Article mis à jour le 26 septembre 2018 à 07:38
6h30 ce 25 septembre… Des hommes du feu quadrillent Perpignan pour accrocher des banderoles aux ponts des principales entrées de la ville. En route pour leur travail, les automobilistes ont ainsi pu lire à différents endroits « Pompiers en Colère » en lettres noires capitales.
Pour cette profession particulièrement aimée du public, il s’agit de défendre une certaine idée du service public. Leur revendication ? Un effectif de pompiers professionnels trop faible, mais aussi sur un management qu’ils qualifient « d’autoritaire et agressif ». Après une réunion en Préfecture, suivie d’un dialogue de deux heures avec la Présidente du Département Hermeline Malherbe (également à la tête du Conseil d’Administration du Service Départemental d’Incendie et de Secours), il a été décidé la mise en place « d’une réunion de dialogue social », courant du mois d’octobre. Hermeline Malherbe par l’intermédiaire de son chef de cabinet adjoint rappelait la priorité donnée à la sécurité : « Si la sécurité n’a pas de prix, elle a un coût ».
♦ Revendications sur les effectifs, la sécurité, le management …
Huit banderoles pour crier la colère des sapeurs pompiers du département. La colère parce que souvent les équipages partent incomplets sur une intervention. L’un des pompiers grévistes nous citait l’exemple d’une désincarcération effectuée la veille sur un accident routier. Une désincarcération qui a durée une heure au lieu de 30 minutes en temps normal. Une situation qui s’est dégradée depuis 3 ans selon ce même pompier. « Avant un engin ne partait jamais sans être complet, hier j’ai fait une intervention à Porte d’Espagne et j’ai dû attendre mon équipier qui venait de Rivesaltes… ». Une situation liée aux effectifs des centres de secours qui sont composés en partie de Sapeurs Pompiers Volontaires, mobilisés seulement en cas d’intervention.
Pour Vincent Poch, lieutenant et représentant syndical CGT66, il manque 50 embauches de pompiers professionnels. « Il y a 10 ans il y avait 272 pompiers professionnels, aujourd’hui 269 alors que la population a augmenté de 10 à 15% ».
Des chiffres que conteste le chef de cabinet adjoint Stéphane Babey, pour qui il y a 291 pompiers professionnels au sein du SDIS66 auxquels s’ajoutent environ 2000 volontaires. Stéphane Babey de rappeler que 9 recrutements sont prévus dans les mois qui viennent. « On est dans un des rares départements à continuer d’embaucher et on continuera de le faire. Mais pour embaucher 50 professionnels, il faudrait que l’État mette la main à la poche ! »
Concernant le management, les grévistes, réclament plus de dialogue et de concertation. Didier Dutard, représentant des pompiers non-officiers au sein du Conseil d’Administration du SDIS déplore « qu’il faille systématiquement mettre la pression pour obtenir des avancées ». Il évoque la pratique des sports collectifs sur laquelle la direction est revenue suite à une médiatisation du conflit. « Pour nous le sport collectif sert à souder les liens et la direction ne voulait plus que l’on pratique des sports co’ sous prétexte d’un trop grand nombre d’accident de travail ». La direction opérationnelle du SDIS66 n’a pas souhaité s’exprimer sur la mobilisation de ce jour.
♦ Réunion en Préfecture et au Conseil Départemental
Après une réunion d’une trentaine de minutes avec la directrice de Cabinet de la préfecture, les représentants des personnels ont été reçus pendant plus de deux heures par Hermeline Malherbe et Stéphane Babey en présence du directeur du SDIS66, le colonel Salles-Mazou. Une discussion qui n’a pas abouti sur les résultats escomptés. Malgré tout les pompiers se disent « contents d’avoir été écoutés ».
Sur la sécurité des personnels, Stéphane Babey nous a rappelé la volonté de la Présidente de systématiquement porter plainte en cas d’agression sur les sapeurs pompiers. « Une convention a été signée avec le parquet pour que tous les dossiers soient suivis ». Il nous rappelait également que la contribution du département au SDIS66 était de 20,6 millions d’euros, soit 58% de son budget total (le reste étant assumé par la commune). Un budget qui selon le bras droit de la Présidente en matière de sécurité avait augmenté considérablement depuis les trois dernières années.
C’est dans l’optique d’un apaisement des relations dans la structure que le Conseil Départemental a proposé une réunion de dialogue social.
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