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À Perpignan, l’art oratoire pour dénoncer discriminations et injustices

Concours éloquence oral Arago

Article mis à jour le 10 mars 2024 à 11:24

Ce 1er juin, le mémorial du camp de Rivesaltes et le lycée Arago organisaient un chalenge d’éloquence. Neuf lycéens en classe de seconde ont brillamment fait vivre leurs arguments devant le jury, leurs camarades et familles. Encadrés par des professionnels, Ambre, Noah, Oscar ou Nathan ont captivé le public avec leurs mots percutants et leur maîtrise de l’art oratoire.

En avril dernier nous vous présentions Maya, Rayan, Victor ou bien Paul en pleine préparation d’un concours d’éloquence. Après deux mois, ce jeudi 1er juin, ils ont défendu leur discours âprement rédigé autour des valeurs de la République. Ils avaient choisi de défendre l’importance du devoir de mémoire ou de dénoncer les discriminations. Sur le pied de guerre dès 8h00 ce jeudi matin, ces citoyens en devenir tentent de dompter leur trac.

Tous apprêtés mais pas moins stressés, Alexandre et Oscar tentent de se détendre

La pression s’intensifie dans le groupe. Une dernière fois, Rayan et Maya répètent leur discours. Ils campent deux amis qui échangent sur ces camps de l’ouest de la Chine où les Ouïghours sont «rééduqués» et réduits à l’esclavage. Alexandre et Oscar, micro en main, détendent l’atmosphère par un One man show improvisé. De son côté, Nathan tente quelques exercices de respiration avant de prendre la parole le premier. Le brouhaha du public – composé d’élèves et de proches – et du jury se dissipe.

Silence. «Liberté, Égalité, Fraternité, (…) cette devise, elle me répugne», déclame Nathan d’une voix assurée. En trois minutes, l’adolescent déroule son réquisitoire contre la devise française, «on nous ment !». Happé par un premier discours qui annonce déjà la couleur tant au niveau de l’argumentaire que de la prestance orale ; le jury semble conquis. En guise de conclusion, les mots de Nathan heurtent et veulent faire réfléchir. Il a décidé de réécrire la devise républicaine. Ainsi Liberté, Égalité, Fraternité devient «Emmuré, Enchaîné, Égocentré».

À 16 ans, éloquence et positions assumées

Nathan laisse la scène à Victor. Ce dernier a choisi de répondre par l’affirmative à la question «l’habit fait-il le moine ?». Maya et Rayan développent la thèse et l’antithèse quant à la condition des Ouïghours. Une prestation dans laquelle l’inaction des États et le traitement des médias sont vivement critiqués. Avant l’entracte, Noah fait une ode au devoir de mémoire à travers un cheminement historique mais aussi entre les baraquements du camp de Rivesaltes.

Pour tous, ce chalenge d’éloquence est une première. Pourtant, ils maîtrisent déjà les composantes d’un discours éloquent réussi : questions rhétoriques, jeux de regards, des silences, interpellation de l’auditoire. Pour ces élèves, cette facilité d’élocution aujourd’hui acquise est le fruit d’accompagnement des plusieurs professionnels. Pour le choix de leur thématique et l’élaboration de leur argumentaire, deux journalistes les ont aidés avant de laisser place à une metteuse en scène et un avocat pour la mise en voix et en geste de leurs travaux.

Un auditoire en haleine pour les derniers passages du chalenge d’éloquence du lycée Arago

Ambre attend impatiemment la fin de l’entracte pour parler discrimination des hommes. «Je suis stressée évidemment, mais le but n’est pas de gagner, je veux juste réciter mon texte sans bégayer». Sur un ton sarcastique, la jeune femme plaide en faveur des hommes. Des arguments et des exemples habilement choisis qui ébauchent rapidement des sourires sur les visages des jurés. De son côté, Paul poursuit avec un discours alarmiste sur les discriminations faites aux femmes. Le public semble retenir son souffle pour ne pas perdre une miette de l’argumentaire de ce journaliste en devenir.

«Nous devons regarder l’Histoire en face pour créer un monde meilleur». Parti de la réécriture du roman originellement intitulé «Dix Petits Nègres» par Agatha Christie, Alexandre revient, quant à lui, sur le devoir de mémoire. «Pourquoi vouloir réécrire l’Histoire ?». C’est Oscar qui a la lourde tâche de conclure le chalenge d’éloquence du lycée Arago de Perpignan. Le jeune homme, cravate et chemise blanche, dénonce le harcèlement.

Malgré le stress, tous ont interprété des propos limpides, engagés et débordants d’arguments. Une implication est des prestations de qualité félicitées par Inma Umbria, proviseure du lycée François Arago. «On croit toujours que les jeunes ne sont intéressés par rien. Je tiens à les remercier pour leur engagement, leur analyse du monde et de la société dans lesquels ils évoluent».

Et l’heureux gagnant est …

Surprise ! Alors que les modalités prévoyaient un grand gagnant, après réflexions et négociation le jury en a désigné un second. Les orateurs en herbe ne tiennent plus en place et pour cause, des places pour le festival les Déferlantes sont en jeu ! Face à la qualité des prestations, le jury n’a pu départager deux des neuf candidats. Les deux gagnants du concours d’éloquence organisé par le lycée Arago et du mémorial du camp de Rivesaltes sont …. roulement de tambour…. Paul et Nathan, le premier pour sa mise en lumière de la discrimination à l’égard des femmes et le second pour sa réécriture de la devise républicaine.

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Maëlle Beaucourt