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Un épisode de l’éphémère passage des Déferlantes à Perpignan vous manque ?

Un épisode de l'éphémère passage des Déferlantes à Perpignan vous manque ?

Article mis à jour le 11 janvier 2023 à 07:45

Le scénario est digne d’un feuilleton télévisé : après avoir annoncé le déménagement du festival les Déferlantes à Perpignan, l’équipe de la Frontera recule en catastrophe face aux critiques et aux menaces de boycott des groupes Louise Attaque et Indochine. Les organisateurs affirment «se mettre en quête d’un nouveau lieu pour que le festival puisse se tenir dans les Pyrénées-Orientales aux dates prévues». Retour sur cinq jours de rebondissements.

Vendredi 6 janvier, 14h22.

C’est un coup de tonnerre qui touche le pays catalan. Et il prend la forme d’un petit communiqué de presse : le festival les Déferlantes, l’un des plus gros événements musicaux du département des Pyrénées-Orientales (104.000 festivaliers pour l’édition 2022) déclare quitter la ville de Céret et son Château d’Aubiry pour le bien moins glamour parking du Parc des expositions de Perpignan. Une annonce qui prend tout le monde de court puisqu’une convention sur cinq ans entre les organisateurs et la mairie cérétane semblait acquise.

David Garcia et son équipe restent vagues quant aux raisons de cette décision ; arguant seulement vouloir répondre aux critiques des festivaliers sur les difficultés de l’été dernier (organisation du stationnement, manque de points d’eau…). Selon la Frontera, «les réponses envisagées ne nous semblent pas correspondre aux attentes et à la sécurité de tous.»
Très vite, les réactions s’enchaînent et se comptent en milliers. Sur les réseaux sociaux comme dans les médias, les tranchées se creusent opposant les pro et anti déménagement.

Vendredi 6 janvier, 15h14.

Non mécontent d’avoir réalisé le coup du siècle, le maire de Perpignan Louis Aliot se réjouit dans un tweet (supprimé depuis) de l’arrivée dans sa ville d’un festival de cette ampleur. Et la machine s’emballe.

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Samedi 7 janvier, 13h51.

Entrée en scène des artistes. Le tweet de Louis Aliot ne passe pas pour Indochine. Sur ses réseaux sociaux, le groupe monte au créneau et menace d’annuler sa venue aux Déferlantes, prévue pour le 8 juillet prochain. Assurant avoir été mis devant le fait accompli, Nicolas Sirkis et sa bande demandent «expressément à la direction des Déferlantes de déplacer ce festival dans un autre lieu, faute de quoi, nous annulerons notre venue.»

Samedi 7 janvier, 15h44.

La bataille de communiqués continue. Au tour de Michel Coste, le maire de Céret, de contre-attaquer. L’édile assure avoir été informé à la dernière minute du déménagement du festival. Il parle d’une édition 2022 réussie et déclare «avoir insisté pour que le cahier des charges soit respecté par les Déferlantes ce qui n’était pas le cas», avant de donner (quand même) rendez-vous aux festivaliers en 2023 au Château d’Aubiry pour «un autre festival».

Dimanche 8 janvier, 12h.

Toujours sur les réseaux sociaux, les Déferlantes se défendent de mélanger musique et politique (vraiment ?), mais « prennent acte de la position du groupe Indochine ».

Lundi 9 janvier, 12h18.

Le ton change. C’est que David Garcia est tout colère après le communiqué du maire de Céret. Le directeur de la Frontera publie à son tour un (long) texte et charge la municipalité du Vallespir (sans écorcher les autres collectivités et l’État qui aident gracieusement le festival chaque année). «Nous ne souhaitions pas étaler nos différends en public…» mais la Frontera déballe tout.
Michel Coste n’aurait pas respecté certains engagements contractuels comme la prise en charge de la sécurité et aurait refusé de payer pour les travaux d’amélioration sur le site. Les subventions promises n’auraient aussi jamais été versées. David Garcia poursuit : «Pour 2023, la mairie nous a adressé un projet de cahier des charges le 30 novembre dernier. Celui-ci prévoyait un engagement particulièrement allégé par rapport au précédent. Malgré nos demandes répétées de rendez-vous, nous n’avons pu en discuter.» Il l’assure, la décision de quitter Céret a été prise «dans l’urgence et à contrecœur.»

Dans le même temps, l’affaire prend une ampleur nationale. Jordan Bardella vole au secours de Louis Aliot (son ancien concurrent) pour dénoncer l’attitude d’Indochine. Pour lui «quand on fait de la musique on ne fait pas de politique» (les amateurs de musique contestataire apprécieront). Jordan Bardella, qui précise que le seul concert qu’il a vu de sa vie… était justement celui d’Indochine.

Mardi 10 janvier, 10h39.

Après Indochine, le groupe Louise Attaque et son leader Gaëtan Roussel, programmés le 9 juillet aux Déferlantes, s’expriment à leur tour.
Sur les réseaux sociaux, les artistes affirment ne pas souhaiter que le festival soit récupéré par une mairie RN, et demandent aux organisateurs de trouver un autre lieu. Ils menacent eux non plus de ne pas venir.

Louis Aliot de son côté endosse le costume du maire incompris. Sur RTL, le maire de Perpignan attaque frontalement Nicolas Sirkis, leader d’Indochine « animé par l’intolérance et le sectarisme » selon l’édile.

Mardi 10 janvier, 16h29.

La défense de Louis Aliot aura été vaine. Dans leur quatrième communiqué en cinq jours, Les Déferlantes disent renoncer à organiser la prochaine édition à Perpignan.

Les organisateurs se rendent à l’évidence «sans artiste, pas de festival» et décident d’arrêter l’hémorragie. La Frontera repart donc en quête d’un nouveau lieu, et promet de rembourser les festivaliers déçus.

Le plus déçu d’entre tous est sans nul doute le maire de Perpignan, qui dénonce dans un (nouveau!) communiqué le chantage et les «pressions de quelques privilégiés du showbiz.»
Les organisateurs ont perdu leur pari, et le festival se retrouve donc à devoir chercher un nouveau lieu à six petits mois de l’ouverture. Les organisateurs auraient déjà sollicité Thuir, Toulouges et Villeneuve-de-la-Raho, et le Barcarès se serait déjà positionné pour accueillir l’édition 2023.

Si la Région n’a pas encore officiellement réagi, elle pourrait baisser la subvention allouée au festival (200.000 € en 2022). Cette affaire risque donc de laisser des traces, certes dans l’esprit du public et des artistes, mais aussi dans les livres de compte du festival.

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Alice Fabre