Article mis à jour le 18 mars 2024 à 17:09
En France, près d’un tiers de la production agricole est invendue. Dans les Pyrénées-Orientales, l’association le Maillon Solidaire ambitionne de transformer ces carottes, navets et autres denrées… en bocaux, redistribués à la population.
Depuis 2022, le Maillon Solidaire œuvre pour limiter le gaspillage alimentaire dans les Pyrénées-Orientales. Au départ plutôt axé sur la restauration collective, l’association a réalisé durant neuf mois une collecte hebdomadaire d’excédents alimentaires auprès de plusieurs établissements proposant un service restauration collective. Une phase expérimentale portée par Entraide et Partage Albera, association rattachée à la banque alimentaire.
Près de 3 000 repas sauvés de la poubelle
« Durant ces neuf mois, nous avons sauvé de la poubelle 637 kilos de denrées », avance Nicolas Lassis, membre du Maillon Solidaire. « Cela correspond à plus de 3 000 repas. » À l’été 2023, la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS) a octroyé à l’association l’habilitation alimentaire. « Nous avons essaimé nos actions un mercredi sur deux à Argelès-sur-mer. Nous avons redistribué toutes ces denrées à l’association Le Soutien, qui fournit une aide alimentaire aux plus démunis. » Depuis novembre 2023, Le Maillon Solidaire récupère également le surplus de la cuisine centrale de l’Udsis d’Elne.
Si dès le départ, le Maillon Solidaire avait en ligne de mire les invendus agricoles, l’association souhaitait déjà faire ses armes sur la restauration collective, son véritable cheval de bataille. Mission accomplie lors de l’appel à projet Mieux Manger Pour Tous : « Nous estimions pouvoir récupérer 800 kilos de denrées sur trois mois, c’est ce que nous avions mis en avant lors de cet appel à projet. Nous avons récupéré plus de deux tonnes de produits alimentaires, c’est trois fois plus que ce qui était prévu ! », annonce Nicolas Lassis.
Si le Maillon Solidaire a souhaité se lancer dans la collecte des invendus agricoles, ce n’est pas un hasard. En effet, l’association compte dans ses rangs une ancienne agricultrice. Muriel Baux a été maraîchère pendant plus de 10 ans, elle est aujourd’hui la secrétaire de l’association. Trop petits, biscornus, abîmés, tachés, alors que certains fruits et légumes restent comestibles, ils n’entrent pas dans les clous du cahier des charges des acheteurs. Le producteur est alors obligé de les laisser au champ ou de les jeter. Une réalité qu’a bien connue l’agricultrice, en relation avec une dizaine de maraîchers prêts à donner leurs invendus.
Les invendus agricoles représentent un tiers de la production
« On dit qu’il y a à peu près un tiers de la production agricole qui est jetée en moyenne, parfois avant même d’être ramassée. Nous voulions agir sur ce fameux gaspillage alimentaire au sens un peu plus large », lance Nicolas Lassis. Une ambition portée par l’association lors de l’appel à projets du budget participatif « Ma Région Citoyenne », dont elle est lauréate. « Nous avions l’envie de pouvoir expérimenter la transformation ». Mais alors quésaco de la transformation des invendus agricoles en bocaux ?
L’objectif reste de lutter contre la précarité alimentaire en proposant des bocaux issus de produits locaux, bio et à destination de la population des Pyrénées-Orientales. « Pour faire simple, nous allons récupérer des fruits et légumes encore consommables pour les distribuer tels quels. Les produits un peu plus abîmés, mais encore consommables, nous allons les transformer, les mettre en bocaux, et les redistribuer aux agriculteurs, aux maraîchers qui nous les ont donnés. Mais aussi les introduire dans la boucle de l’aide alimentaire », explique Nicolas Lassis.
Dans un premier temps, il s’agira d’un procédé de don contre don. C’est-à-dire que toute la matière récoltée et transformée sera ensuite redistribuée au producteur. « L’idée, c’est de pouvoir, récupérer les invendus agricoles et d’alléger le poids du maraîcher, qui fait déjà tout son travail de culture. » Les fruits et légumes ainsi sauvés de la benne pourront ensuite être transformés en laboratoire. Le lycée agricole de Théza et un producteur de Saint-André ont d’ores et déjà proposé aux bénévoles de mettre à disposition leurs locaux. « L’idée c’est de pouvoir, à terme, payer les denrées auprès des agriculteurs », expose Nicolas Lassis, qui estime le lancement des opérations au début de l’été.
« Nous ne sommes pas fiers de dire que nous avons récupéré deux tonnes de denrées »
Depuis un an, le Maillon Solidaire réalise aussi de nombreuses actions de sensibilisation au gaspillage alimentaire, auprès des écoliers. « Il y a trois thématiques : l’alimentation en sens large, l’initiation à l’éducation au goût et le cycle de vie d’un produit alimentaire. On fait l’exemple de la tomate, pour que les enfants aient connaissance du déroulement de la production d’une tomate, avec les différentes étapes de transformation, de distribution et de consommation… « , détaille Nicolas Lassis.
La dernière séance porte sur le don et le gaspillage alimentaire, le Maillon Solidaire présente son projet de récupération de surplus alimentaire en restauration collective. « On prend le temps d’expliquer les différentes dates de consommation et de durabilité minimale. Nous ne sommes pas fiers de dire que nous avons récupéré plus de deux tonnes de denrées. Ça ne devrait pas exister. »
Si éradiquer le gaspillage alimentaire est utopique, le réduire au maximum reste possible. « Notre rôle, c’est aussi de faire prendre conscience aux élèves, à leurs professeurs et aux gestionnaires qui commandent les repas, qu’il faut réduire », souffle Nicolas Lassis. « Je peux citer la commune d’Argelès qui par exemple a décidé de réduire ses commandes de 5%. Cette action a drastiquement diminué le gaspillage alimentaire. »
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