Article mis à jour le 3 août 2023 à 16:46
Jacobo Ríos, maître de conférences en Droit public et plus jeune doyen de Droit de l’Université de Perpignan s’essaye au roman. Après moult livres juridiques, il se lance dans l’écriture d’un roman qui mêle aventures, mythologie et vie étudiante.
De Paris à La Coruña en passant par la cathédrale de Perpignan et le Muséum d’histoire naturelle, le narrateur se lance dans un roadtrip à la recherche d’un grimoire celte. Interview de Jacobo Ríos, enseignant de Droit International à Perpignan. «De corazón galaico» (170 pages aux Hércules de Ediciones) est écrit en espagnol, langue maternelle de l’auteur. Même si pour le moment aucune traduction n’est prévue, rien n’est écarté nous confirme Jacobo Ríos.
Et vous ? Avez-vous déjà observé la momie du Muséum d’histoire naturelle de Perpignan ?
Pour son premier roman, Jacobo Ríos a tenu à inclure Perpignan dans ce roman d’aventures. «C’est un livre de mystère et d’aventures, j’ai réfléchi a des lieux qui pouvaient avoir un sens dans l’histoire.» À Perpignan, c’est le directeur du Muséum d’histoire naturelle qui guide Xabier, l’étudiant Erasmus et Artaï, professeur de Droit celte. Cette ville que le narrateur ne connaissait que de réputation. «Je n’avais entendu parler de cette ville que par ce qu’elle représentait durant la dictature franquiste. Un lieu de liberté où il était possible de se rendre pour voir les films interdits. (…) Cinquante ans plus tard, notre van entra par une vaste avenue en direction du centre-ville.»
En pleine nuit, les deux acolytes sont attendus au Muséum d’histoire naturelle par son directeur qui n’est pas peu fier de la momie de plus de 3.000 ans offerte par le vice-roi d’Égypte «une des possessions les plus précieuses». Xabier s’interrogeait en contemplant la momie, «par quelles vicissitudes de l’histoire s’était-elle retrouvée à la frontière catalane.»
Après la momie d’Iouef-en-Khonsou, direction la cathédrale Saint-Jean. «Elle était petite, plutôt une grande église qu’une cathédrale, pas très ancienne, seulement quelques siècles. Hormis ses murs de briques rouges, elle n’avait rien d’exceptionnel. Éclairés par les lumières de nos téléphones, nous errons tous les trois cherchant au-delà des vitraux et des tableaux. Quand il semblait évident que nous n’allions trouver rien de mieux qu’un selfie, je remarquais quelque chose. Là au fond, à gauche, où se trouvent les chandeliers, il y avait une grande statue du Christ sur la croix. Juste en dessous, quelque chose dépassait du sol. (…) Il y avait un carré gravé dans la pierre. Cela avait les dimensions d’un tombeau. Sur la partie supérieure, un crâne avec deux tibias croisés. (…) Je frottais avec mes mains, et accroupis dans la pénombre, nous déchiffrâmes les mots en latin, «Memento quia pulvis est», souviens-toi qu’il s’agit de poussière.»
Roman, autobiographie, réalité scientifique ? Jacobo Ríos mêle faits et légendes
«Ce n’est pas vraiment une autobiographie, même si j’ai moi-même été étudiant Erasmus. Je me suis inspiré de ma 3e année d’Erasmus à Paris. Et notamment la transition de cette année vers la vie normale m’a beaucoup marqué et sur laquelle j’ai réfléchi. J’ai aussi lu récemment que tous les personnages d’un livre ont quelque chose de l’auteur. Dans tous les romans, les personnages parlent via le filtre de l’auteur. Alors oui, peut-être que Xabier a quelque chose de moi, peut-être que l’enseignant a aussi quelque chose de moi ; ceci dit, ni Artaï, ni Xabier n’existent dans la vraie vie.»
Objet de la quête des aventuriers «De corazón galaico», la première version du Ciprianillo daterait de l’an 1000. «Le grimoire est une fiction, mais je pense que des copies circulent. J’ai voulu mettre une touche d’aventure dans le métier universitaire. Artaï est un professeur d’université qui enseigne une discipline qui n’existe pas, le Droit celte. J’imagine que tous les juristes vont tiquer car le Droit celte ne peut pas exister car il est fondé sur des traditions orales, perdues. Alors que Droit romain, à l’origine de notre système juridique, est écrit. Mais que pourrait faire un professeur qui enseigne une manière qui n’existe pas ? Il pourrait chercher à prouver que sa spécialité existe bel et bien. Et partir en quête d’un ouvrage qui contiendrait ces règles, des traditions, un livre de trésors, un livre légendaire.»
Jacobo Ríos, entre rigueur scientifique et quête d’aventures
«Il est vrai qu’Artaï part à la recherche de quelque chose qui pourrait changer la manière de concevoir le passé des normes et de notre histoire. J’ai poussé jusqu’à mettre en scène un enseignant d’une manière qui n’existe pas et qui cherche un livre qui ne devrait pas exister. En même temps, si quelqu’un se dit qu’il peut faire quelque chose, je crois que cela devient possible. Il n’y a pas de lien direct avec moi, mais je pense que dans la vie, il faut voir au-delà des sentiers battus. C’est comme cela que j’ai construit ma vie et ma carrière.
Si on ne se conforme qu’à ce qu’il faut faire, on ne va pas très loin. Pour trouver quelque chose que les autres ne croient pas possible, il faut parfois aller plus loin. C’est aussi ce message que j’essaye de faire passer à mes étudiants.» Jacobo Ríos est maître de conférences et innove régulièrement en termes de pédagogie. Relire notre article sur les étudiants de Jacobo Ríos, qui en décembre 2020 ont mis en scène un débat du Conseil de sécurité de l’ONU sur le génocide des Ouïghours.
Synopsis «De corazón galaico»
Xabier, jeune étudiant galicien en Droit en France, s’apprête à terminer son année Erasmus et il doit décider si rester à Paris ou retourner à La Corogne, sa ville natale. Dans ce tournant de sa vie, il rencontre Artaï, professeur de Droit celte, spécialité plus mythique que réelle à laquelle il est seul à croire. Artaï propose à Xabier la recherche d’un livre légendaire, le Ciprianillo, un grimoire à l’existence douteuse, dont la découverte suscite la convoitise et les passions. Voici les axes de « De corazón galaico », une histoire mystérieuse qui unit la France et la Galice, un itinéraire vers une terre magique où des grottes au pied de la Tour d’Hercule et des montagnes sacrées sont encore les points de rencontre entre le monde du visible et de l’invisible dans la pénombre du solstice d’été.
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