Ce 12 décembre 2024, l’Office public de la langue catalane (OPLC) présentait l’ouvrage « Noms des communes et gentilés du Pays Catalan ». Disponible en téléchargement gratuit sur le site de l’OPLC, le livret bilingue (catalan-français) d’une centaine de pages compile le nom de toutes les communes, hameaux et quartiers des territoires de Catalogne Nord. À noter que le gentilé désigne le nom donné aux habitants d’un lieu.
Thuirinois, Perpignanais, Argelésiens, les noms des habitants des communes se déclinent en catalan
En 1790, le département des Pyrénées-Orientales fut créé par regroupement des comtés catalans de Roussillon et de Cerdagne et une partie de la vicomté languedocienne de Fenouillet. Ainsi, si le département dénombre 226 communes, le livret n’en recense que 198, celles entrant dans le giron du catalan. Les communes du Fenouillèdes dépendent, quant à elles, de l’Office public de la langue occitane.
« Noms des communes et gentilés du Pays Catalan » est le fruit du travail de Rémy Farré. Il a mené l’ensemble des recherches lors de ses études de catalan à l’Université de Perpignan. Désormais, chargé du service de la langue auprès de l’OPLC, il a écrit cet ouvrage sous la direction de Joan Peytaví Deixona, et Alà Baylac Ferrer, respectivement directeur et directeur adjoint de l’IFTC*.
Avec ce livret, il s’agit de rassembler, de collecter les gentilés des communes catalanophones du département. Mais aussi de proposer, des noms pour les habitants des communes qui n’en avaient pas. En effet, certaines villes utilisaient des périphrases du type « les gens de » ou « les habitants de ».
Pour le directeur de l’Institut d’études catalanes, « il ne s’agit pas d’une simple liste de noms déclinés au féminin, au masculin, ou au pluriel. Rémy Farré a réussi à faire un travail d’enquête d’archives, de terrain et biographique. Il a produit des noms qui intègrent désormais le dictionnaire de la langue catalane. » Si jusque-là, il y avait les gens de Prats, les Illiberencs, ou les gens de Font-Romeu, cela n’existait pas sous forme de gentilé, poursuit le linguiste. Pour rappel, en français, les habitants de Font-Romeu sont des Romeufontains ; mais il n’existait pas de nom en catalan. C’est désormais chose faite, en langue catalane, les gentilés de Font-Romeu sont Romeuencs ou les Romeunenques.
Pour Pere Manzanares, conseiller municipal d’Elne, ces gentilés « contribuent à maintenir une mémoire populaire et culturelle pour l’ensemble des habitants des communes, et pas seulement ceux d’origine catalane. »
Mais comment se nomment les habitants du département des Pyrénées-Orientales ?
Si la présentation du livre a permis de mettre l’accent sur le nom des habitants des communes catalanophones, la question de la dénomination des habitants des Pyrénées-Orientales, est venue naturellement. Et l’ensemble des acteurs présents dont le maire d’Elne, Nicolas Garcia, ou le directeur de l’IFCT sont unanimes, ce sont des Catalans et des Catalanes.
Contrairement aux gentilés, « seuls les noms de communes, de département et d’arrondissement sont officiels en France », précise Rémy Farré. Hermeline Malherbe, membre de l’OPLC et présidente du Conseil départemental de rajouter : « Je parle des habitants et des habitantes des Pyrénées-Orientales, ou des Catalans quand il s’agit de Catalans. Mais je parle aussi du Pays Catalan et du Fenouillèdes, pour la partie Occitanie du département. »
Pourquoi est-ce si important de nommer les habitants des communes ? Joan Peytaví Deixona tente une réponse : « Un nom, c’est quelque chose qui nous définit au quotidien. Que ce soit ton nom, ton prénom, ton adresse, le nom de ta rue, ton village ou ton département… On peut en parler toutes les cinq minutes ; alors qu’on parle assez peu de cette science qu’est l’onomastie.
Donc c’est extrêmement important, d’apporter des réponses avec des critères scientifiques, sinon on se retrouve vite avec des noms bizarres. Par ce livre, nous avons décidé de mettre de l’ordre. Les propositions ont été faites par Rémy, et en tant que président de la commission onomastique de l’Institut des études catalanes, nous avons tranché. Nous nous sommes interrogés.
Doit-on maintenir un Terrasós (habitant de Terrats), Aiguatebiat ou Talauenc (deux dénominations possibles pour les habitants d’Ayguatébia-Talau). Et c’est par cet exemple qu’on a proposé et acté, que les habitants des Banyens d’Arles, ou Amélie-les-Bains s’appellent les Banyencs ; car c’est ce suffixe qui a généré le plus de noms. »
Le spécialiste de la langue tient à rappeler que ce livret agit uniquement sur la langue catalane. « Être Pézillanais ou Fourcatin relève de la langue française et nous n’avons aucune autorité dans ce domaine. »
*IFTC : Institut franco-catalan transfrontalier.
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