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Journée du droit des femmes – Femmes et candidates à la mairie de Perpignan, elles témoignent

Marche NousToutes violences conjugales et faites aux femmes féminicide

Article mis à jour le 1 mars 2024 à 10:13

C’est à l’initiative du CIDFF* et de l’association « Femmes d’ici et d’ailleurs Perpignan«  que s’est tenu un débat citoyen vendredi soir à Perpignan. Et quatre candidates à Perpignan, c’est une première. À l’occasion de la journée des droits des femmes, trois d’entre elles étaient présentes pour évoquer leur parcours ; ainsi que leur vécu en tant que femme dans l’espace public.

♦ Pourquoi un débat avec les femmes têtes de liste ?

En effet, seules les têtes de listes féminines étaient conviées à ce débat ; Clotilde Ripoull, Agnès Langevine et Caroline Forgues. Pascale Advenard n’a pas pu se rendre disponible.

Militante féministe et Maîtresse de conférence à l’Université de Perpignan, Aude Harlé remet les pendules à l’heure au sujet du débat ; de l’émoi suscité auprès des colistiers de certains candidats masculins. Elles ne témoignent pas de leur programme politique ; mais de leur parcours en tant que femme tête de liste dans le milieu politique.

« Ce sont des femmes qui sont candidates à la mairie. Cela interroge sur l’engagement des femmes et leur place en politique. Et l’idée que le genre féminin pourrait représenter tout l’ensemble, tout le genre humain ». Pour l’universitaire, il s’agit « d’une révolution positive ». Car rappelle-t-elle, en 1944, les femmes n’avaient même pas de droit de se représenter elles-mêmes.

♦ Avec 4 candidates sur 9 personnalités en lice – Perpignan se démarque

Sophie Baron-Laforêt, à la tête du CIDFF rappelle quelques chiffres. « Il y a 10% de femmes élues à la tête d’une mairie dans les Pyrénées-Orientales. Et seulement 16% élues à la tête d’une grande ville de France ».

Dans une Région et un département dirigés par des femmes, respectivement Carole Delga et Hermeline Malherbe, 2020, serait-elle l’année de la première femme Maire à la tête de Perpignan ? Rien n’est moins sûr.

Le retour d’expérience des candidates :

Clotilde Ripoull assume son rôle « de vieille de l’étape » ; puisqu’elle conduit sa 3e campagne en tant que tête de liste. « En 2008, quand j’ai démarré, j’ai eu le plaisir d’être traitée de frustrée à tous les niveaux. Cela ne m’est pas encore arrivé au cours de cette campagne ; j’en déduis qu’il y a du chemin parcouru. À l’époque, ça n’avait pas fait beaucoup de bruit. Aujourd’hui, dans un contexte différent, les réactions eurent été différentes. Les choses avancent, et même si cela reste difficile, les attitudes évoluent ».

Malgré cette note positive, il est bon de rappeler que le 8 mars 2019, une tribune la ciblant flirtait avec les codes du sexisme. Tribune pourtant issue d’un parti dirigé, localement, par une femme.

Pour Caroline Forgues, la présence des femmes dans le domaine politique paraît essentielle ; puisque que « c’est là que se prennent les décisions qui s’appliquent à toutes et à tous ». Même si la parité a été positive, puisque la moitié des conseils municipaux et conseils d’agglomération sont constitués de femmes. Néanmoins, la représentation est bien moindre quand il s’agit d’avoir les postes à responsabilités. Sur la communauté urbaine Perpignan-Méditerranée, il y a 43% d’élues femmes, et seulement 12% au bureau communautaire.

Pour Agnès Langevine, il s’agit « de savoir comment, dans un principe de sororité, nous avons pu accéder à cette place ». La candidate confie : « je ne pense pas qu’on rentre en politique, comme on rentre au couvent. On fait de la politique et on a souvent été l’objet de politiques ».

♦ Vote féminin ou féministe ?

Quand il s’agit de droits des femmes et de politique, certains clichés restent tenaces. Comme celui que le vote pourrait être féminin. Ou encore celui qu’une femme, en tant que femme aurait un égo ou une ambition moindre par rapport à celui des hommes politiques. La légende selon laquelle une femme pourrait, parce qu’elle est femme faire mieux, n’est-il pas aussi dévastateur que son opposé masculin ?

Il y a 30 ans presque jour pour jour, dans une interview au journal Le Monde daté du 11 mars 1983, Françoise Giroud disait, non sans intention provocatrice  « La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. »

Une personne dans l’assistance regrettait que les candidates présentes « n’aient pas fait une seule et unique liste de femmes ».

Une remarque qui sous-tend que les femmes devraient mettre de côté leurs ambitions, leurs convictions politiques, leurs propres valeurs au profit d’un programme commun féminin. Clotilde Ripoull, Agnès Langevine, Caroline Forgues et Pascale Advenard seraient interchangeables et pourraient se fondre dans un même moule politique. Comme si chaque femme, parce que femme, devrait d’abord être une femme et oublier qu’elle a des idées de gauche, de droite, altermondialiste ou écologiste.

Agnès Langevine de répondre : « Le fait d’être une femme ou un homme ne garantit rien de ses valeurs, ni des politiques que l’on va porter. Nous ne sommes pas par essence, parce que nous sommes femmes plus aptes à répondre à telle ou telle problématique. Pour moi, ce qui est important, c’est que mon équipe et mon projet soit féministe ».

Clotilde Ripoull de répondre également : « Parce que nous sommes des femmes, il faudrait gommer ce qui fait notre spécificité et notre parcours politique pour se fondre dans une seule liste menée par une femme ? Non, parce qu’on est une femme, on a le droit de porter un message qui est le nôtre. J’ai beaucoup de respect pour mes concurrentes ; mais ce que je porte j’ai envie de le porter entièrement. Que je sois une femme ou un homme, j’ai des convictions et j’ai envie de les mener jusqu’au bout ».

♦ La Mairie de Perpignan et le Conseil Départemental programment la semaine du droit des femmes

Les deux institutions programment de nombreux événements ; ateliers, rencontres, débats, expositions autour de la thématique. Si la semaine municipale se tenait jusqu’au 6 mars, le Département propose son programme jusqu’au 13 mars.

  • Mardi 10 mars 18h au palais des Rois de Majorque : Conférence – vernissage « Avez-vous dit soeurcière ? »
  • Jeudi 12 mars, 18h aux Archives départementales : Soirée thématique « IVG, un choix, un droit ». Contact et renseignements : 04 68 85 84 00 – archives@cd66.fr
  • Jeudi 12 mars, 20h00 aux Archives départementales : Film documentaire « Quand je veux, si je veux ! »

Télécharger le programme du Département.

♦ La place des femmes dans les Pyrénées-Orientales ?

Pour la sociologue Aude Harlé, il est difficile d’avoir une étude spécifique de la place des femmes dans l’espace perpignanais. « Les situations de pauvreté et de temps de travail contraint sont défavorables à la place des femmes dans la société ».

Avec Sophie Avarguez, Aude Harlé a conduit une étude intitulée : « Entre « elles » et « nous » : phénomène prostitutionnel et logiques de distinction/déterritorialisation à la Jonquera ». Questionnées sur les effets de la proximité territoire de ce supermarché du sexe, les deux chercheuses confient : « Les clubs de la Junquera viennent renforcer l’imaginaire de la femme objet sexuel dans la construction des jeunes garçons ».

*CIDFF : Centre d’Information des Droits des Femmes et de la Famille

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Maïté Torres