Article mis à jour le 29 juin 2020 à 00:46
Le festival JazZèbre s’annonce pour fin septembre et s’adapte – entretien avec le directeur artistique de JazZèbre Yann Causse. Alors que la quasi-totalité des festivals de printemps et d’été a été annulée, le directeur artistique se dit chanceux d’avoir un festival musical programmé à l’automne. L’édition 2020 de JazZèbre affichera une trentaine de concerts du 25 septembre au 18 octobre ; presque comme d’habitude depuis 32 ans… Photo de Une : James Carter trio, Théâtre de l’Archipel par Pierre Yves Salique.
♦ Quand la distanciation physique entre spectateurs rend difficile la reprise des spectacles
Bien que les théâtres, et autres lieux culturels, soient autorisés à rouvrir leurs portes depuis le 2 juin, très peu ont franchi le pas. Car les contraintes imposées pour éviter la propagation du virus compromettent la viabilité des spectacles en public.
Certes, l’obligation d’espacer les spectateurs par un siège vacant n’est plus nécessaire ; une obligation levée par Franck Riester, ministre de la Culture. Mais, la distance entre chaque groupe de personnes reste, elle, bien de rigueur. Le Ministre a également annoncé travailler à un nouveau protocole sanitaire allégé pour la rentrée.
Pour le directeur artistique de JazZèbre, il faut une certaine cohérence dans les mesures entre les lieux. « On pourrait être les uns à côté des autres dans les avions, ou dans un train, mais pas dans les salles de spectacle ? ». Il concède qu’il faut bien sûr un protocole défini pour la culture, mais le voudrait moins contraignant.
À ce jour, Yann Causse confie que l’association n’accuse que peu de pertes. Mais « pour éviter des drames, il faut que nous retrouvions une distanciation normale entre les spectateurs. Je pense que l’année peut bien se passer pour nous ; mais j’ai plus d’interrogations pour les éditions 2021 et 2022 ».
♦ Les institutions poursuivent leur soutien à JazZèbre
« L’État, la Région, et la ville ont maintenu leur soutien ; le département a également créé un fonds de soutien dont on ne connaît pas encore la teneur. Mais globalement, ils nous ont tous suivis. Nous sommes un peu plus inquiets en ce qui concerne les prochaines éditions compte tenu des dépenses générées par l’édition 2020 ».
Pour Yann Causse, ce soutien est primordial. Il rappelle que le secteur emploie plus de 1,3 million de personnes ; plus que l’automobile ou l’aéronautique. Et même si la parole du secteur de la culture et de spectacle vivant est portée par des fédérations ou des syndicats, le directeur artistique de JazZèbre semble inquiet car le déconfinement de la culture progresse lentement.
La Présidente de la Région Carole Delga déclarait à propos des festivals : “Je souhaite que la Région reste un partenaire attentif et efficace de tous les acteurs culturels avec, notamment, le versement des 30M€ de subventions directement aux associations et un fonds exceptionnel de 5M€ pour les soutenir davantage“.
♦ Des inquiétudes aussi sur l’état d’esprit des amateurs de Jazz
« Notre public a entre 50 et 70 ans ; et certains ont très vite envie de sortir, de profiter de la culture et j’espère qu’ils vont nous faire confiance sur la bonne application de la culture. Mais une autre partie du public peut avoir envie d’attendre le vaccin ; ou avoir mentalement besoin de temps pour ressortir après le pic de la crise ».
Yannn Causse nous confie : « On voit bien comment cela se passe à Perpignan. Les jeunes ne se posent plus de questions, mais les plus âgés restent prudents ».
Quel sera l’état d’esprit du public ? Son engouement pour le spectacle vivant ? Nul ne peut le dire. Mais si la perspective d’une seconde vague de l’épidémie de Coronavirus reste possible, plus le temps passe et plus les inquiétudes s’apaisent.
♦ La 32e édition de JazZèbre s’affiche internationale
Le directeur artistique du festival nous a dévoilé une partie de la programmation de la 32e édition de JazZèbre.
« Il y a un peu l’idée du grand voyage avec des contrées assez lointaines, avec des gens qui cherchent à tisser des ponts entre les cultures. Nous croyons que la musique n’a pas de frontières et cette idée nous séduit. Car la musique est un langage universel. Il y a tellement de sonorités à travers le monde que le voyage est possible rien qu’à l’écoute de la musique. Ceux qui font la musique sont aussi ceux qui tissent des ponts entre les cultures et tout cela est passionnant ! ».
Une future rencontre avec la flûtiste Naïssam Jalal.
Née à Paris, de parents syriens, la musicienne s’est construite, dès l’âge de 6 ans, sur le plan artistique dans la multitude des rencontres humaines et artistiques. Elle sera présente à JazZèbre dans une formation en Quintet qu’elle a créée en 2011. Son double album Quest of the Invisible a reçu une récompense aux victoires du jazz 2019.
Le violoncelliste Vincent Courtois se produira également lors de cette édition 2020 de JazZèbre. Réputé pour sa participation à de nombreuses bandes originales de film, il conçoit, écrit, et orchestre « les notes presque comme s’il s’agissait d’un voyage ». Il déclare : « C’est devenu l’axe principal de mon travail, dont je ne peux me passer. Un studio d’enregistrement est un endroit unique en son genre, ces routes musicales se déroulent et prennent vie ».
Yann Causse est heureux de voir se produire le contrebassiste Renaud Garcia Pons ; le musicien ayant des attaches dans Les Pyrénées-Orientales.
Le maestro de JazZèbre espère aussi compter sur la présence du trio américain James Carter. Le saxophoniste déclarait : « Il faut être tout à fait à l’aise où que ce soit. Je pense que la musique est synonyme de vie ; c’est ainsi que mon enseignant m’a toujours enseigné. On ne peut tout simplement pas vivre pleinement la vie avec des œillères. Il y a une énorme beauté dans les pollinisations croisées de la musique et des influences. »
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