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Guy Durand – Interview du nouveau président de l’Union Pour l’Entreprise des Pyrénées-Orientales

Article mis à jour le 26 décembre 2019 à 10:54

Après 5 ans de mandat, Alexis Mélidonis, président de l’Union Pour l’Entreprise 66 (UPE66), a transmis les clefs du MEDEF local à Guy Durand. Également président de la Fédération locale du Bâtiment, Guy Durand a été officiellement élu le 11 décembre dernier.

Forte de ses 1.500 adhérents, l’UPE66 fêtait en 2017 ses 110 ans d’existence. Parmi les missions de l’organisation, « participer activement au développement économique et social de notre territoire ». Et ce n’est pas une mince affaire vue la conjoncture des Pyrénées-Orientales. « Un département dont l’économie actuelle décline lentement », constat écrit noir sur blanc sur le livre blanc de l’UPE, recueil des idées et propositions faites aux acteurs et décideurs politiques.

Avec un taux de chômage parmi les plus élevés de France métropolitaine, et un taux de pauvreté 7 points au-dessus de la moyenne nationale, la situation n’est guère simple en Pays Catalan. Nous avons interrogé Guy Durand sur ses propositions et ses idées pour une meilleure prise en compte des nombreux atouts du département. Interview du nouveau patron des patrons des Pyrénées-Orientales.

♦ Comment voyez-vous votre nouveau rôle en tant que président de l’UPE66 ?

Il est important pour nous, syndicat, pas forcément d’être unis, mais de fonctionner ensemble et surtout de parler d’une seule voix. Cette parole commune nous permettrait non seulement d’être entendus, mais aussi d’être écoutés. Un moyen nécessaire pour imposer un peu plus la vision du monde économique au monde politique et aux décideurs locaux. Aujourd’hui, l’alliance économique* fonctionne surtout lors des coups durs, mais il faut qu’on arrive à se voir plus souvent. C’est quelque chose qui avait été initié par Alexis, et ça s’est très bien passé malgré les divergences. Mais je pense que se voir, se parler pour se comprendre, va améliorer les choses.

Quant à la périodicité des réunions, Guy Durand rappelle qu’il n’a été élu que depuis le 11 décembre et que la première réunion de son bureau est prévue début 2020. Néanmoins, à titre personnel, il considère qu’une rencontre 3 ou 4 fois par an serait intéressante.

♦ Que demandent vos adhérents et comment répondre à une telle diversité d’entrepreneurs ?

La simplification administrative, c’est ce qu’on entend de partout. Il n’y a pas une profession aujourd’hui qui ne me parle de soucis administratifs, d’autorisations ou de contraintes pour que leurs entreprises travaillent normalement. Je sais qu’il y a des choses qui bougent. Mais en général quand on nous promet quelque chose, à l’arrivée, ce ne sont que des complications supplémentaires !

Donc je suis très méfiant, à propos des différentes annonces que l’on nous fait. Quand on regarde de plus près les propos ou les subventions, derrière, [les politiques] nous rajoutent une nouvelle réglementation ou ils nous soustraient autre chose. Au final, ils ne communiquent et ne retiennent exclusivement que sur ce qu’on nous donne !

♦ Quel message souhaitez vous faire passer auprès des décideurs politiques ? Communauté Urbaine, Département, Région, État…

Il faut qu’ils favorisent l’emploi dans notre département. Et quand l’emploi sera favorisé, forcément nos entreprises s’y retrouveront. À la fédération du bâtiment, cela a toujours été mon leitmotiv. On ne demande pas à ce que les entrepreneurs soient favorisés, mais plutôt qu’on nous aide à pouvoir embaucher et maintenir l’emploi.

J’ai envie de dire qu’il nous faut des élus plus dynamiques, beaucoup, beaucoup plus dynamiques ! Je me déplace beaucoup à travers la France en tant que représentant de la fédération du bâtiment. Et je vois les villes de 100.000 habitants qui sont très dynamiques et ou l’activité se porte bien. Il n’y a aucune raison qu’avec tous les atouts que nous avons, nous ne puissions pas faire de même chez nous.

Pour cela, il faut absolument chercher à attirer des plus grosses structures. Même si nous avons un peu d’industries dans les Pyrénées-Orientales, ce n’est pas suffisant. Il faut aussi faire en sorte que des grands projets émergent. Aujourd’hui, il n’y en a pas. Et pour le commerce, il faut redynamiser le centre-ville de Perpignan qui est en train de crever ! Il faut tout faire pour que nos entreprises puissent s’épanouir avec nos salariés, c’est cela le plus important. Plutôt que d’aller chercher des retraités ou des chômeurs, il faut attirer une clientèle haut de gamme. Il faut tirer le département vers le haut et tout le monde s’y retrouvera.

♦ L’équipe précédente a initié « Le livre blanc », dispositif qui a fait débat auprès d’une partie du monde économique local. Quel est son avenir ?

Le livre blanc est sorti, il faut désormais que nous en fassions la promotion. Même si c’est un sujet un peu délicat car il ne plaît pas à tout le monde.

Je n’ai pas de difficulté à travailler avec le Chambre de commerce ou l’Agence de développement économique. Récemment, j’ai travaillé avec Laurent Gauze et Bernard Fourcade (NDLR, respectivement, président de l’ADE et de la CCI) et ça s’est très bien passé. Mais, de leur côté, ça n’a pas toujours été le cas. Vous savez, il y a des histoires d’hommes, des affinités qui y sont ou qui n’y sont pas.

Je reprends tout ce qui a été fait par Alexis et son bureau, je ne renie rien. J’ai l’intention de travailler dans la continuité, il n’y a que la méthode qui va changer. Parce que chacun a sa méthode, et je veux rassembler le plus possible. Il faut être clair, ce ne sera pas simple car nous ne sommes pas d’accord sur tous les sujets. Mais si on arrive à parler d’une seule et même voix, le monde économique aura tout gagné.

Personnellement, je n’ai donc aucune difficulté. Je vais essayer de faire en sorte qu’on travaille tous ensemble dans la bonne intelligence et dans l’intérêt de l’économie de notre département, donc le plus largement possible.

♦ Une des préconisations de cette consultation était la demande par le monde économique d’une marque départementale forte comme « Pays Catalan ». Que pensez-vous de celle lancée par le département

C’est difficile de donner notre avis, nous n’avons pas travaillé avec le Conseil départemental sur ce sujet. Mais, honnêtement, on ne comprend pas tout. Ils nous ont demandé notre avis, mais nous avons répondu que nous avions besoin d’avoir plus d’explications sur ce choix de marque. Nous sommes en contact pour une prochaine réunion pour qu’ils viennent nous expliquer le pourquoi de ce choix de marque “4ème dimension, Pyrénées-Méditerranée en Pays Catalan”. 

C’est très important de créer une marque forte pour faire connaître notre département et attirer les forces vives de partout. Il faut avoir une seule marque. Et c’est là où il y a du travail à faire et où on a notre part à faire. Il faut une seule marque et que tout le monde l’utilise. Pourquoi le  conseil départemental, la communauté urbaine ou la région auraient chacun la sienne ? Si on ne parvient pas à une entente sur le sujet, on ne va pas y arriver !

♦ Récemment, Jérôme Capdevielle, représentant Force Ouvrière, évoquait l’importance de lancer les assises de l’emploi dans notre département. Qu’en pensez-vous ?

Vous savez, c’est bien que l’on fasse des assises de l’emploi, mais on n’attend pas après cela pour travailler pour l’emploi. J’ai fait une réunion avec le préfet il n’y a pas très longtemps. Nous travaillons déjà en collaboration avec Pôle Emploi et j’ai déjeuné avec son directeur. Ma vision est la même que pour le secteur du bâtiment. Si une entreprise ne va pas bien, ses salariés n’iront pas bien non plus.

♦ À quelques semaines du premier tour de l’élection municipale, envisagez-vous d’organiser un débat entre les candidats à la mairie de Perpignan. Pour rappel, déjà en 2014, l’UPE66 avait entendu les candidats sur leurs propositions économiques

Je pense que ça va être refait, et personnellement j’y tiens. Je vais solliciter l’avis de mon bureau, car j’ai envie de travailler de façon très collégiale, je n’aime pas imposer les choses. L’UPE est un assemblage de syndicats. Je suis compétent dans le secteur du bâtiment, beaucoup moins en hôtellerie-restauration et encore moins en hospitalisation. Donc, je veux me reposer sur des gens qui connaissent bien leur milieu, m’attacher leurs compétences et leurs pensées. Et on verra tous ensemble si on fait ce débat. Mais personnellement j’y tiens, et je vais même plus loin. Pourquoi ne pas l’organiser au travers de l’Alliance Économique ?

*L’Alliance Économique des Pyrénées-Orientales comprend la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles, l’UPE66 et l’Union Pour les Artisans qui représentent les entreprises des secteurs de l’agriculture, du commerce, de l’industrie et de l’artisanat des P.O.

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Maïté Torres