Ce vendredi 26 septembre, l’acteur prolifique Dominique Pinon sera l’invité de marque de l’institut Jean-Vigo à Perpignan. Il fera la soirée d’ouverture de la saison, avec la projection du court-métrage Foutaises et du très marquant Delicatessen. Avant sa venue, il a échangé quelques mots avec Made in Perpignan. Photo : Dominique Pinon © Delicatessen – Splendor films
« Pour Delicatessen, je me déplacerai toujours » assure Dominique Pinon. Ce long métrage burlesque et poétique sorti en 1991 signe le début de sa longue collaboration avec les réalisateurs Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, au point qu’on le retrouvera dans tous les films de Jeunet.
« Jean-Pierre, Marc Caro et moi, on se connaissait déjà depuis un petit bout de temps, avant qu’on ne fasse Foutaises et Delicatessen. J’étais arrivé à Paris vers 1977, 1978, et ils m’ont vu dans le premier long-métrage que j’ai tourné, qui était Diva. Ils arrivaient à Paris, ils cherchaient un peu des gueules d’acteurs. »
Dominique Pinon considère Delicatessen comme l’un des tournages les plus forts d’une carrière pourtant gigantesque avec des dizaines de films, séries et pièces de théâtre.
« C’était la première fois que je lisais un storyboard »
« C’était un premier film pour pas mal de monde, que ce soit comédiens ou techniciens. On avait l’impression de tourner quelque chose d’un peu spécial, à part. C’était aussi la première fois que je lisais un storyboard. » Les années 1980 étaient en effet l’apanage du scénario écrit plutôt que des cases griffonnées. Dominique Pinon indique avoir gardé précieusement ce storyboard avec les dessins de Marc Caro.
« Pour Delicatessen on a pas mal répété en amont, ne serait-ce que pour mieux se connaître. Jean-Pierre et Marc n’avaient jamais travaillé avec des acteurs, ne savaient pas trop comment ça fonctionnait. Le film a été méticuleusement préparé, au niveau de la photo, des costumes, des décors… »
Une poésie noire qu’on peine à trouver dans le reste du cinéma français
Le résultat, à découvrir dans la salle de l’Arsenal à Perpignan, continue de marquer 35 ans plus tard. Un immeuble isolé dans une France post-apocalyptique avec des locataires farfelus qui doivent leur survie à un inquiétant boucher… le tout dans une poésie macabre et absurde. Une esthétique qui ose, avec des effets visuels fabriqués sur place plutôt que de l’informatique.
« Je pense que le numérique a retiré un peu de poésie, même s’il a apporté aussi des choses. Dans Delicatessen il y avait le plaisir de faire les choses pour de vrai, comme la fin du film avec la salle de bains, toute l’eau. Tout cela a été fait en vrai. »
Ce burlesque français a peut-être aussi été absorbé par des films de genre, certes très réussis, mais qui versent plus dans l’horreur et le gore. Difficile aujourd’hui de retrouver ailleurs la pesante légèreté que savent insuffler Jeunet et Caro.
Une douce folie entamée par Delicatessen et qu’on retrouve dans bien des films de Jeunet, toujours avec la présence de Dominique Pinon, comme avec l’inattendue Cité des enfants perdus. « J’aime présenter ces films en scène. Voir avec d’autres spectateurs, avoir le plaisir de sentir un truc commun. C’est vrai qu’on n’a pas ça dans sa télé ou dans son portable. » Il évoque ces jeunes qui se déplacent pour les projections qui découvrent Delicatessen ou un autre Jeunet pour la première fois. « En général ils sont scotchés. Surtout quand tu leur dis que ça a été fait en 1990 ! »
Quand Sigourney Weaver réclame Dominique Pinon pour Alien 4
N’oublions pas le Dominique Pinon de la télévision, comme dans cet étonnant Via Mala dans les années 1980, comme un ancêtre des mini-séries actuelles. « C’était un drame qui se passait dans les montagnes suisses. Cela passait trois samedis de suite, en prime sur TF1. C’est inimaginable aujourd’hui. »
En dehors de la filmographie en France, Dominique Pinon est aussi passé par Hollywood avec son rôle remarqué dans « Alien, la résurrection. »
« Ça aussi c’est un moment fort. » Dominique Pinon répétait au théâtre quand Jean-Pierre Jeunet l’appelle. « Il m’a dit ‘tu sais où je suis ? Je suis à Hollywood, je vais réaliser Alien.’ Je n’étais même pas au courant. Et puis il m’a dit ‘tu sais qui j’ai à côté de moi ? Ben j’ai Sigourney Weaver. Et elle veut que tu viennes faire le film. »
Hollywood viendra aussi à Dominique Pinon puisque bien plus récemment, il a tenu un rôle dans la série dérivée de Walking Dead, « Daryl Dixon », qui se déroule en France.
Théâtre, lectures et cinéma, toujours de nouveaux projets
A 70 ans, Dominique Pinon évoque aussi de nouveaux projets, certains encore tenus secrets, mais qui montrent à quel point il n’en a pas terminé avec le cinéma. Il continue également théâtre et lectures publiques, participant à de nombreux festivals. Dominique Pinon contribue aussi à la progression de jeunes talents. « Il y a deux petits jeunes de Toulouse qui ont réussi à monter un court-métrage. Ils m’ont demandé gentiment si je ne voulais pas tourner avec eux, c’est génial ça. »
En attendant ses prochaines apparitions sur planches, petit ou grand écran, ne pas hésiter à venir rencontrer le comédien ce vendredi 26 septembre dès 18h dans la cour de l’institut Jean Vigo à Perpignan.
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