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Inflation | Quelles solutions pour les boulangers des Pyrénées-Orientales ?

Boulanger - Les commerces alimentaires spécialisés en Occitanie

Article mis à jour le 4 janvier 2023 à 15:26

En ce début 2023, nombre de boulangers ont vu leur facture d’électricité flamber. Dans les Pyrénées-Orientales, 280 artisans boulangers s’inquiètent de l’augmentation des tarifs, et pas seulement de ceux de l’énergie. Comment évitent-ils la hausse du prix de la baguette ou les licenciements ? Quel avenir pour leurs boulangeries ? Les aides sont-elles adaptées ?

Après l’annonce des mesures de soutien annoncées par le Ministère de l’Économie, le président de la Fédération des boulangers de Pyrénées-Orientales et la responsable d’une boulangerie perpignanaise ont répondu à nos questions.

«Nous sommes tous très anxieux»

La Boulangerie de Romuald compte une dizaine de salariés, et la facture d’électricité – qui a augmenté de 400% – n’est qu’une partie des hausses que subit ce boulanger depuis 36 ans. «À partir du 1er janvier, ma facture passe de 1.000€ à 6.000€ par mois ! Jusque-là, l’électricité c’était 4% de mon chiffre, là on va passer à 16% !».

Si les aides sont un début, ce qui agace le plus Romuald est le manque de vision à moyen et long terme.

«Nous avons fait des crédits, investi dans la formation d’apprentis, et des salariés que nous avons augmentés récemment de 8%. Nous essayons de gérer nos boîtes du mieux possible, mais cette absence de vision, c’est compliqué. Si on nous disait que ça allait durer 6 mois, le temps que les réacteurs soient à nouveau opérationnels. Mais là on va vous taper sur l’épaule et on va nous dire à partir de demain les règles vont à nouveau changer, mais dans quel sens ? C’est difficile de gérer une entreprise dans ces conditions.» 

Illustrations Perpignan

Anne-Marie Couillerot, responsable du Pain de Mon Moulin à Perpignan compte également une dizaine de salariés et 4 apprentis. «Jusque-là nous payions 2.500€ par mois, et le 24 novembre on m’a annoncé que j’allais payer 15.000€ !»  Une somme inenvisageable. Anne-Marie a alors pris les choses en main et contacté son fournisseur EDF. «La seule réponse que j’avais, c’était qu’on ne pouvait rien faire pour moi. Et moi je voyais arriver cette facture de 15.000€ et je n’en dormais plus la nuit.

Après 6 appels sans aucune solution, le 30 décembre j’ai pris mon courage à deux mains, et j’ai rappelé. Et là miracle, ce 7e interlocuteur m’a trouvé un tarif moins cher. Ma facture allait passer de 2.500€/mois à 7.000€/mois. Mais j’ai quand même dû m’acquitter de 1.000€ de frais pour passer d’un contrat à l’autre». La hausse reste significative surtout, comme le rappelle Anne-Marie, une fois cumulée avec les autres hausses : +100% pour le sucre, 40% pour la levure, 70% voire 100% pour le beurre au 1er janvier.

Et pourquoi pas un bouclier tarifaire pour tous ?

Dès ce 1er janvier 2023, les particuliers et les professionnels équipés d’un compteur de maximum 36Kva pourront bénéficier d’un bouclier tarifaire limitant la hausse de l’énergie à 15%. En clair, c’est l’argent public qui prend en charge la différence de coût de l’électrice. Or, comme le précise Anne-Marie, «c’est discriminatoire. Pourquoi appliquer cette différence, nous avons besoin de 90Kva, mais nous faisons le même métier qu’un boulanger qui a un compteur de 36Kva !»

Pour le moment, Anne-Marie et Romuald vont puiser dans leur trésorerie, comme ils l’ont fait durant la crise sanitaire. Mais pour combien de temps ? Certes les aides vont aider. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé des aides pouvant réduire la facture d’électricité des boulanges jusqu’à 40%. Pour Romuald, même réduire de 40%, la facture va être difficile à assumer.

Le boulanger va devoir rogner sur ses marges, augmenter certains prix, voir licencier du personnel. Pour le chef d’entreprise, devoir encore réclamer des aides est particulièrement difficile. «En tant qu’entrepreneur, on a misé nos économies, notre patrimoine et d’un coup, on se retrouve à tendre la main pour avoir une petite pièce, c’est hyper dévalorisant.»

Au lieu de cela, le président de la Fédération des boulangers des Pyrénées-Orientales préconise un bouclier pour tous. Pour mémoire, afin de protéger les particuliers, le gouvernement a mis en place un bouclier qui limite la hausse du prix de l’énergie à maximum 15%. Selon Romuald, il serait plus judicieux de mettre un bouclier de 25% pour tous. «Parce qu’au final si on a une hausse du nombre de chômeurs, on va tous payer, alors pourquoi ne pas mettre un bouclier pour tous !»

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Un prix de baguette inchangé, mais galettes, croissants et pains spéciaux vont coûter plus cher

Romuald ne peut se résoudre à augmenter le prix de la baguette, mais considère que ceux qui achètent un pain spécial à 5,5€ le kilo peuvent payer 10 centimes de plus, contrairement à «la mamie qui vie avec une petite retraite et qui vient acheter sa ficelle pour son repas de la journée». Anne-Marie de confirmer, «en moyenne nos matières premières, beurre, farine, sucre ont augmenté de 70%, pour la galette, nous essayons de cuire en heures creuses, mais malgré tout, nous avons augmenté certains de nos tarifs.»

La problématique change-t-elle en fonction du type du four. Le Pain de mon Moulin est réputé pour son four à bois.

Or selon Anne-Marie, le four à bois ne sert que pour le pain, et non pour la viennoiserie ou les gâteaux. «Nous avons les chambres de pousse pour lever la pâte, les cellules de froid, les fours pour cuire les gâteaux comme la galette des Rois.» 

Quelles aides pour les boulangers et quel interlocuteur dans les Pyrénées-Orientales ?

Lors de sa conférence de presse au sortir de la réunion avec les boulangers de France, Bruno Le Maire a annoncé les mesures et les modalités d’application. Le Ministre s’est également ému du fait que les professionnels ne faisaient pas assez appel aux dispositifs d’aide mis en place par le gouvernement. Afin d’accompagner les boulangers, il a indiqué qu’un référent dans chaque département serait désigné. La Préfecture des Pyrénées-Orientales a dévoilé ce jour la liste des «conseillers départementaux à la sortie de crise».

Pour les Pyrénées-Orientales, il s’agit de Thierry Gea, disponible par mail codefi.ccsf66@dgfip.finances.gouv.fr ou par téléphone au 04.68.35.81.91. Cliquez pour la liste complète des «conseillers départementaux à la sortie de crise».

Les aides annoncées par Bercy :
– Amortisseur d’électricité permet de prendre en charge jusqu’à 20% de la facture d’électricité.
– Guichet avec une aide financière.
– L’aide pourra aller jusqu’à 40% de la facture des boulangers.
– Report de charges sociales et fiscales….

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