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Exposition « Treize chibanis harkis » – Une période sombre et douloureuse de l’Algérie au Mémorial

Treize chibanis harkis - Exposition Mémorial du Camp de Rivesaltes

Article mis à jour le 31 octobre 2023 à 19:28

Pour sa réouverture après la période de confinement national, le Mémorial du Camp de Rivesaltes propose une exposition intitulée « Treize chibanis harkis ». Elle se tiendra du 30 juin 2020 au 31 janvier 2021.

Cette exposition temporaire présente les œuvres du peintre Serge Vollin accompagnées des textes de l’historienne Fatima Besnaci-Lancou.

Conçue comme un voyage vers une période sombre et douloureuse de l’Algérie…

Cette exposition permet de découvrir les 13 séries de tableaux (soit 64 peintures au total) de Serge Vollin qui s’est inspiré des témoignages de chibanis harkis ; Azzedine, Hocine, Youssef, Lounes, Slimane, Saïd, Moussa, Ahmed, Lakhdar, Ali, Malek, Tayed et Mohammed. Ces hommes ont relaté leur expérience de la guerre, de l’exil et de la relégation dans les camps ; en particulier celui de Rivesaltes. Déjà présentée à la Maison de la Catalanité à Perpignan en 2006 sous l’impulsion du département de l’association Harkis et droits de l’homme, « Treize chibanis harkis » a été renouvelée pour être exposée au Mémorial du Camp de Rivesaltes cette année.

Exposition Treize chibanis harkis Mémorial du Camps de Rivesaltes – Agriculteur, Serge Vollin, 2005

Fatima Besnaci-Lancou pour les mots et Serge Vollin pour l’image

Serge Vollin est un adepte de l’art brut. Dans ses peintures, ses personnages n’ont ni oreille, ni bouche, ils représentent des individus qui doivent faire face à des épreuves difficiles ; et qui sont plus à la recherche de la vérité pour les générations futures que d’une réparation matérielle. Fatima Besnaci-Lancou a choisi les mots, Serge Vollin a préféré les mettre en images.

Fatima Besnaci-Lancou a l’habitude de recueillir des témoignages. « Ces hommes, pour certains, je les ai rencontrés lors de mes déplacements, en province, pour parler de mon travail sur la mémoire et sur les attentes des harkis et de leurs familles. Pour d’autres, c’étaient ou bien des hommes que j’ai côtoyés pendant mes années de vie dans les camps dits de « harkis » , ou bien des hommes qui sont venus vers moi, spontanément ou à la demande de leurs enfants qui souhaitent que leurs parents parlent de leur passé et puissent le leur transmettre ».

Si son idée initiale était de retranscrire mot à mot le récit de ces hommes, elle a finalement opté pour un livre sous forme de rédaction. Fatima Besnaci-Lancou tient à préciser tout de même que « plusieurs d’entre eux ont préféré rester dans l’anonymat pour des raisons de sécurité, vraies ou imaginées. Ce besoin d’anonymat illustre combien le chemin à parcourir est encore long pour que l’histoire s’apaise enfin ! »

Les récits de Lakhdar…

« Maintenant que je suis très vieux, je repense tous les jours à mon pays. Tout me manque : les hauts palmiers qui me donnaient le vertige en levant la tête pour voir leurs crêtes, les champs de fèves au printemps, le vendeur de zlabia pendant le ramadan, les enfants aux vêtements colorés les jours de l’Aïd, le parfum des bougies, le jour du Mouloud, l’appel à la prière et surtout mes amis d’enfance. »

Tableau : Palmiers, Serge Vollin, 2005.

De Malek et de bien d’autres…

« L’image de ma mère me hantait. Je rêvais d’elle chaque nuit. Je la voyais avec sa fouta, une sorte de tissu soyeux et coloré noué autour des hanches et ses lourds bijoux en argent autour du cou. Elle était très coquette, ma mère. Elle marchait comme une reine ; le dos bien droit et le front tatoué, toujours fière. Elle était très maternelle, nous caressait du regard et nous nourrissait de miel pour enchanter nos jours. » 

Tableau : Mère de Malek, Serge Vollin, 2005.

Portraits des deux artistes

Serve Vollin, de son vrai nom Chérif Ben Amor, est né en 1946 en Algérie. Après avoir vécu dans son pays natal, puis en France, il décide de poser ses bagages à Munich et y travailler comme agent de sécurité. Il sera amené à faire plusieurs séjours dans divers hôpitaux psychiatriques. C’est là qu’il va se mettre à peindre ; dans un but thérapeutique. Plusieurs galeries prestigieuses ont exposé ses œuvres ; ainsi que la Biennale d’art brut de Berlin en 2006, et l’Institut des Cultures d’Islam de Paris deux années plus tard. Il vit aujourd’hui entre l’Allemagne et la France, pays où se situe son atelier. La série « Treize chibanis harkis » a déjà été exposée à Perpignan, à Roubaix et à Paris. 

Fatima Besnaci-Lancou est une spécialiste de la guerre d’Algérie ; notamment des camps d’internement et de regroupement. Elle a écrit plusieurs ouvrages de référence sur l’histoire des camps en France et en Algérie ; et sur celle des harkis dont Treize chibanis harkis en 2006 qui fait l’objet de cette exposition. Elle est aujourd’hui membre du Conseil scientifique du Mémorial du Camp de Rivesaltes. 

Des visites commentées de l’exposition sont organisées tous les samedis à 15h pendant les mois de juillet et août ; sans surcoût par rapport au billet d’entrée, réservation conseillée.

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Pauline Garnier