Article mis à jour le 24 juillet 2023 à 09:29
En tournée sur Perpignan le 5 mai prochain, Wax Tailor viendra défendre sur scène son dernier album, Fishing For Accidents, au Mediator.
On ne le présente plus, avec son style musical inclassable à cheval entre le hip-hop et le trip hop. Wax Tailor revient avec un nouvel opus qui ouvre par une référence aux « divine accidents » d’Orson Welles ; une inspiration qui donne le fil conducteur de l’album. Douze titres moins sombres que ceux du précédent LP. Retour sur les premières dates de la tournée française et la naissance de l’album avec le compositeur, auteur et producteur de musique. Photos Wax Tailor © Ronan Siri.
Made in Perpignan : Votre première date en France était le 26 avril à Rennes, comment ça s’est passé ?
Wax Tailor : Super bien, j’étais un peu stressé pour la première, mais on a bien été porté par le public breton, c’était chouette. On a déjà fait 20 dates aux États-Unis, mais ce n’était pas la même installation, donc là on va dire que c’était la première date en full format ; c’était très cool.
MiP : Une cinquantaine de dates sont prévues pour cette tournée internationale, comment envisagez-vous de tenir le rythme ? Est-ce une tournée plus dense que d’habitude ?
W.T : Non, j’en ai fait des plus violentes que ça. Paradoxalement, je crois que le plus dur, c’est surtout l’avant [concerts], c’est-à-dire, la préparation. On a l’impression qu’on ne sera jamais prêt dans les temps, et c’est une grande charge mentale. On se dit qu’il faut être prêt, on se demande si ça va être bien… Une fois lancé, ça va, en plus j’ai une belle équipe autour de moi donc non je ne suis pas du tout inquiet sur cette partie-là.
MiP : Combien de temps de préparation pour cette tournée?
W.T : Sept mois, en fait, dès que l’album a été terminé. J’étais en mastering le 7 octobre pour le dernier album et le 8 j’étais en studio pour travailler le live. Il y a beaucoup d’aspects à prendre en compte, les vidéos, les créations, les lumières, le décor….enfin, beaucoup de choses.
MiP : C’est le moment de relâcher la pression ?
W.T : On va continuer de corriger le tir sur plein de trucs. De date en date, il y a des choses qui se modifient mais le plus dur est fait. Et puis après, il y a la partie plaisir qui est de jouer et d’échanger avec les gens.
La période Covid a été compliquée dans le domaine musical, comment se passe le retour sur scène ?
Wax Tailor : J’ai eu de la chance de ne pas me retrouver en plein milieu ; je n’ai pas eu de tournée qui a dû être arrêtée contrairement à certains artistes. Pour moi, ce qui a été le plus dur, c’était il y a deux ans quand j’ai sorti mon précédent album. On avait annoncé une tournée, et c’est moi qui ai pris la décision de laisser tomber. Parce que, toutes les deux semaines, on nous disait que ça jouait ou que ça ne jouait pas, avec masque, sans masque, avec jauge… J’avais passé six-sept mois à travailler sur une tournée et je ne me voyais pas passer six mois de plus en me disant que je faisais peut-être ça pour rien. Je n’avais pas envie de jouer devant 200 personnes assises avec un masque. Je pense qu’il y a eu un vrai plaisir pour tout le monde, autant du côté public que du côté des artistes, de se retrouver.
MiP : Comment est né ce septième album, bien différent du précédent…
W.T : Le fil conducteur a été ce titre : Fishing For Accidents, qui est une phrase extirpée d’une citation d’Orson Welles où il parle de son métier de réalisateur. Pour moi, ça faisait vraiment écho à mon travail de compositeur, de recherche en studio. Dans ce temps de recherche, il y a toujours des accidents. Les accidents sont des aspérités sur la route et la question c’est : est-ce qu’on les balaye sur le bas-côté ou est-ce qu’on les intègre ? Dans Fishing For Accidents, c’est aussi la capture, le fait de capturer cet accident.
MiP : … ces deux derniers albums sont le yin et le yang ?
W.T : En fait, c’est un album qui est à la fois très différent du précédent mais aussi fortement lié. Par rapport aux albums précédents, mon rythme de croisière était différent. Souvent je fais un disque, on prépare un show et pendant un an et demi je suis sur la route, puis je retourne en studio. Il y a une sorte de cassure entre les albums. Pour les deux derniers, c’est différent. Covid oblige, j’étais dans l’album et je suis resté en studio ; donc il y avait déjà une espèce de dynamique et de continuité. C’est un peu comme deux versants d’une même histoire. L’album précédent était très sombre, avec quelque chose de dystopique dans mon esprit. Là j’avais envie de donner le continuum, avec un versant plus énergique, plus coloré que le précédent. Après, le précédent n’était pas 100% sombre et le dernier n’est pas non plus 100 % gaîté ; c’est un rapport d’énergie.
MiP : Pensez-vous qu’il est nécessaire d’avoir un discours politisé en tant qu’artiste ?
W.T : Non, Je ne suis pas là pour donner ma pensée, je suis là pour donner à réfléchir. Je ne suis pas là pour dire que je suis un grand penseur. Les gens vont préférer écouter une interview de deux heures d’un sociologue qui va amener du grain à moudre et qui sera bien plus qualifié que moi. Maintenant, je suis un citoyen, j’ai le droit d’avoir des ressentis, et je pense que c’est bien de donner à réfléchir,
MiP : Comment vous vous décidez sur la sélection de vos collaborateurs ?
W.T : Le déclencheur, c’est vraiment les titres. C’est un peu comme un scénario que j’écris, et puis d’un coup je pense à un chanteur et je me dis « Ça serait super de le faire avec untel ». Ça n’est jamais arrivé que je dise « tiens, j’aimerais bien bosser avec toi, j’ai quelques titres, est-ce qu’il y en a un qui t’intéresse ? »J’arrive toujours avec un titre et je dis « tiens, j’ai pensé à toi. » Après, soit l’artiste le sent et on essaie de travailler, soit il me dit « moi je ne le sens pas, est-ce que t’as autre chose à proposer. » En général, non parce que j’ai une idée précise.
Le 5 mai prochain, vous allez vous produire au Mediator, à Perpignan, vous imaginez comment cette rencontre ?
W.T : Honnêtement, comme les autres. Je suis content de revenir, on est déjà venu mais ça fait longtemps donc c’est cool. Les gens me disent « Ah tu vas Perpignan avec le contexte politique. » Je trouve que c’est une façon bizarre d’appréhender les choses. Je trouve ça réducteur donc non, je suis super content de revenir à Perpignan (…).
MiP : Vous pensez avoir le temps de profiter de Perpignan au vu de votre emploi du temps ?
W.T : Non et c’est dommage parce que j’avais regardé pour descendre en avance car je sais qu’il y a plein de choses à voir. La dernière fois que j’ai passé du temps à Perpignan, c’était sur une tournée en 2008 ! Il serait temps de se remettre à jour et d’aller se balader mais je pense que ça va être court…