Article mis à jour le 26 août 2024 à 14:32
En cette fin août 2024, Valérie* en a assez. Cette Perpignanaise du quartier du Vernet dénonce une situation qui ne cesse de se dégrader. Depuis le 23 août, Valérie a lancé une pétition au nom évocateur, « N’abandonnez pas notre quartier« . Photo © Valérie Morel.
« Ce quartier, où mes parents résident depuis plus de 25 ans, a été transformé en seulement cinq ans. » Au-delà de la pétition au titre explicite, Valérie apporte des pistes qui pourraient améliorer la vie des habitants. De son côté, la mairie assure vouloir organiser une rencontre rapide entre les services municipaux et les habitants.
Dans ce quartier de Perpignan, les personnes âgées n’osent plus sortir de chez elles
« Nous sommes désormais confrontés à une montée alarmante de la violence, de la drogue, des incendies, des vols et des cambriolages. Ces rues qui ont toujours été populaires se transforment peu à peu en un ghetto. » D’autant qu’après le retrait des poubelles individuelles, les trottoirs ont été envahis de déchets. Pierre* et son épouse, la soixantaine, résident dans ce quartier tout proche du musée Bella depuis un quart de siècle. Et si leur fille précise que cette zone de Perpignan était jusque-là un modèle de mixité sociale, aujourd’hui « la situation est inquiétante ».
« On est un peu désabusés, surtout les personnes isolées et âgées. Elles, se terrent dans leur maison et n’osent même pas dénoncer ce qui se passe par peur. »
Peu à peu, le Vernet est passé de quartier populaire à ghetto
Selon Valérie, le quartier a toujours été populaire, « il y a toujours eu une mixité dans ces rues, et ça s’est toujours très très bien passé. » Mais selon la jeune femme, un terrain laissé à l’abandon, l’installation de plusieurs épiceries de nuit et du trafic de drogue avec ses nombreux va-et-viens ont transformé ce quartier en ghetto.
« Les dealers s’installent sur des chaises dans la rue et ils attendent au milieu du passage. L’autre jour, il y avait une bagarre, j’ai appelé la police, mais elle n’est pas venue. »
Si la situation a debuté avant les élections municipales, lors de la campagne, Valérie a bien rencontré quelques politiques. Mais depuis 2020, plus de nouvelles. Un commentaire sous la pétition en ligne, précise qu’un contact avec le directeur de cabinet de Louis Aliot avait eu un petit effet, mais malheureusement éphémère.
Il faudrait bien plus qu’une présence policière
La Perpignanaise, à l’origine de ce cri d’alerte, n’est pas naïve. Elle sait bien que la situation est complexe et que les discours simplistes n’apporteront pas de solution aux problèmes qui pourrissent la vie du quartier.
Elle préconise donc plusieurs pistes concrètes pour améliorer la situation de manière pérenne. « Pour lutter contre cette ghettoïsation, je pense qu’il est important de mettre en place une approche globale qui implique des interventions à plusieurs niveaux : social, économique, sécuritaire et urbanistique. Je me suis permis d’imaginer quelques mesures qui pourraient être envisagées »
Pour Valérie, il faut travailler sur les services urbains, rétablir une gestion plus efficace du ramassage des déchets ; organiser des activités collectives, mettre en place un dialogue continu avec les habitants et financer des programmes éducatifs pour les jeunes.
L’augmentation de la présence policière permettrait de dissuader et de réagir rapidement aux délits ou incivilités dans le quartier. Valérie demande aussi l’installation de caméras sur les zones les plus à risque. « Afin de surveiller les activités illégales et aider à l’identification des auteurs de délits ».
De son côté la mairie veut « agir le plus efficacement possible »
Ce 26 août, le directeur général des services ne semblait pas informé de la situation de la Patte d’Oie et des difficultés de ses habitants. Toutefois, Philippe Mocellin assure vouloir agir le plus efficacement possible. « Je vous assure qu’on y met toute l’énergie qu’il faut. Mais il peut y avoir, ici ou là des difficultés. D’ores et déjà, je vous précise qu’avec les services de la mairie, je vais rapidement organiser une rencontre avec les habitants. Nous ferons un point précis sur chacun des sujets. »
*Sur demande des habitants, les prénoms ont été modifiés.