Article mis à jour le 28 mars 2023 à 07:30
Du 30 mars au 1er avril se tiendra à Perpignan un comité décentralisé de la Fédération nationale des unions des jeunes avocats (FNUJA). Au programme pour les 70 jeunes avocats présents ? Réunions, formation et échanges conviviaux. Entretien avec Camille Manya, présidente d’honneur de l’union des jeunes avocats des Pyrénées-Orientales et vice-présidente Province de la FNUJA.
Alors que le barreau des Pyrénées-Orientales compte environ 330 avocats inscrits, ils sont environ 70 à adhérer auprès de l’union des jeunes avocats 66 présidée par Julien Audier-Soria. Les jeunes avocats se réunissent tous les ans lors de leur congrès, mensuellement en comités ; et une fois par trimestre, ils choisissent de décentraliser leur comité. Le précédent comité décentralisé de décembre 2022 s’était tenu à Grenoble.
Quelle situation des jeunes avocats aujourd’hui ? Un métier qui se précarise ?
«Nous déplorons un fonctionnement du système de collaboration libéral mal appliqué et des règles qui peinent à être respectées par les cabinets.» Camille Manya de nous expliquer le principe de la rétrocession d’honoraires. Quand un jeune avocat collabore avec un cabinet, ce dernier lui doit une rétrocession d’honoraires minimale fixée selon les barreaux. À titre d’exemple, dans les Pyrénées-Orientales, cette rétrocession est fixée à 1.800€ mensuels pour la première année de collaboration. Selon Camille Manya, ce montant, négocié a minima, le fut avec la condition que les cabinets permettent aux collaborateurs de consacrer du temps et des moyens pour développer leur propre clientèle.
En clair, la collaboration libérale, choisi par nombre d’avocats qui débutent, doit être un moyen pour développer sa clientèle personnelle.
«La problématique, qui n’est pas spécifique aux Pyrénées-Orientales, est que les jeunes collaborateurs n’ont pas le temps de développer leur clientèle personnelle ; et n’ont pour seule rémunération que la rétrocession» ; alors même que l’ensemble des charges sociales, (environ 40%) doivent être déduites de cette rémunération.
Malgré ces difficultés, Camille Manya garde une visio très optimiste du métier d’avocat. «Je trouve que c’est un métier passionnant et qui permet une certaine liberté. Il y a mille façons d’être avocat. On peut faire du conseil, être avocat pénaliste, être dans la défense d’urgence. On peut aussi être avocat en droit de la famille. Il y a une telle multiplicité des contentieux, un tel niveau de spécialisation et d’expertise exigée que tu peux faire le choix de ta spécialisation ou ton mode de travail. Il y a assez peu de métiers qui offrent autant de possibilités.»
Le métier d’avocat suscite-t-il toujours des vocations ? Selon Camille Manya, les chiffres sont parlants, et le barreau des Pyrénées-Orientales accueille tous les ans une dizaine de nouveaux avocats. Selon le conseil national des barreaux, en 2020, la France comptait plus de 70.000 avocats ; un chiffre en hausse de 3% par an depuis 10 ans.
Quelle transformation numérique du métier d’avocats ?
Le comité décentralisé organisé à Perpignan par l’FNUJA prévoit vendredi 31 mars une journée complète dédiée à la formation. Avec les ateliers du numérique de la FNUJA.
– De 10 heures à 12 heures : les outils numériques du Cabinet (matériel, logiciels, communication, services mis à disposition par le CNB, etc.) ;
– À partir de 14h, la nouvelle version du RPVA dite « RPVA V2 » dont l’utilisation sera obligatoire à partir du 1er avril 2023 ;
– De 16 heures à 18 heures : la communication électronique pénale dont l’utilisation tend à se généraliser.
La crise sanitaire, son cortège de confinements et une mise à l’arrêt complet de la justice ont fortement impacté la profession d’avocat. Selon une enquête menée par Usine digitale, en 2020 :
– 86 % des avocats désirent disposer d’outils numériques permettant des échanges avec les juridictions ;
– 71 % à veulent gagner en visibilité et en notoriété sur le Net grâce à ces outils ;
– Et 69 % des personnes sondées utiliseraient les outils numériques pour la recherche d’informations, et 68 % pour communiquer avec des confrères ou des clients, via des mails, conférences vidéos ou appels audios.
Quels combats portent la Fédération nationale des unions des jeunes avocats ?
Nous avons posé la question des combats menés pour les jeunes avocats, et Camille Manya nous a adressé la charte internationale des droits du jeune avocat. On peut notamment lire dans le préambule : «une attention toute particulière doit être accordée aux Jeunes Avocats, que la précarité inhérente au début de l’exercice expose davantage aux atteintes aux droits et libertés précités.»
Parmi les dernières motions défendues par la FNUJA, celle de la «reprise progressive de congé maternité pour les travailleurs indépendants.» ou la place de l’avocat dans les lieux d’accès au droit et à la justice. La FNUJA s’inquiète de la place décroissante accordée aux avocats et aux ordres dans les projets immobiliers visant à aménager les lieux de justice. La FNUJA déplore que «ces nouveaux lieux de Justice soient pensés exclusivement comme des espaces rationalisés de gestion de flux (de dossiers, de personnes) excluant les avocats des espaces de circulation des greffiers, magistrats ou personnels de justice, ou sous conditions d’accès limité.»
Cliquer pour accéder au programme complet du comité décentralisé à Perpignan.
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