En 2024, la France est touchée par une vague de plans sociaux menaçant des groupes tels que Auchan ou Michelin. Mi-octobre, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, annonçait que 100 000 emplois risquaient d’être supprimés, notamment dans le secteur de l’industrie. Photo © Syl Mills / Unsplash.
Si les Pyrénées-Orientales ne sont pas concernées par ces fermetures, comment se portent les entreprises du département ? Alors que les comptes annuels viennent d’être publiés, le président du tribunal de commerce de Perpignan, Germain Moreno, nous dresse le pré-bilan de cette année 2024.
La situation dans les Pyrénées-Orientales
En 2023, 421 liquidations judiciaires (dont 265 simplifiées) ont été prononcées par le tribunal de commerce de Perpignan. En 2024, au mois d’octobre, on compte 408 liquidations judiciaires (dont 294 simplifiées). Celles-ci concernent les entreprises en état de cessation de paiements, dont le redressement s’avère impossible.
Par ailleurs, d’une année à l’autre, le nombre de jugements d’ouverture de la procédure de redressement n’a presque pas bougé, passant de 84 à 85. Cette période permet à l’entreprise de réaliser un diagnostic, afin de déterminer les mesures qui permettront de poursuivre son activité. Côté création d’entreprises, en 2024, 3 102 sociétés se sont créées, majoritairement des commerces.
« Nous ne sommes pas impactés par les gros plans sociaux que l’on voit partout »
« Fin octobre, nous avions déjà plus de 511 procédures collectives. On devrait s’orienter sur la base des 600 procédures collectives d’ici la fin de l’année », avance le président du tribunal de commerce. « Soit, une augmentation de 17% par rapport à 2023 et de 37% par rapport à 2019. » Au niveau du profil des entreprises défaillantes, 94% d’entre elles ont moins de 10 salariés et 62% n’en comptent aucun. « Nous ne sommes pas trop impactés par les gros plans sociaux que l’on voit partout », assure Germain Moreno, qui nous précise que 80% des procédures collectives relèvent surtout de questions judiciaires.
Parmi les procédures collectives recensées dans les Pyrénées-Orientales, 25% concernent des commerces de réparation automobile et motocycle. En cause, le coup de frein sur le marché automobile et l’essor de la voiture électrique. Le secteur du bâtiment souffre également avec 20% de liquidation, 17% l’hébergement et la restauration. Si on compte davantage de procédures collectives cette année, d’après le président du tribunal de commerce, la situation devrait rapidement se régulariser d’ici les années à venir.
Destiné aux PME, le prêt garanti par l’État (PGE) devait apporter un soutien financier aux entreprises fragilisées par la crise sanitaire. En France, plus de 800 000 PGE ont été accordés, entre avril 2020 et juin 2022, pour un total de 150 milliards d’euros. Selon nos informations, deux tiers des PGE seront remboursés à la fin 2024, avec un taux de défaut de « seulement » 4 à 7%, soit une perte estimée de 4 à 5 milliards d’euros.
La menace continue de planer sur certaines entreprises du BTP
Au quotidien, le tribunal de commerce est surtout confronté à la défaillance fiscale ou sociale de certaines entreprises. « Parfois, ce sont des PGE trop lourds à assumer, qu’il faut réaménager et rediscuter », affirme Germain Moreno, qui pointe du doigt le manque de fonds propres.
En 2025, une incertitude demeure pour certaines entreprises du BTP. « Dans le département, nous avons peu de grosses entreprises qui déposent le bilan. Mais leur situation reste précaire, car elles vivent sur leurs fonds propres », prévient le président du tribunal de commerce. Aujourd’hui, si le marché de l’immobilier neuf se maintient, selon Germain Moreno, les commandes publiques se font rares.
En janvier 2024, l’entreprise catalane Fondeville, acteur majeur du BTP, était définitivement liquidée. Célèbre pour avoir construit plusieurs bâtiments emblématiques des Pyrénées-Orientales, comme le barrage de Vinça, le palais des congrès ou le Théâtre de l’Archipel à Perpignan, la liquidation a laissé sur le carreau 133 salariés.
« Nous sommes-là avant tout pour accompagner les entreprises, il y a toujours des solutions. Et plus on décèle les difficultés en amont, plus il y a de chances de s’en sortir », assure Germain Moreno, qui se veut rassurant sur l’état de santé des entreprises catalanes.