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Jaume Queralt, « l’orpailleur » d’une histoire roussillonnaise

Illustration livres anciens © Arnaud Le Vu / MiP / APM

Article mis à jour le 22 avril 2020 à 12:23

 Hommage à Jaume Queralt par Jean Michel Henric.

On a beau tourner et retourner les multiples qualificatifs qui pourraient décrire Jaume Queralt, on s’aperçoit vite qu’il est vain de se lancer dans des recherches complexes et tortueuses.  À portée de réflexion, comme une matière brute, QUERALT, son nom, nous renseigne immédiatement et clairement sur l’essentiel.

♦ De ce nom, l’étymologie nous enseigne rapidement, facilement, l’essentiel de Jaume

La roche de « Quer » et « l’Alt » de hauteur illustrent à merveille ses qualités premières. Ses convictions jamais démenties pour sa culture, son territoire, son « Roc » et la « hauteur » de son travail intellectuel, comme un étendard, une vigie dans la plaine roussillonnaise.

Jaume est catalan, aquitain et surtout roussillonnais. Nous lui sommes redevables de son engagement pour notre culture si particulière et féconde. De son « best-seller » les « Camps du mépris » avec René Grando, de son compagnonnage avec Jordi Barre, de sa défense et reconnaissance des créateurs, de l’Art Plastique, Claude Massé et tant d’autres, avec Odette Trabis (1) et le musée Terrus d’Elna, il était présent pour et sur l’essentiel.

Chercheur authentique, il savait se muer, modestement, discrètement, en véritable détective. Son engagement auprès de Pierre Coureux (2) pour la reconnaissance de François de Fossa, ne surprendra personne.

♦ Des Estivales aux Tertulias du Couvent des Minimes

Rencontré alors qu’il « couvrait » pour le compte du journal l’Indépendant, le festival « les Estivales » de Marie Pierre Baux, très vite, il participa aux rencontres débats qui se tenaient au Couvent des Minimes, les fameuses « Tertulias ».

Dans ce cadre, sa réflexion, ses connaissances, son engagement sans faille pour notre « Histoire commune » firent des étincelles.

D’abord par la réhabilitation en 1992, bien avant que le Réseau des Universités ne s’en empare, de la figure et l’œuvre immense de Joan Lluis Vives (3). Valencien converso, exilé en Flandres, intellectuel catalan au cœur de l’Europe faisant l’histoire au temps d’Érasme. Il n’y avait que Jaume pour réussir le retour en grâce de ce grand humaniste du XVIème siècle, incompréhensiblement oublié, quoi que….

De Miquel Batllori, jésuite, éminent historien catalan, à Jéhanne Deloncle (4), professeur au Lycée Jean Lurçat, les universitaires vont se succéder à Perpignan. L’agilité intellectuelle, l’éclectisme et le non conformisme de Jaume feront la réussite de ces rencontres. Jonglant entre français, catalan et castillan, on devinait qu’il « jubilait » de cette complexité, ambiguïté, ce mélange linguistique du royaume de Philippe II pour « l’atypicité » de son Roussillon.

♦  Son autre tour de force sera « l’exhumation » du chanoine d’Elna, Miquel de Giginta

La petite histoire retiendra que la venue de l’Universitaire toulousain Alain Guy au colloque Vivés, conduira le « flair » de Jaume sur le chemin de notre chanoine. Parmi l’étude des multiples travaux du toulousain, Jaume est attiré par la mention vague et incertaine d’un certain « Guiguinta ». Sa ténacité, ses recherches aboutiront à « exhumer l’abbé Pierre » de notre XVIème roussillonnais, une « sacré pépite ».

Les deux colloques (5) qui suivirent l’un au Palais des Rois de Majorque et l’autre à Elna, avec le soutien de Nicolas Garcia, furent deux temps forts pour la récupération et la revendication de notre histoire commune.

Les plus grands spécialistes européens y seront réunis, représentants les Universités de Madrid, Barcelona, Lyon, Bordeaux. Totalement méconnu, Miquel de Giginta est maintenant étudié, enseigné, divulgué dans l’ensemble du monde universitaire et intellectuel.

C’était aussi cela une partie du talent et du leg que nous laisse aujourd’hui Jaume. Il aimait et recherchait « la rareté » le précieux, le complexe et l’original. Il fallait se méfier de ses réflexions souvent « lancées » de manière anodine ; à peine compréhensibles parce que souvent étouffées par sa barbe et complexifiées à dessein. Elles étaient la prémisse de fulgurances intellectuelles ou de mises à mort.

Tout le talent d’un érudit et d’un anti conformiste, de son temps, mais intemporel, qu’il faut dès maintenant lire et re lire.

♦  À propos de Jean Michel Henric

Conseiller Municipal de Perpignan, Jean Michel Henric est le fondateur, avec Marie Pierre Baux, des « Tertulias » des Estivales.

♦  Références

  1. Adjointe à la culture de la Mairie d’Elna lors du mandat de Nicolas Garcia.
  2. Président de l’Association des Amis d’André Malraux et de François de Fossa.
  3. Actes du colloque publiés par l’Indépendant « Joan Lluis Vives l’européen » grâce à l’implication de Michel Assens et Patrick Toustou.
  4. Épouse de Joseph Deloncle « Miquel de Giginta chanoine d’Elne » ; Édition les Estivales de Perpignan.
  5. Miquel de Giginta chanoine d’Elne ; Editions les Estivales de Perpignan.

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Arnaud Le Vu