Article mis à jour le 20 décembre 2016 à 08:33
Depuis le démantèlement de la jungle de Calais et l’arrivée de 68 mineurs dans notre département, le quotidien de ces jeunes a peu suscité l’intérêt des médias. Un incident survenu le 14 décembre dernier a remis un coup de projecteur sur la situation de ces jeunes. Entre récupération, bouche à oreille, et discours officiel, retour sur les faits de ces derniers jours.
Ils étaient 68 réfugiés (35 à Ste Marie et 33 à Bolquère) accueillis par les équipes du CCAS (comité d’entreprise des industries électriques et gazières). 15 d’entres eux ont pu rejoindre leur famille avec l’accord du Home Office Anglais, comme c’était leur souhait à l’origine, dont Abdi dont que nous avions rencontré en novembre dernier.
♦ La génèse de l’incident
Celui-ci est intervenu lors d’une visite de deux personnes du Haut Comité aux Réfugiés. En effet, le 14 décembre dernier, une enquêtrice et une interprète erythréénne (pays en guerre avec l’ethnie de la grande majorité des jeunes réfugiés) sont venues pour vérifier leurs conditions d’accueil. « Tout à commencé alors que les deux femmes étaient avec 10 des jeunes » nous précise Laurent Alaton, sous-préfet de Prades. « Nous ne leur avions pas encore annoncé qu’ils ne partaient pas en Angleterre, mais ils s’en doutaient. Le climat était tendu et ils étaient très méfiants. Peut-être s’agissait-il d’un effet de groupe mais les représentantes du HCR se sont senties menacées et se sont réfugiées dans un bureau ». Malgré l’intervention des équipes d’encadrement, la situation n’est revenue à la normale qu’après l’arrivée de 20 gendarmes qui ont mis en garde à vue le jeune qui semblait le plus agité. Contrairement au communiqué de presse diffusé par le Front National, les dégâts sont minimes avec seulement un pare-prise et une porte vitrée à remplacer.
♦ L’agressivité en « réponse à un syndrome post-traumatique »
Interrogée sur la situation, une responsable de centre d’hébergement de femmes et enfants, diplômée en sciences de l’éducation nuance cette agressivité par plusieurs paramètres.
« Ces jeunes sont parfois sous mandat de leur famille, c’est à dire que leur familles attendent d’eux un soutien, logistique ou financier et ils sont dans l’urgence. S’ils ne peuvent pas fournir cette aide, ils se sentent comme des traitres. Cette pression émotionnelle peut générer une agressivité liée à l’urgence, sans oublier le traumatisme vécu par le départ forcé et parfois la perte de leurs proches au cour de leur fuite…. Les passeurs leurs ont vendu un kit en leur disant qu’ils iraient en Angleterre et le fait de se retrouver dans un autre département peut les déboussoler complètement. Toutefois, on ne peut pas expliquer ce comportement d’agressivité par leur adolescence car en Afrique, ils n’ont pas du tout la même notion de l’adolescence. Dans certains pays, l’adolescence ne dure qu’une seule journée ».
♦ « Dès début 2017, ils seront pris en charge par l’aide sociale à l’enfance »
Comme prévu à l’origine, les réfugiés reconnus mineurs et non admis à rejoindre l’Angleterre rentreront dans le dispositif de l’aide à l’enfance en danger, rappelait Laurent Alaton.
« C’est désormais la compétence des département qui va les diriger vers l’aide sociale à l’enfance et va, selon les départements de destination, les mêler aux autres mineurs en danger ou ouvrir des centres spécialement destinés à leurs problématiques, apprentissage de la langue, insertion dans la société française… » nous précisait la spécialiste contactée.
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