Article mis à jour le 4 mai 2020 à 14:23
Alors que la liste des départements classés verts et ceux classés rouges devrait être officialisée dès 19h00 ce jour, le docteur Aumaître, du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Perpignan, reste prudent. « Oui probablement, à l’échelle du département, on va être dans le vert, mais il faut faire attention qu’il n’y ait pas des situations géographiques de type cluster qui soient susceptibles de repartir ». Ce jeudi, l’hôpital de Perpignan, précisait les détails d’une reprise progressive de ses activités habituelles.
♦ Coronavirus – Une enquête épidémiologique sur le quartier Saint-Jacques
Depuis l’apparition des premiers cas du Covid-19, le quartier Saint-Jacques est une zone démographique dénombrant un grand nombre de cas de Coronavirus. En effet, à la faveur de la forte densité résidentielle et de la convivialité de la communauté gitane, le virus a pu se répandre activement. À tel point que, parmi les 31 décès de Coronavirus à l’hôpital, un grand nombre est issu de cette communauté.
Le docteur Aumaître et les services de l’État cherchent à ouvrir un nouveau centre Covid au sein du quartier Saint-Jacques. Ce centre devra être opérationnel dès le 18 mai ; car, à cette date le collège Jean-Moulin devrait rouvrir ses portes. Le centre Covid à proximité devra donc être transféré vers un nouveau lieu.
C’est à partir de ce centre que le docteur envisage de faire une enquête épidémiologique ; un dénombrement sur environ 10% de la population du quartier. « Ce genre de test est mené sur un échantillon aléatoire de la population ». Le docteur Aumaître envisage 500 tests sérologiques parmi la population de Saint-Jacques. Les équipes du docteur Aumaître attendent du Centre National de Référence la validation pour la mise en place de ce test sérologique.
Pratiqués sur un prélèvement sanguin, ces tests permettent d’identifier si le patient a été en contact avec une maladie ; mais surtout s’il a pu développer des anticorps. Selon la communauté scientifique, ces informations sont primordiales. Néanmoins, les évaluations sont toujours en cours de validation par le CNR.
À propos de ces tests, le Conseil National Professionnel de Biologie Médicale rappelle que « des résultats faussement négatifs ou faussement positifs peuvent avoir de lourdes conséquences sur le plan individuel et collectif ; et en particulier dans la perspective d’un déconfinement ».
♦ De l’importance du diagnostic précoce du Covid-19
Dans la perspective du déconfinement progressif, le responsable du Service des Maladies Infectieuses et Tropicales de l’hôpital rappelle l’importance du diagnostic précoce du Covid-19.
« Il faut au mieux diagnostiquer la maladie dans un délai de 1,5 jour après le début des symptômes ». En effet, ce délai est celui durant lequel le confirment est le plus efficace. Il va permettre de diminuer de 90% la contagiosité du porteur du Coronavirus. L’objectif est de dépister très tôt, et de confiner pour éviter la propagation de la maladie martèle Hugues Aumaitre.
Pour rappel, le RZéro est le nombre de patients contaminés à partir d’une personne porteuse. Le R0 était au départ de 3,3 ou 3,5. Cela signifie que 3,3 ou 3,5 personnes sont contaminées par un seul porteur explique le spécialiste du SMIT. Ce chiffre est valable dans un contexte où il n’y a aucune mesure barrière, ni aucune précaution mise en place. Compte tenu des mesures prises, Hugues Aumaître, précise :
« Il est évident qu’on ne retrouvera plus jamais un R0 aussi élevé. La vitesse d’augmentation de ce R0 sera proportionnelle à la vitesse de diminution des mesures barrières ».
En clair, plus on maintient les gestes barrières de distanciation sociale et d’hygiène, moins une personne porteuse du virus peut transmettre le Covid-19. Sur cette base, le docteur Aumaître estime que les effets du déconfinement pourraient être visibles sur la courbe du nombre de personnes atteintes par le Covid19, vers la fin du mois de mai, voire début juin. Même si les choses ne sont pas aussi simples prévient le spécialiste.
♦ L’hôpital revoit son organisation pour une reprise de ses activités habituelles
Le directeur de l’hôpital de Perpignan et ses équipes ont tenu une conférence de presse pour préciser les modalités de cette nouvelle organisation. Même si à partir du 11 mai, le déconfinement devrait intervenir de manière progressive. Les mesures de restriction des visites restent en vigueur au sein de l’hôpital ; hormis cas exceptionnel ou dans les services de maternité et de pédiatrie.
Pour le reste, dans le contexte de crise sanitaire actuel, l’établissement déploie une organisation sécurisée et maîtrisée ; tout en repensant les circuits et en adaptant les pratiques professionnelles, pour assurer la prise en charge des patients en parallèle des filières dédiées au COVID-19.
Les patients amenés à se présenter à l’hôpital de Perpignan doivent le faire munis d’un masque ; y compris d’un masque en tissu comme le précise le docteur Chantal Miquel, chef de service hygiène hospitalière. Il s’agit de garantir la sécurité de tous précise-t-elle.
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