Article mis à jour le 27 septembre 2019 à 19:16
Créée à l’origine par Ségolène Neuville, l’association Respirer pour imaginer un autre Perpignan faisait sa rentrée à la salle des libertés ce 25 septembre. Une petite centaine de personnes « du peuple du Gauche » était présente. Mais rapidement, une partie de l’assemblée a retenu son souffle, quand l’autre s’époumonait. Une suggestion de titre nous a alors été glissée par un participant : « suicide en direct ! ». Expression qui résume bien le sentiment provoqué par le clash entre l’avocat Sofiane Hakiki et des membres du collectif de l’Assemblée citoyenne.
♦ Les militants de gauche en ont « marre de perdre »
Dans son propos introductif, le co-président de Respirer, François Lemartinel, déclarait « Respirer n’est pas une liste, c’est un désir ! ». Il disait vouloir « inspirer un programme pour Perpignan ». Un programme pour répondre à ces militants de gauche qui en ont marre de perdre parce que les egos ont trop souvent pris le dessus sur les idées. Ce projet sera élaboré dans les deux mois à venir. Il émergera de la dizaine de réunions prévues les jeudis par l’association,« les jeudis de Respirer ». Alors que l’association a été lancée depuis déjà 6 mois, la tâche semble ardue en si peu de temps. Seulement deux mois et une dizaine de réunions pour qu’un programme consensuel puisse voir le jour.
Après le rappel de l’objet de Respirer, Caroline Forgues a pris la parole. Cette dernière a rappelé son appartenance au collectif citoyen Nou-s Perpignan lancé début 2018, et le rapprochement avec l’Assemblée citoyenne. Pour rappel, cette assemblée est née le 14 septembre dernier. Elle souhaite « construire un programme et une liste unique, pour une transformation démocratique, écologique, sociale et culturelle, à Perpignan, en 2020 ».
Caroline Forgues de préciser : « notre objectif est de rassembler toutes les forces des habitants qui en ont marre et qui veulent un autre projet pour la ville. Nous avons lancé l’Assemblée citoyenne publiquement. Plusieurs partis de gauche s’y sont reconnus et nous soutiennent publiquement. Et nous vous invitons à la prochaine assemblée le vendredi 11 octobre pour continuer sur le programme. Pour savoir comment on va constituer une liste. Qui n’est pas uniquement une union de partis, mais qui a la volonté de créer une dynamique citoyenne et collective à Perpignan ».
♦ L’éternelle division des gauches
Paul Taverner, également membre de l’Assemblée citoyenne s’étonne quant à lui de la situation. « Respirer découvre la nécessité de rassembler ? Alors même qu’un certain nombre de collectifs associés à des partis de gauche conduisent déjà une réflexion pour aller vers une nouvelle municipalité, un nouveau Perpignan. Pourquoi n’étiez-vous pas présents le 14 septembre ?
David Arabia, du Parti communiste perpignanais qui a rejoint l’Assemblée citoyenne, se félicitait également de cette volonté de rassemblement pour « battre l’extrême droite en proposant une véritable alternative à gauche ». Pour David Arabia, le seul moyen est de « constituer une liste unique à gauche en 2020 ». Une liste qui, pour le communiste, doit se décliner dans le cadre de l’Assemblée citoyenne.
« Nous pensons que ce cadre permettra un rassemblement sans hégémonie, sans leadership. Pour nous, l’heure n’est plus aux initiatives isolées, mais bien au rassemblement de toutes nos idées qu’on pourrait mettre sur une même table. »
♦ « Ce n’est pas le concours Lepine du meilleur collectif ! »
Un temps annoncé comme investi officiellement par le Premier secrétaire du Parti socialiste, l’avocat Sofiane Hakiki a pris la parole. « Je suis désespéré par ces échanges. Ce n’est pas un concours Lepine du meilleur collectif ! ». Provoquant les applaudissements d’une partie de la salle.
« On est en train de construire la machine à perdre. Vous savez comment on gagne ? Avec du concret, on gagne en allant sur le terrain, en allant sur les quartiers nord. On gagne quand on fait une lutte contre la misère, et pas en faisant des rendez-vous entre nous. Mais vous étiez où pendant les grands mouvements sociaux ? Ce n’est pas en excluant les partis que l’on gagne ».
Des paroles qui ont provoqué le départ d’une partie des membres de l’Assemblée citoyenne. Sofiane Hakiki de poursuivre : « Moi, j’ai grandi dans les quartiers nord, vous étiez où quand nous étions dans la misère ? Je vous parle avec mes tripes, et mes tripes me disent qu’on va perdre si on continue. Si on veut gagner, il va falloir arrêter de se dire que Respirer est meilleur que NouS-Perpingnan… Je suis en colère contre vous, parce que nous sommes de la même race, nous sommes du peuple de gauche ! Et le peuple de gauche, c’est une indignation ».
Maniant l’art oratoire et l’anaphore, l’avocat a conclu en se disant « indigné par la réponse de la gauche qui consiste à faire des rassemblements citoyens autour de gens qui nous ressemblent. »
Caroline Forgues avant de quitter la salle a lancé : « Vous n’avez pas le monopole de l’indignation, vous-même êtes dans le mépris ! ».
♦ « Louis Aliot peut mettre deux bouteilles de champagne de plus au frais »
Telle est l’observation grommelée par un militant à l’issue de cet échange virulent. Un autre des participants prend alors la parole pour dire sa déception de la tournure du débat. « Je pensais que nous allions parler des idées ». Avant de résumer à sa façon l’incident : « Ce qui vient d’avoir lieu peut se traduire de deux manières. Cela peut être un accident et dans ce cas, c’est réparable. L’autre possibilité serait que cela ait été préparé. »
Ce début de réunion a sonné le glas du besoin vital de rassemblement de la gauche locale. Compte tenu des divisions à droite, une gauche qui aurait pu espérer, en cas de rassemblement, peser pour les municipales 2020. Au vu de ce spectacle et des déclarations du PG le mois dernier, la tâche s’avère insurmontable.
Pourtant à l’initiative de cette démarche, Ségolène Neuville, secrétaire départementale du PS66, n’était pas présente ce mercredi soir. Elle nous a confié : « J’ai lancé l’idée de cette association, il y a presque un an. Dès la première réunion salle des libertés, on m’a fait sentir que ma présence n’était pas souhaitable pour laisser la place à la « société civile ». Donc, comme je suis déjà bien occupée par ailleurs, en particulier avec les discussions avec les autres partis de gauche pour parvenir à une liste unique à Perpignan, je ne m’en suis plus souciée. »
La présidente du conseil départemental, Hermeline Malherbe nous confiait à l’issue de la réunion : « On entend bien qu’il y a une mise en concurrence des associations citoyennes, et ce n’était pas l’objectif. Mais l’objectif reste le même qu’il n’y ait qu’une seule liste de gauche et citoyenne. Nous n’avons pas réussi ce soir à rassembler, et ce ne sera pas simple. Mais nous avons bien réussi à le faire au conseil départemental, alors je reste optimiste ».
*information démentie par les intéressés
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