Aller au contenu

Perpignan : À 46 ans, ce père de famille obtient le diplôme national du brevet aux côtés de sa fille

Perpignan : À 46 ans, ce père de famille obtient son diplôme national du brevet aux côtés de sa fille

Cette année, les épreuves écrites du diplôme national du brevet se sont déroulées les 26 et 27 juin 2025. Parmi les 847 600 candidats, Ludovic Soles, 46 ans, a passé l’examen au collège Jean Moulin de Perpignan.

Selon l’Insee, le niveau de diplôme de la population résidant en France augmente au fil des générations. En 2023, 11 % des 25‑34 ans n’ont aucun diplôme ou seulement le brevet des collèges, contre 24 % des 55‑64 ans. À l’inverse, ils sont beaucoup plus souvent titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme du supérieur.

À Perpignan, ce père de famille se lance un défi personnel

C’est aux côtés de sa fille, Lisa, que Ludovic a passé l’examen en candidat libre. « J’étais le seul adulte de ma section », sourit-il. Après 20 ans de carrière en tant qu’équipier logistique dans la même entreprise, le père de famille s’est lancé le défi d’obtenir son diplôme. Ludovic a arrêté l’école très tôt, le système scolaire ne lui correspondait pas. « C’est une démarche personnelle pour rendre fières mes filles et ma mère », nous confie-t-il.

Si ce choix a d’abord étonné son entourage, très vite, Ludovic a été encouragé par ses proches. « Ils m’ont dit que j’avais du courage de me replonger dans les études. Ce n’est pas évident à nos âges ! », assure-t-il. En effet, résoudre le théorème de Pythagore ou rédiger la fameuse dictée, bête noire de nombreux candidats, n’est pas chose aisée, surtout après avoir quitté le système scolaire depuis tant d’années.

« Je me suis rendu compte que se replonger dans les cours n’était pas si évident », admet Ludovic. Au quotidien, l’équipier logistique réalise des opérations de réception des marchandises et prépare des commandes. « C’est un métier assez physique, je vous avoue qu’il était compliqué de réviser après mes journées de travail. » Ludovic admet qu’il manquait surtout d’organisation.

« Au début, on se disperse parce qu’on veut tout étudier en même temps, mais ça ne fonctionne pas ! J’ai dû m’imposer des heures et un timing pour être efficace dans mes révisions« , nous explique Ludovic, qui étudiait en moyenne deux heures chaque soir. 

Vivre l’école aux côtés de sa fille, une expérience unique

Passer cet examen a permis à Ludovic de se plonger dans la vie quotidienne de sa fille de 15 ans. « On ne se rend pas forcément compte, mais c’est beaucoup de boulot pour un jeune. C’est une chance pour moi d’avoir partagé cette expérience avec elle. » Le père de famille a pu compter sur l’aide de sa fille, Lisa, notamment pour réviser les mathématiques et plus particulièrement la géométrie. « C’était difficile, car je manque de pratique dans ma vie courante », souligne-t-il.

Le passage du brevet s’est déroulé sur deux jours en salle de classe avec les élèves du collège Jean Moulin. « Ce fut très difficile pour moi de rester concentré sur les sujets », avoue Ludovic. Maths, français, histoire-géographie, éducation morale et civique, langue, sciences… l’examen est conséquent et demande une certaine exigence.

« Même sans diplôme, on peut construire une vie professionnelle »

Dans la vie, Ludovic est aussi entraîneur d’une équipe féminine de rugby de U15 où il côtoie différents milieux sociaux. « Cette année, elles étaient 17 dans l’équipe à passer le brevet, certaines sont issues de milieux défavorisés. Pour elles, comme pour moi, obtenir cet examen était un challenge. »

Le quadragénaire souhaite montrer à la jeune génération qui l’entoure que tout le monde a sa place dans la société. « Si on ne baisse pas les bras devant les obstacles de la vie et que l’on ne s’arrête pas devant les préjugés, même sans diplôme, on peut construire une vie professionnelle ! », affirme-t-il.

Prochaine étape pour Ludovic, passer le baccalauréat. « Devenir bachelier ne changera pas ma situation professionnelle, mais ce serait pour moi une grande satisfaction », souligne-t-il. En attendant, il se réjouit d’avoir obtenu son diplôme national du brevet avec la mention assez bien. « J’étais impatient de connaître les résultats et même si cela n’allait rien changer pour moi, j’étais fier de décrocher mon premier diplôme. » À noter que le taux de réussite pour le brevet 2025 est de 85,5%.

Made In Perpignan est un média local, sans publicité, appartenant à ses journalistes. Chaque jour, nous enquêtons, vérifions et racontons les réalités sociales, économiques et environnementales des Pyrénées-Orientales.

Cette information locale a un coût. Et pour qu’elle reste accessible à toutes et tous, sans barrière ni influence, nous avons besoin de votre soutien. Faire un don, c’est permettre à une presse libre de continuer à exister, ici, sur notre territoire.

Participez au choix des thèmes sur Made In Perpignan

Envie de lire d'autres articles de ce genre ?

Comme vous avez apprécié cet article ...

Partagez le avec vos connaissances