Article mis à jour le 14 mai 2025 à 10:15
Ce samedi 17 mai, un parc du centre-ville de Perpignan portera le nom de ce cavalier né en 1920 à Corneilla-del-Vercol. S’il est moins connu que Pierre Sergent, le parcours politique de ce champion olympique n’en demeure pas moins connoté à l’extrême droite.
Après Mourad Kaouah et Pierre Sergent, Pierre Jonquères d’Oriola est le troisième cadre départemental d’extrême droite à prendre place dans l’espace public perpignanais. Si la place en l’honneur de Pierre Sergent a été invalidée par la justice, la multiplication des figures locales de l’extrême droite dans les rues de Perpignan interroge.
De champion olympique à membre du Parti des Forces Nouvelles
S’il fut le seul champion olympique de saut d’obstacles à avoir remporté deux médailles d’or lors de deux jeux d’été (Helsinki en 1952 et Tokyo en 1964), c’est surtout son parcours politique qui questionne quant à l’hommage rendu par la plus grande ville dirigée par le Rassemblement national. Après ses titres olympiques, en 1972, il est retenu pour participer aux jeux de Munich, mais renonce. Il décédera à l’âge de 91 ans dans sa ville natale où, durant de nombreuses années, il avait poursuivi la culture du domaine viticole familial Jonquères d’Oriola.
À la lecture du journal l’Agglorieuse, et afin d’en apprendre plus sur cette personnalité et son parcours politique, nous avons pris attache auprès de Nicolas Lebourg, chercheur et spécialiste de l’extrême droite. Pierre Jonquères d’Oriola était bien membre du Parti des Forces Nouvelles, fondé après la dissolution, en 1973, du mouvement nationaliste et d’extrême droite Ordre Nouveau.
Lors de la campagne présidentielle de 1981, Pierre Jonquères d’Oriola est, pour les Pyrénées-Orientales, le président du comité de soutien pour la candidature de Pascal Gauchon. Pierre Jonquères d’Oriola fut également le suppléant de Pascal Gauchon aux élections législatives qui suivirent.
Après cette candidature, Pierre Jonquères d’Oriola deviendra président d’honneur de la fédération FN des Pyrénées-Orientales. Mais il démissionne en 1985, pour deux raisons, nous indique Nicolas Lebourg : « Il veut un deal local avec le RPR, ce que refusent d’autres cadres. Et il n’accepte pas l’importance d’un autre cadre, qui, certes catholique intégriste, est homosexuel. »
Mais qui est Pascal Gauchon ce proche de Pierre Jonquères d’Oriola ?
La ville de Perpignan s’apprête donc à honorer Pierre Jonquères d’Oriola politiquement proche de Pascal Gauchon. Mais qui était ce dernier, auteur du livre « Les fascismes » aux PUF ?
Selon Nicolas Lebourg, « Pascal Gauchon a commencé comme traducteur pour les chefs d’Ordre Nouveau » lors de leurs venues à Rome pour rencontrer Giorgio Almirante. Cet ancien militant fasciste est devenu le chef des néofascistes du Mouvement social italien. Il a fait connaître à ses troupes ce qu’on appellerait aujourd’hui une stratégie de dédiabolisation modérée. Il convainc Ordre Nouveau de faire de même et leur dit qu’il faut présenter « un fascisme souriant ». La formule est réutilisée par les chefs d’Ordre Nouveau pour convaincre leurs troupes de fonder le Front National. Ce n’est qu’après qu’ils iront chercher Jean-Marie Le Pen. » Selon Nicolas Lebourg, Pascal Gauchon était également « proche de Maurice Bardèche, premier Français négationniste et beau-frère de Robert Brasillach décédé à Canet-en-Roussillon ».
Si le Parti des Forces Nouvelles et le Front National seront concurrents pendant plus de dix ans, leurs stratégies divergent, confirme l’historien. « le FN renvoie dos à dos droite et gauche, le PFN affirme vouloir l’union des droites et tente de s’imposer comme allié aux partis de droite ».
Plus tard, on retrouvera Pascal Gauchon aux côtés de Marion Maréchal, (anciennement Maréchal-Le Pen) dans le cadre de l’école de formation fondée par la nièce de Marine Le Pen.
Le Département ne sera pas présent à l’inauguration
Contacté par nos soins, le Département, de gauche, dont le logo figure sur l’invitation pour le samedi 17 mai, nous informe :
« Le Département a cofinancé un aménagement sportif et de loisirs à hauteur de 125 700 euros, au bénéfice des habitants. Comme pour toutes les communes, au moment de la demande de subvention, le nom de l’équipement n’était pas connu de la collectivité. Le nom donné aux équipements publics relève du choix des conseils municipaux. La Ville de Perpignan a décidé de nommer ce parc « Parc Pierre Jonquière d’Oriola », certes grand sportif, mais aussi personnalité politique engagée à l’extrême droite. Le Département a uniquement été consulté sur la date.
Le maire RN a choisi de politiser et de polémiquer autour de ce nouvel équipement sportif pour promouvoir son idéologie, bien loin des valeurs de l’olympisme et du sport qu’elle prétend défendre. En conséquence, le Département ne sera pas représenté lors de l’inauguration. »
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