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Cimetière harki du camp de Rivesaltes, de récentes fouilles confirment sa position et relancent les investigations

Cimetière harki du camp de Rivesaltes, de récentes fouilles confirment sa position et relancent les investigations

Article mis à jour le 10 décembre 2024 à 18:27

Une réunion d’information cruciale s’est tenue ce mardi 10 décembre 2024 à Perpignan, initiée par le préfet des Pyrénées-Orientales, la présidente du Conseil départemental et le maire de Rivesaltes. L’occasion de faire le point sur les recherches en cours pour localiser le cimetière harki du camp de Rivesaltes, un lieu chargé de mémoire pour les 21 000 Harkis ayant transité par ce camp entre 1962 et 1965.

Les fouilles du 26 au 29 novembre 2024 ont permis « de confirmer la présence d’un cimetière relevé sur le lieu identifié. Elle a également permis de révéler que chaque corps avait été relevé individuellement », précise le communiqué de presse diffusé ce 10 décembre aux rédactions.

Un travail de mémoire pour les familles des disparus

Entre 1962 et 1965, au moins 146 personnes, dont plusieurs enfants, sont décédées au camp Joffre, parmi lesquelles 60 auraient été inhumées sur place. Ces sépultures, souvent anonymes, sont au cœur d’un plan lancé dès 2014 par l’État pour identifier et honorer ces lieux de repos oubliés. L’Office national des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG) avait mandaté une étude en 2016, révélant des anomalies photographiques, mais sans localisation confirmée jusqu’à ce jour.

À Rivesaltes, les fouilles de fin novembre ont confirmé la position du cimetière

L’accélération des recherches depuis octobre 2023, sous l’impulsion de Patricia Miralles, secrétaire d’État auprès du Ministre des Armées, a abouti à des avancées significatives. Après l’annulation des fouilles en mars 2024, pour des raisons de « complexité administrative », une méthodologie croisant archives photographiques et exploration archéologique a établi en juillet 2024 une nouvelle localisation potentielle du cimetière. Une exploration pédestre menée en septembre de la même année a confirmé la présence de vestiges, dont des plaques numérotées.

Des sondages méthodiques réalisés du 26 au 29 novembre 2024 ont enfin permis de valider l’existence d’un cimetière sur ce site. Les investigations montrent que chaque corps y avait été relevé individuellement, offrant des indices sur les pratiques d’inhumation.

Une démarche inclusive et scientifique pour identifier les sépultures à Rivesaltes

Lors de cette réunion en préfecture, plusieurs mesures ont été décidées pour associer pleinement les familles et les acteurs concernés lors des prochaines étapes. Et notamment, la création d’une cellule dédiée au sein de l’ONaCVG pour identifier et informer les familles. Ainsi que l’organisation d’un temps d’échanges sur place début 2025. La publication d’un rapport circonstancié sur les recherches est également prévu, et la mise en place d’une journée scientifique au mémorial du camp de Rivesaltes.

Le communiqué indique que ces initiatives « visent à éclairer l’histoire », mais aussi à « répondre aux attentes des familles des défunts », pour lesquelles ce travail constitue une étape essentielle de deuil et de mémoire collective.

Camp de Rivesaltes, des recherches pour localiser le cimetière harki "perdu"

Le mémorial du camp de Rivesaltes, déjà lieu de commémoration, jouera un rôle clé dans la restitution des résultats et l’intégration de ces découvertes dans le récit national.

Contexte historique : les Harkis et le camp de Rivesaltes

À la suite des accords d’Évian de 1962, la France a accueilli des milliers de Harkis, anciens supplétifs de l’armée française durant la guerre d’Algérie, qui fuyaient les représailles en Algérie. Ces hommes, souvent accompagnés de leurs familles, ont été regroupés dans des camps d’accueil à travers le pays. Le camp Joffre de Rivesaltes, situé dans les Pyrénées-Orientales, est rapidement devenu un lieu central de transit. Surnommé « la capitale des Harkis », il a hébergé entre 1962 et 1965 environ 21 000 personnes dans des conditions particulièrement précaires.

Le camp, fonctionnant comme une ville autonome, a vu défiler des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants logés sous des tentes ou dans des baraquements rudimentaires. Les conditions de vie déplorables – boue, froid, manque d’hygiène – ont engendré de graves problèmes sanitaires, causant la mort de 146 personnes, dont une majorité d’enfants en bas âge. Ces décès, souvent survenus dans l’indifférence administrative, ont conduit à des inhumations anonymes, aujourd’hui au cœur des recherches​​.

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