Depuis 2023, cette ville côtière déploie des mesures encourageantes pour réduire les déchets de cigarettes sur son sable fin. Avec le soutien d’éco-organismes et d’un bureau d’études, fini les surprises sous la serviette. Photo © Brian Yurasits / Unsplash
Banyuls-sur-Mer, ville pilote face au fléau des mégots
Depuis deux ans, Banyuls-sur-Mer fait partie des quatre villes vitrine en France, dans la lutte contre les mégots jetés au sol. En juin 2024, la ville obtient le prix de la meilleure action de prévention dans l’événementiel par ALCOM. Une récompense due à son plan d’action « Objectif zéro mégot par terre ».
Selon la mairie, les mégots représentent 40% des déchets au sol lors des ramassages dans la ville. Lors de la dernière collecte de déchets début juin, 110 bénévoles ont répondu présents. La 3e édition de « Banyuls passe au vert », avec la société PlasticSea, a permis de ramasser 400kg de déchets. En 2024, « le nombre de mégots a diminué de 600 mégots en un an », explique la présidente de la société au micro de France Bleu Roussillon.
Les mesures prises par la ville sont importantes : 37 cendriers sur pied installés sur des lieux stratégiques (cabinets médicaux, près de la plage, …). Des stickers-écrasoirs ont été posés sur les 107 corbeilles de rue. La mairie distribue chaque année 20 000 cendriers de poche, tout en mettant en place des campagnes de sensibilisation. Toutes les deux semaines, une expérimentation est faite pour quantifier les mégots jetés au sol. Enfin, la commune a aussi créé deux zones non-fumeur sur une partie de la plage et un espace devant les écoles.
« Il n’y a pas de sanction, ni d’amendes. (…) Mais une grosse sensibilisation des personnes »
Jean-Michel Solé, maire de Banyuls-sur-Mer, assure ne pas être dans une démarche punitive. Sa démarche est axée sur la prévention. « Il n’y a pas de sanction pénale, ni d’amendes. Par contre, (..) il y’a une grosse sensibilisation des personnes. » – il poursuit – « C’est aussi une démarche qui est faite avec des scientifiques. On compte les mégots, d’où ils viennent. Quels sont les endroits où il y en a le plus, comment on fait pour sensibiliser les personnes. Donc, on est encore au début. »
La mairie s’engage aussi auprès des enfants. L’environnement étant un sujet de société important aujourd’hui et pour l’avenir. « On a engagé aussi une démarche avec les enfants, avec le groupe scolaire. Donc, on est aussi dans une démarche de prévention, d’éducation, de manière que les gens prennent les choses en conscience. Si vous dites à quelqu’un qu’il ne faut pas jeter sa bouteille, il va vous gronder. Mais si c’est son fils ou sa fille, il va le faire », assure Jean-Michel Solé.
Une démarche environnementale pour tous et avec tous
Toute la ville s’engage dans cette démarche écologique. Les équipes pédagogiques, élèves, parents et scientifiques avec l’Observatoire Océanologique et Plastic-At-Sea. L’ensemble des services municipaux, les commerçants, hébergeurs, restaurateurs, prestataires d’activités sont aussi mobilisés. Sans oublier les habitants et les associations. Puis les visiteurs et les partenaires de la mairie.
Jean-Michel Solé résume : « La devise de l’équipe municipale, c’est quelle ville on veut laisser demain aux générations futures. En partant de là, on veut laisser une ville la plus propre possible, la moins polluée possible. Et puis, il y a un deuxième slogan pour les amis touristes, en leur disant vous arrivez dans une ville préservée, aidez nous à la préserver. »
La « chasse aux mégots », une priorité environnementale
Selon une étude de l’ONG Surfrider Foundation les cigarettes sont le top 1 des déchets les plus couramment retrouvés sur les plages en Europe. En 2023, lors d’opérations de nettoyage des plages européennes, 1 552 683 mégots étaient quantifiés.
Malgré une tendance positive dans les comportements des fumeurs, le fléau des mégots sur les plages suit son cours. Dans une étude réalisée par Opinion Way en 2020, environ 1 fumeur sur 5 continue de jeter ses mégots dans la nature, faute de dispositifs adéquats à proximité. Pourtant, sur les plages, près de 8 fumeurs sur 10 déclarent adopter de bonnes pratiques en ne jetant jamais leurs mégots dans le sable ou dans l’eau.
Face à ce constat, des communes comme Banyuls-sur-Mer, en partenariat avec l’ALCOME, multiplient les initiatives pour inverser la tendance. Pour l’éco-organisme, l’objectif est clair : réduire de 20 % le nombre de mégots abandonnés dans les espaces publics dès cette année, avec une ambition de 40 % d’ici 2026.
Quelles solutions pour une plage propre ?
Si les cendriers-poubelles sont une solution pour préserver cet espace naturel, l’étude d’Opinion Way montre leurs limites. En effet, 4 fumeurs sur 10 jugent ces équipements peu adaptés pour jeter son mégot. Les raisons ? Principalement parce qu’ils risqueraient de prendre feu ou par manque de visibilité.
Pourtant, 52% des fumeurs considèrent que mettre plus de poubelles à disposition permettrait de réduire le nombre de mégots jetés au sol. De même, la distribution de cendriers de poche, citée par 50% des répondants, se révèle être une méthode simple mais efficace pour inciter les fumeurs à adopter un comportement plus responsable.
Au-delà de l’équipement, la prévention n’est pas en reste. Environ 46% des fumeurs estiment que des campagnes de sensibilisation contribueraient à diminuer le nombre de mégots abandonnés. Enfin, l’interdiction de fumer sur certaines plages ou à certaines heures, ainsi qu’une augmentation des amendes, sont des mesures que les fumeurs eux-mêmes jugent potentiellement dissuasives.
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