Article mis à jour le 27 mars 2024 à 18:34
Ce mercredi 27 mars 2024, une soixantaine de militants CGT étaient réunis devant l’ancienne Bourse du travail, sur la place Rigaud de Perpignan. Au centre de toutes les attentions, Sophie Binet. La secrétaire générale du syndicat était dans les Pyrénées-Orientales pour faire le point sur les luttes locales du territoire. Photos © Alix Wilkie.
À la veille des élections européennes, la CGT tente toujours de faire barrage à l’extrême droite, pourtant en tête des sondages. En visite dans les Pyrénées-Orientales, Sophie Binet a rencontré les militants et militantes du syndicat catalan avec un message fort : « L’extrême droite arrive toujours au pouvoir dans les périodes de régression sociale. » Avec l’exposition du photojournaliste catalan Jordi Borràs en toile de fond, la secrétaire générale de la CGT évoque avec force « l’imposture sociale » du Rassemblement national.
La CGT expose « sans censure » le photographe Jordi Borràs
Lors du dernier festival Visa pour l’image, Jordi Borràs présentait une série de photos sur l’extrême droite européenne. Depuis 2010, le reporter documente une grande partie des manifestations et actions de diverses organisations et groupes d’extrêmes droites, d’abord spécifiquement en Catalogne, puis dans toute l’Europe.
« Il a été censuré et amputé de deux clichés représentant Marine Le Pen lors de son dernier meeting à Perpignan. Nous sommes fiers de présenter aujourd’hui cette exposition en intégralité au sein de l’ancienne Bourse », revendique Julien Barthelemy, secrétaire général de la CGT 66, devant l’ancien chef-lieu du syndicat. De son côté, le festival balayait toute volonté de censure, justifiant que ces images ne s’inséraient pas dans cette série photographique.
« Cette exposition est très importante parce qu’elle permet de documenter la montée de l’extrême droite dans le monde et en Europe », affirme Sophie Binet. « Elle fait le lien avec la situation française et montre que contrairement à la stratégie de banalisation organisée par le parti de Marine Le Pen, le RN est bel et bien un parti d’extrême droite, malgré l’appellation qu’ils contestent. » Récemment, la cheffe de file des députés RN s’est entretenue avec l’AFD, parti d’extrême droite allemand, qui propose la remigration ou le renvoi des étrangers vers leur pays d’origine.
La CGT se « renforce » à la Mairie RN de Perpignan
La secrétaire générale de la CGT n’a pas manqué de rappeler que le Rassemblement national est loin d’être le meilleur défenseur des travailleuses et travailleurs. « Alors qu’il y a des batailles à mener au parlement, soit le RN est absent, soit il vote contre, comme pour l’indexation des salaires par exemple », rappelle Sophie Binet, qui renchérit : « L’extrême droite est le pire ennemi du travailleur. C’est le parti de la petite bourgeoisie locale qui gratte sur les terres de la droite, qui stigmatise les plus précaires, les minorités, et les catalanistes du département. »
En visite dans plusieurs villes RN, comme Perpignan ou Béziers, la syndicaliste souhaite appuyer la présence de la CGT, là où le quotidien des militants n’est pas le plus facile. « En février dernier, la CGT a organisé une lutte des éboueurs de Perpignan, avec en face des stratégies de discrimination syndicales violentes organisées par la mairie », dénonce Sophie Binet. En parallèle, la syndicaliste affirme que la CGT se renforce dans la ville, dans le département et même au sein de la Mairie RN. Pour rappel, seuls les syndicats Force ouvrière et Sud comptent des élus représentants les employés de la mairie de Perpignan.
Une situation surréaliste aux urgences de Perpignan
La visite de Sophie Binet est aussi l’occasion de pointer du doigt la situation de l’hôpital de Perpignan et plus largement celle du secteur de l’action sociale. « La situation est très inquiétante dans ce département dont la population vieillit, il y a de plus en plus de besoins en matière de santé et de prise en charge des personnes dépendantes », souligne la syndicaliste, qui s’est également rendue au centre hospitalier. « Les services publics ne sont pas au rendez-vous parce que nous avons des politiques d’austérité dangereuses. »
En septembre dernier, la CGT avait filmé une scène surréaliste aux urgences. Sur la petite vidéo, une dizaine de brancards bouchonnent devant les urgences de l’hôpital de Perpignan. Ces files d’attente, toujours plus nombreuses, sont hélas devenues coutumières. « C’est grâce à ces images que la situation sur les délais d’attente aux urgences a été prise en compte et que l’on a ouvert les yeux. Malheureusement, les réponses sont insuffisantes. » Malgré ce problème de fond, les services d’urgences et la santé de ville ne cessent de disparaître, tout se reporte donc sur l’hôpital saturé, qui a de moins en moins de moyens pour pouvoir fonctionner.
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