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Incendies de l’été : une histoire des feux qui ont marqué les Pyrénées-Orientales

Article mis à jour le 6 août 2025 à 13:37

Au matin du 6 août 2025, dans l’Aude, l’incendie majeur qui s’est déclaré la veille a déjà parcouru 13 000 hectares sur 15 communes. Plus de 1 800 soldats du feu, dont des renforts des Pyrénées-Orientales, appuyés par d’imposants moyens aériens, tentent de venir à bout des flammes. Les fumées qui ont largement dépassé les frontières de l’Aude nous rappellent que les Pyrénées-Orientales sont l’un des départements les plus soumis au risque incendie. Petit rappel des incendies d’ampleur qui ont marqué notre département. Photo de une © Anthony Montardy – SDIS 66

Au début du XXe siècle, tandis que la surface forestière gagne du terrain en raison de la déprise agricole, les friches créent des continuités et les surfaces brûlées chaque été peuvent être gigantesques. Ces feux d’ampleur deviennent moins fréquents à partir des années 1980 grâce à des techniques de lutte et de prévention. Ainsi la moyenne annuelle des hectares brûlés tombe de 2 915 à 574 entre 1974 et 2008.

Dans les Pyrénées-Orientales, le Ribéral et la Côte rocheuse particulièrement vulnérables

Pour autant de gros incendies vont encore marquer les mémoires. Les paysages ont cicatrisé mais les habitants se souviennent. Aspres, Ribéral, Corbières et Côte rocheuse sont les secteurs le plus souvent touchés. Voici quelques-uns de ces évènements.

En 1976, fin juillet, les Pyrénées-Orientales sont ravagés par le plus important feu recensé dans la base de données BIFF. Partant de Corbère-les-Cabanes, l’incendie d’origine accidentelle dévore pas moins de 6 600 hectares. C’est bien simple, il court de village en village jusqu’à Céret, échappant à toute maîtrise. Ce feu est si important qu’il a permis de développer de la base de données « Prométhée » sur les causes et les risques, qui permettra plus de prévention. Depuis, les villages qui ont été touchés, comme Montauriol, ont renforcé les pratiques de débroussaillage et de pare-feu.

En août 1986, un incendie marquant se déclare au Perthus et brûle près de 15 000 hectares dont une partie côté Banyuls-sur-Mer. Quatre secouristes décèdent dans le crash d’un avion de la Sécurité Civile.

L’an 2000 connaît un nouveau feu dramatique. Au mois d’août, en début de soirée, un feu se déclare au-dessus de Port-Vendres et brûle plus de 500 hectares de coteaux escarpés. Quatre cents pompiers se mobilisent. Deux d’entre eux vont décèdent malheureusement durant l’intervention. Le feu serait d’origine malveillante.

Tarerach : le feu de la décennie en 2005

En août 2005 les Pyrénées-Orientales vivent le plus gros feu de la décennie du côté de Tarerach, Rodès et Bouleternère. Les rafales de vent entraînent des sautes de feu et les flammes franchissent la Têt et la RN116. Au total, on compte 1900 hectares ravagés, des évacuations et pas moins de 750 pompiers mobilisés.

Le 9 août 2011, un feu qui ne se limite à 250 hectares marque néanmoins les esprits à Vingrau en raison de conditions très difficiles. Sous le vent, les flammes remontent vers la route depuis une garrigue sans accès et menacent de passer du côté de Montpins et des zones habitants. Les pompiers épuisés luttent pour chaque mètre.

Incendie de Vingrau en 2011 © P. Becker

L’année suivante, en juillet 2012, un nouveau feu au Perthus fait écho à celui de 1986. Il s’étend sur les collines le long de l’autoroute, de la Jonquère jusqu’à Figuères, et atteint notre frontière. Un autre incendie se propage en parallèle côté Port-Bou. L’incendie se propage à 4 km/h, soit la vitesse d’un homme qui marche, ce qui est très rapide pour un front de plusieurs kilomètres. Quatre Français décèdent, dont deux qui sautent d’une falaise pour échapper aux flammes. Au final 14 000 hectares sont partis en fumée, 900 pompiers se sont mobilisés et de nombreuses habitations sont détruites.

En 2015, un incendie à Cerbère coûte la vie à Patricia Filippi, pompier volontaire du Boulou. Ce feu nocturne et particulièrement violent qui finit en drame marque durablement la mémoire des soldats du feu.

En août 2016, au petit matin, le fameux feu de Montalba-le-Château se déclare. A nouveau la tramontane est de la partie. 1100 hectares brûlent en direction de Rodès. 600 pompiers sont à pied d’œuvre, appuyés par d’importants moyens aériens.

Pour l’été 2022, le secteur d’Opoul est marqué par un gigantesque feu criminel. 1100 hectares de végétation sèche sont calcinés entre Opoul et Salses-le-Château. Le pyromane, originaire de Rivesaltes, écopera de six ans de prison ferme.

Incendie d’Opoul en 2022 © P. Becker

Avril 2023, un des rares grands feux hors période estivale. 1000 hectares brûlent entre Cerbère et Banyuls-sur-Mer suite à une négligence. Deux sexagénaires seront mis en examen, suspectés d’être à l’origine d’un l’écobuage mal maîtrisé.

Le 12 septembre 2024, les Aspres brûlent. Un feu visible depuis toute la plaine se déclare entre Castelnou et Camélas, dévorant 400 hectares avec des accès compliqués. Plusieurs hameaux sont évacués et 800 pompiers sont mobilisés.

Des moyens de lutte contre l’incendie plus efficaces

Si les incendies de Cerbère en 2023, ou celui de Castelnou en 2024 sont encore dans tous les esprits, la surface impactée par les flemmes est sans commune mesure par rapport aux sinistres plus vastes subis autrefois dans Pyrénées-Orientales. En effet, les plans de préventions mis en place par les autorités ont permis de réduire l’impact des incendies et réduire le nombre d’hectares avalés par le feu grâce, notamment, à un prépositionnement sur le terrain lors des jours à fort risque incendie.

D’une logique principalement réactive, les autorités sont passées à une anticipation structurée, articulée autour des Plans Communaux de Sauvegarde (PCS). Ces outils, généralisés à l’échelle départementale, permettent d’organiser en amont l’alerte, la protection des habitants et la coordination avec les secours. En parallèle, le renforcement des mesures réglementaires – restrictions d’accès aux massifs, limitation des travaux agricoles ou forestiers en période critique, interdictions ciblées comme les feux d’artifice – a permis de contenir de nombreux départs de feu. Ce cadre strict s’appuie désormais sur une prévision fine du risque : chaque semaine, la teneur en eau des végétaux est mesurée pour ajuster l’indice de danger et adapter les consignes à l’échelle locale.

Depuis 2016, onze Réserves Communales ou Intercommunales de Sécurité Civile (RISC) veillent sur les Pyrénées-Orientales. Leurs bénévoles, formés et équipés, patrouillent à vélo, à cheval ou en véhicules légers pour surveiller les massifs, alerter en cas de départ de feu, mais aussi sensibiliser les usagers des forêts. Cette présence humaine, au plus près des zones à risque, incarne une nouvelle culture de la vigilance partagée, construite avec le soutien du SDIS 66 et des mairies.

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