie. Celui qui est devenu un référent pour les jeunes du quartier (et maintenant partout en France), prend un exemple. « J’ai beaucoup de jeunes qui en me suivant se sont dit qu’il fallait qu’ils apprennent à lire et à écrire. » Nasdas entend souvent : « je veux devenir influenceur, je veux gagner l’argent que tu gagnes. » Pour lui, créer des envies et des ambitions donnera à tous ces jeunes d’autres perspectives d’avenir que celle de toucher le RSA.
Fort de sa nouvelle popularité, le quartier Saint-Jacques attire. Grâce à la visibilité qu’offrent les réseaux sociaux, de plus en de monde s’intéresse à ce quartier atypique. Même les médias ou les géants américains tels Brut, Netflix, ou The Guardian parlent de « La Chienneté ». Une nouvelle mixité commence à s’observer avec des personnes qui s’installent dans le quartier Saint-Jacques. Peut-être, la Chienneté, chère à Nasdas, aura motivé leur décision d’emménager.
> À lire : Perpignan | Le quartier Saint-Jacques à l’aube d’un changement durable ?
- « Zéro macho » à Perpignan, comment s’extraire de la culture patriarcale ? - 22 novembre 2024
- Hausse des liquidations en France : les entreprises catalanes seront-elles épargnées ? - 20 novembre 2024
- Près de Perpignan, grâce à une action en justice, ces déchets refont surface - 14 novembre 2024