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La naissance de 250 bébés corail rouge annoncée par les laboratoires de Banyuls-sur-mer et de Monaco

La naissance de 250 bébés corail rouge annoncée par les laboratoires de Banyuls-sur-mer et de Monaco

Connu pour sa couleur si caractéristique, le Corallium rubrum ou corail rouge est une espèce emblématique de Méditerranée. Récemment, le centre scientifique de Monaco et l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer adressaient un faire-part.

Unies via un programme* scientifique de biologie et de conservation et de restauration, les deux institutions dévoilaient la naissance de 250 bébés corail rouge. L’heureux « papa » des nouveau-nés, Lorenzo Bramanti, chargé de recherches CNRS auprès de l’Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer nous en dit un peu plus sur cette espèce prisée par les joailliers et l’importance scientifique de ces naissances. Photo © Observatoire Banyuls-sur-mer.

« Nous avons construit un laboratoire sous-marin au large de Banyuls »

Tout a commencé quand Lorenzo était étudiant. L’inspiration est aussi née du travail de Denis Allemand, directeur du Centre des sciences de Monaco. « Je rêvais de mettre en place ce genre de choses ici à Banyuls. » Dans le cadre de leurs recherches, Lorenzo et son équipe décident de construire six grottes en béton d’1M3. Puis de les immerger au large de Banyuls-sur-Mer. « Je voulais étudier les processus importants pour la restauration du corail rouge. Et surtout, développer notre connaissance des mécanismes de fécondation. » Compte tenu de l’espace nécessaire, l’expérience ne pouvait être menée en aquarium. Il fallait aussi pouvoir contrôler plusieurs paramètres. Il a donc fallu imaginer une alternative.

« On a trouvé comment ramener le laboratoire dans l’eau. Nous avons construit ces champs de grottes. Ainsi nous pouvons contrôler les numéros des colonies, les sexes, et la distance entre eux, comme si nous étions dans un laboratoire. Tout en maintenant les colonies de coraux dans des conditions naturelles. »

Après avoir réalisé le laboratoire sous-marin dans les Pyrénées-Orientales, les chercheurs ont reproduit l’installation au large de Monaco. « Nous avons une série de grottes à Banyuls, et une autre à Monaco. » L’objectif était que chacun des sites se focalise sur différentes phases de la reproduction du corail. « À Banyuls, nous étudions les larves, les pré-bébés », explicite le scientifique. Les spécialistes veulent comprendre comment fonctionne précisément le mécanisme de la fécondation. En revanche, sur les grottes installées à Monaco, l’accent est mis « sur la fixation et la croissance des bébés », précise Lorenzo.

Le grand malentendu autour de la restauration des coraux 

« Il y a beaucoup de gens qui pensent que la restauration consiste à prendre un corail et le transplanter. Non ! Ça c’est des trucs d’Instagram et tout ça ! », s’insurge Lorenzo. « La restauration, c’est une science », insiste Lorenzo. Le travail mené à Banyuls-sur-Mer est un pari courageux, un peu à contre-courant de la démarche qui consiste à transplanter des coraux sans plan précis. « Si tu abordes les problèmes de la restauration en appliquant les techniques qui viennent des milieux tropicaux, sans connaître l’espèce, tu fais un désastre. »

Culture de corail in situ © Observatoire Banyuls-sur-mer
Culture de corail in situ © Observatoire Banyuls-sur-mer

Selon le scientifique, contrairement au corail tropical (hermaphrodite), le corail rouge est constitué de mâles et des femelles bien distincts. Et Lorenzo d’extrapoler à l’élevage de bovins. « C’est comme si tu voulais élever des vaches, sans savoir la différence entre une vache et un taureau. Au final, tu vas avoir un désastre. Avec la restauration de corail en Méditerranée, c’est la même chose, tu as des gens qui te disent, on va prendre ça ici et ça là-bas. Non ! Nous, ce que nous avons proposé à la Fondation Prince Albert II, c’est d’avoir une approche scientifique pour mettre en place un protocole optimisé qui permettra ensuite de restaurer le corail rouge. »

La réserve de Cerbère-Banyuls permet d’accélérer la restauration du corail rouge en Méditerranée  

Dans cette réserve, le corail rouge est protégé ce qui selon le scientifique permettra « de booster la restauration et la récupération » de cette espèce ailleurs en Méditerranée. Le corail rouge participe à la formation d’un écosystème unique, le coralligène.

Très différent du squelette blanc produit par les coraux tropicaux constructeurs de récifs, son squelette de couleur rouge, si caractéristique, est transformé en joyau et ornements depuis la préhistoire. De ce fait, il est l’objet d’un important commerce depuis des millénaires. Soumises à une forte exploitation et à l’action néfaste du dérèglement climatique (réchauffement et acidification des océans), les populations de corail rouge de surface se trouvent aujourd’hui fortement menacées.

*Ce programme est réalisé dans le cadre d’une collaboration entre l’Unité de Recherche sur la Biologie des Coraux Précieux CSM-Chanel financé par la Maison Chanel et le Laboratoire d’Écogéochimie des Environnements Benthiques (LECOB)2 de l’Observatoire de Banyuls-sur-Mer. Il s’inscrit dans un projet soutenu par la Fondation Prince Albert II. 

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