Mardi 1er octobre 2024, la banque alimentaire de Perpignan nous a ouvert ses portes. L’organisme a pour mission de soutenir les personnes les plus démunies en fournissant une aide aux associations du département.
Chaque jour, les gilets orange distribuent près de 10 tonnes de denrées alimentaires. Nadine Bertrand, directrice, nous présente le fonctionnement de cette fourmilière humaine à l’aube de la grande collecte du mois de novembre.
Sous un vaste entrepôt de la zone Polygone Nord, l’association tourne à plein régime grâce à l’aide de 120 bénévoles et huit salariés. Contrairement au Restos du Coeur ou au Secours populaire, la banque alimentaire ne reçoit aucun bénéficiaire. Elle est en quelque sorte le grossiste des 67 associations des Pyrénées-Orientales, avec qui elle est conventionnée. Parmi elles, les CCAS (Centres Communaux d’Action Sociale), des organismes indépendants ou des épiceries sociales qui viennent s’approvisionner, parfois quotidiennement.
La Banque alimentaire nourrit près de 20 000 personnes dans les Pyrénées-Orientales
« Nous avons trois sources d’approvisionnement », rappelle Nadine. « La première, c’est ce qu’on appelle le fonds social européen. Notre fédération réalise des appels d’offres, à l’aide de subventions, sur tous les pays de l’Europe pour récolter des produits secs ou du surgelé. Et en fonction du marché, le meilleur rapport qualité prix est retenu. » Les denrées sont alors adressées gratuitement à la Banque alimentaire, qui les distribue à son tour. « La deuxième source d’approvisionnement, et c’est de loin la plus importante, c’est la ramasse », poursuit la directrice.
Tous les jours, dans une trentaine de magasins environnants Perpignan, les bénévoles de la Banque alimentaire récupèrent des produits à date courte. Les denrées sont triées et distribuées dans la journée aux différentes associations partenaires. Enfin, la troisième source d’approvisionnement est la grande collecte du mois de novembre. Cette année, elle aura lieu les 22, 23 et 24 novembre.
1 000 bénévoles attendus pour la grande collecte de novembre
Pour cette opération d’envergure, entre 800 et 1 000 bénévoles seront mobilisés dans près de 80 magasins des Pyrénées-Orientales. Leur objectif ? Collecter un maximum de denrées achetées et données par les clients des grandes surfaces. En 2023, la Banque alimentaire a récolté 80 tonnes de produits. « On espère faire aussi bien cette année », sourit Nadine.
Située à proximité du marché Saint-Charles, l’association a la chance de bénéficier de 1 000 tonnes de denrées supplémentaires partagées avec les Banques alimentaires de Carcassonne, Toulouse ou Montpellier. Toutes ces opérations mises bout à bout permettent de nourrir près de 20 000 personnes dans le département.
Mais qui sont les bénéficiaires de la Banque ? « Nous avons de plus en plus d’étudiants en situation de précarité », constate la responsable de la Banque alimentaire. Le reflet d’une situation préoccupante qui sévit dans tout l’Hexagone. À noter que l’épicerie solidaire située non loin de l’Université de Perpignan vient d’ouvrir une annexe au centre AFPA de Rivesaltes.
Manque de bénévoles et politique antigaspi, quelles difficultés pour la Banque alimentaire de Perpignan ?
Aujourd’hui, Nadine craint l’augmentation du nombre de bénéficiaires et la baisse d’approvisionnement. En effet, les produits alimentaires à dates très courtes deviennent de plus en plus rares. Ces dernières années, les grandes surfaces ont mis en place leurs propres systèmes de déstockage de ces produits bientôt périmés.
Les produits remisés à 30 ou 50% que les consommateurs s’arrachent. « On perd à peu près 10% de quantité en produits de ramasse, par an », déplore la directrice, et les invendus finissent bien souvent à la benne. Pour pallier ce manque, la Banque alimentaire achète des produits. Un budget supplémentaire qui frôle les 200 000 euros.
Autre difficulté de taille pour l’association, le manque de bénévoles. « Notamment des bénévoles qui veulent prendre une fonction un peu particulière comme des manutentionnaires ou des chauffeurs. Nous avons aussi besoin de personnes administratives », précise Nadine. Avec 120 bénévoles à l’année, l’association se retrouve vite en difficulté lors de la collecte du mois de novembre. « On demande à nos associations de collecter, aux bénéficiaires de nous aider. Nous faisons appel aux écoles pour essayer de mettre du monde dans tous les magasins. »
Des ateliers cuisine et numérique pour les bénéficiaires
Depuis peu, la Banque alimentaire propose aussi un accompagnement social pour ses bénéficiaires. « Nous avons acheté un camion-cuisine pour organiser des ateliers dans nos associations partenaires. Le but est de réapprendre aux gens à cuisiner avec des choses simples qui leur sont données », présente Nadine. Ce mois-ci, l’association va également mener un atelier du numérique pour apprendre aux bénéficiaires à utiliser internet, facilitant les demandes d’aide en ligne, comme la prime d’activité ou le RSA.
À l’occasion de ses 40 ans, la Banque alimentaire ouvrira ses portes au public le 16 octobre prochain, pour expliquer comment elle parvient à distribuer près de 10 tonnes de denrées quotidiennement. Une journée portes ouvertes initiée par la fédération.
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