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« Le bal des poupées » – La saga Bella au cœur du dernier roman d’Hélène Legrais

Article mis à jour le 6 août 2023 à 10:48

Nous avons dévoré pour vous « le dernier Hélène Legrais » publié chez Calmann Levy. Après une escapade sur les bords du lac Léman, la romancière campe cette fois-ci ses personnages sur ses terres catalanes, plus précisément dans le Perpignan des années 60-70.

L’intrigue de son 18ème roman se développe lors de l’épopée des mythiques poupées Bella. Cathy, Tressy ou Microbe, toutes ces poupées replongeront de nombreuses petites filles, devenues aujourd’hui pour certaines grand-mères, dans cette jeunesse remplie d’insouciance. Un nouveau roman policier d’Hélène Legrais empreint d’autobiographie au cœur de la saga des Poupées Bella.

Une lecture qui oscille donc entre aventures du club des cinq et madeleine de Proust pour tous ceux qui ont grandi dans le Perpignan des années 60-70. « Le bal des poupées » nous fait revivre cette enfance où amitié indéfectible et aventure se mêlent pour créer des souvenirs à jamais gravés dans nos mémoires. Le quartier du Vernet est vu à travers les yeux de Patrick, Michel et Sylvie, mais aussi José, réfugié espagnol ou Eliane, employés comme tant d’autres des Poupées Bella. Et parallèlement, ce nouveau roman d’Hélène Legrais aborde aussi des sujets plus graves, tels que les violences faites aux femmes ou les avortements clandestins.

Les poupées Bella employaient près de 1000 personnes à Perpignan

C’est tout un pan de l’histoire du département qui s’est achevée avec amertume après la faillite, en 1984, de cette entreprise fleuron de l’industrie locale. Hélène Legrais nous ramène dans les années florissantes et prospères que l’on a surnommées les 30 glorieuses. Elle choisit de prendre pour décor le Perpignan des années 60 et plus particulièrement le quartier du Vernet, où l’entreprise fondée par les Pi produisait jusqu’à 10 000 poupées par jour dans ses locaux de 40 000 M2.

Aujourd’hui, seul subsiste un petit musée créé et maintenu actif par la seule volonté de Jean Sala à la tête des poupées Bella dès 1971. Jean Sala disparu en 2015, c’est désormais Jacques Ros, ancien contremaître mais également personnage du roman d’Hélène Legrais, qui vous fera visiter le musée aux 500 poupées. La passion toujours vibrante de cet homme pour les poupées en est touchante. Il nous accueille avec un simple « voilà, j’ai passé 38 ans de ma vie à jouer aux poupées ». Jacques, « Jacky pour les intimes », vous dévoilera les secrets de toute la gamme des Tressy, Marylin sa cousine hollywoodienne ou Snouki et Cathy ses sœurs.

Comment se ferment les yeux des poupées quand elles sont couchées, comment s’implantent les cheveux sur ces crânes nus ? Autant de secrets qui, au delà de la magie des lieux, vous permettront de mieux appréhender le travail nécessaire pour réaliser une poupée.

Il est étonnant de rencontrer un homme aussi attentif aux détails des tenues vestimentaires de ces jolies mannequins, des vêtements imaginés par « Madame Pi qui avait l’œil pour ce genre de choses », nous confie Jacky. Une fois le patron réalisé, la découpe était faite au sein de l’entreprise et l’ensemble des pièces confié à des couturières à domicile de Perpignan et au-delà. « Nous avons eu des couturières jusqu’en Cerdagne », nous indique Jacques Ros. Insistant sur leur travail exceptionnel :  « regardez, aucun fil ne dépasse ». « Si je vois une femme habillée comme ça dans la rue, je me retourne c’est certain ! » montrant du doigt une Tressy habillée en robe du soir à paillettes.

L’humeur de Jacques Ros fluctue tout au long de la visite, l’œil vif et pétillant quand il nous montre le mécanisme de la poupée aux cheveux extensibles ou celle qui chante grâce à l’insertion d’un mini disque dans son dos. Sans oublier celle qui marche, chaussée de souliers antidérapants, car « elle ne manquait pas de se casser la figure » insiste Jacky. Il fait mine de se mettre en colère quand, par mégarde, nous évoquons le nom de Barbie, cette poupée mannequin de l’entreprise américaine Mattel dont l’apogée signa le début de la fin des poupées Bella. Et puis soudain, en relisant la lettre de François Mitterrand de 1981, déjà Président de la république, remerciant Monsieur Sala pour l’envoi de deux poupées destinées à ses petites filles, son œil se fait plus triste, plus nostalgique. Nostalgique des années, où le samedi en période creuse, les contremaîtres se réunissaient dans la salle de pause pour lancer des prénoms de poupées. Les préférés étaient soumis à la direction et les nouveaux modèles étaient ainsi baptisés.

Intrigue policière dans le Perpignan des années 60

Après avoir écrit une saga helvétique et un « polar » aux 50 nuances de grenat, l’auteure réitère le style roman policier. Alternant tirades angoissantes comme cette description de la fosse aux rebuts des poupées Bella : « Un enchevêtrement obscène de bras mutilés, de corps enchevêtrés, de cuisses balafrées, de membres potelés écrasés. Il détourna le regard. Cette vision lui causait toujours une oppressante sensation de malaise ». Avec une description de la douceur de vivre ces années là dans Perpignan :

« La rue des Augustins était la plus commerçante de Perpignan. Les magasins porte à porte étaient bien achalandés toute l’année, mais pendant les fêtes c’était de la folie. Il faut dire que les propriétaires et gérants des boutiques mettaient le paquet en décembre : vitrines décorées, tirage au sort qui permettait à leurs clients de gagner des Louis d’or, et bien sûr les célèbres illuminations que les Roussillonnais venaient admirer le soir. Interrogé par le journal L’Indépendant, le maire Paul Alduy avait souhaité qu’elles s’étendent les années suivantes à la place Arago et aux quais de la Basse, mais pour l’instant c’était la seule rue de la ville à se parer ainsi des lumières de Noël »

*Le bal des poupées 19,90 euros, aux Editions Calmann Levy

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Maïté Torres