Article mis à jour le 18 juin 2020 à 15:39
La CGT et Sud-solidaires appellent les soignants et aides à domicile de tous les secteurs à se mobiliser ce mardi 16 juin à 10h30. Lors d’une conférence de presse, les représentants du syndicat majoritaire à l’hôpital et la représentante syndicale des aides à domiciles ont exposé les raisons de leur mobilisation.
♦ Une prime au personnel hospitalier « à deux vitesses »
Décidée par l’exécutif, la prime au personnel en première ligne face au Covid19 prévoit une scission en deux catégories des départements ; les rouges avec une prime majorée, et les verts. Les Pyrénées-Orientales n’ayant été, fort heureusement, que peu impactés par la maladie sont en zone verte ; contrairement à l’Île-de-France ou le Grand-Est.
Dans les départements verts, cette prime exceptionnelle est de 500 euros. Le responsable d’établissement peut la porter à 1.500 euros ; « pour les services ou agents impliqués dans la prise en charge de patients contaminés par le virus Covid-19 ou mobilisés par les circonstances exceptionnelles d’exercice ».
Une distinction qui ulcère les représentants syndicaux de la CGT. Pour Daniel Maiquez (CGT hôpital), il s’agit de diviser les personnels. « L’hôpital est devenu un bunker Covid ; et tout le monde a été mobilisé sur le sujet ».
Contactée par nos soins, la direction précise : « le Centre hospitalier de Perpignan applique le décret du 14 mai 2020 permettant à la plupart des agents d’obtenir une prime de 500 euros, selon les critères fixés par le texte de référence. L’article 8 de ce même décret donne dérogation au Directeur pour allouer un complément de prime de 1000 euros à 40% de l’effectif ; les arbitrages sont en cours ».
♦ « La colère gronde à l’hôpital »
Pour Emmanuel Caron, représentant des catégories C à l’hôpital : « On a eu le sentiment d’être pris pour de la chair à canon ; les médailles, le défilé du 14 juillet ou le don de congés sont une insulte« .
Au-delà de la prime Covid, des discussions sont en cours sur une réévaluation des salaires des soignants. La CGT revendique des hausses conséquentes de salaires et un changement de paradigme.
« Il faut surtout que l’hôpital ne soit plus vu comme une entreprise privée avec des objectifs de rentabilité« . Pour le syndicat majoritaire à l’hôpital de Perpignan, il faut passer à un « hôpital du 21e siècle, autant en termes de matériel que de rémunération ». Rappelant que « le soignant est le plus mal payé de toute la fonction publique ». La revendication est claire : plus 300 euros net mensuels de salaire pour chaque agent ; mais aussi du matériel performant et en quantité suffisante.
La CGT dénonce une politique qui, depuis 15 ans, a supprimé 100.000 emplois et coupé 8,4 milliards d’euros dans les budgets de la santé. Pour les Pyrénées-Orientales, la CGT estime qu’il faut 3.000 salariés supplémentaires dans la santé au sens large (santé, aide à domicile, psy, aide sociale). Julien Berthélemy, représentant l’Union Départementale CGT 66, précise qu’il faudrait 70 millions d’euros pour assurer ces 3.000 emplois supplémentaires ; « l’équivalent du coût de la construction d’une rocade… »
♦ Une manifestation sous forme de « village santé » pour défendre l’hôpital public
Le rendez-vous est fixé mardi à 10h30 sur la place Catalogne de Perpignan. Le matin sera consacré aux prises de parole et à l’échange avec les usagers ; des usagers qui ont applaudi durant toute la crise du Coronavirus les soignants à leurs fenêtres. Une belle reconnaissance pour les professionnels du soin qui, par ce geste, ont eu l’impression d’avoir été compris par les usagers. Désormais, ils aspirent aussi à échanger avec ces derniers sur le devenir de l’hôpital et du secteur de la santé.
« On a besoin de ce retour. Les applaudissements, c’est une reconnaissance ; mais l’hôpital ne se défend pas que sur les balcons » précise Virginie De la Osa, aide soignante et auxiliaire de puériculture.
Avant de rajouter : « De la naissance à la mort, nos sommes concernés par le secteur de la santé. Il est important d’y mettre les moyens. Nous ne sommes pas qu’un nom sur un planning et le patient n’est pas qu’un numéro ! ». Cortège prévu à 14 heures en direction de la Préfecture.
♦ Force Ouvrière présent au village de la santé
Malgré l’absence d’appel intersyndical, le syndicat Force Ouvrière sera présent au village de la santé ; pour, selon son secrétaire départemental, rappeler son soutien à la revalorisation salariale, et plus largement de la nécessité d’une « réelle consultation sur les vrais besoins des services publics ».
Car insiste, Jérôme Capdevielle, « il faut cesser de mener une politique basée sur les coûts sans connaître les besoins et particulièrement sur le secteur du soin ».
Le syndicat et ses représentants seront le matin sur la place Catalogne pour échanger avec les usagers.
♦ Les réductions d’effectifs prévues avant la crise se poursuivent
La CGT dénonce une baisse des dotations et des effectifs qui se poursuit. « À la fin du mois de juin, nous avons une réunion pour réduire les effectifs du service mobile des soins en palliatif. Nous avons questionné Monsieur Dubois de l’Agence Régionale sur le sujet ; mais nous n’avons reçu aucune réponse ». Selon le syndicat, il s’agit de réduire de 50% cette unité qui accompagne les soins palliatifs à domicile ou dans les établissements hébergeant des personnes âgées. L’effectif passerait de 10 à 5 soignants ; et l’unité ne compterait plus qu’un seul médecin.
Questionnée sur ce point, la direction de l’hôpital répond « l’unité mobile de soins palliatifs est financée par une enveloppe MIG (mission d’intérêt général) attribuée par l’ARS ; et les effectifs sont calibrés en fonction des crédits autorisés. Le CHP respecte au mieux cette enveloppe et, à cette heure, nous ne sommes pas informés du projet de réduction significatif ».
♦ Les aides à domicile, les oubliées de la crise du Covid
Laetitia Mauré, aide-soignante à domicile ne décolère pas. « Pendant la pandémie, notre mission sur le terrain a été très compliquée, nous n’avions aucune protection ; alors que nous étions en contact avec des personnes fragiles ! Aujourd’hui, nous sommes très déçus. Mes collègues sont catégoriques, s’il y a une nouvelle crise, nous n’irons pas sur le terrain. Comme nous ne sommes pas requisitionnables, le Préfet ira tout seul s’occuper des personnes âgées à domicile ».
Selon Laetitia Mauré, avant la crise, les employeurs étaient d’accord pour une augmentation générale des salaires des aides à domicile. Mais le ministère de la santé s’y est opposé arguant du manque de moyen. Elle dénonce la précarisation de ce secteur à 97% féminin avec du temps partiel contraint ; et dont le salaire moyen avec 15 ans d’ancienneté est de 972 euros mensuel.
♦ Une pétition en ligne « Des paroles non, des actes oui »
La CGT Hôpital a également lancé une pétition en ligne ; pour que ceux qui ne pourraient venir lors du rassemblement puissent afficher leur mobilisation. À l’heure où nous écrivons, cette pétition a réuni plus de 1.500 signatures.
La pétition rappelle notamment les paroles du Président Emmanuel Macron :
« Le Président de la République a affirmé que « le jour d’après ne sera pas un retour au jour d’avant ». Il a promis de « Tirer toutes les conséquences » et a laissé entendre une revalorisation salariale nécessaire pour les Personnels de nos secteurs d’activité. Des paroles non, des actes oui ! »
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