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Dessins de presse : À Perpignan, une exposition pour ne pas oublier Charlie Hebdo

Du 7 janvier au 15 février 2025, l’Hôtel du Département accueille « ILS DÉPASSENT LES BORNES ! », une exposition de dessins de presse qui mélange nouvelle vague de dessinatrices et dessinateurs, et hommage. Dessin de l’affiche © Boligán.

Dix ans après l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, le Département des Pyrénées-Orientales et le Club de la presse Occitanie rendent hommage à la liberté d’expression à travers une rétrospective qui réunit une quarantaine de dessins signés par dix caricaturistes français et internationaux. « L’exposition a vraiment été réalisée par le département, elle est inédite, et n’est pas itinérante », ajoute Vincianne Laurent, attachée de presse de la Direction de la communication du département.

Une réflexion sur la liberté d’expression

Le Club de Presse Occitanie, historiquement lié au monde du dessin de presse et à ses artistes, était l’organisateur tout trouvé pour une telle exposition. « Nous n’avons pas voulu faire quelque chose de commémoratif », explique Vincent Girard, commissaire de l’exposition. « Nous ne voulions pas faire une exposition qui soit un monument aux morts. Nous avons voulu montrer le dessin de presse bien vivant, de ceux et celles qui travaillent dans des rédactions depuis dix ans. Les Cabu, Wolinsky, Tignous, Charbes, ils sont partis, on ne les remplacera pas. Mais une nouvelle génération est arrivée ».

L’exposition met en lumière le travail de dessinateurs tels que Camille Besse, Gab et Pascal Gros, mais aussi d’artistes venus d’ailleurs comme Angel Boligán, du Mexique, et Elena Ospina, de Colombie, « pour nous ouvrir sur le monde », explique Vincent Girard, « et montrer que le langage du dessin de presse est différent en Amérique du Sud ou en Europe ». Dix dessinateurs et dessinatrices, « pour les dix ans, parce que le chiffre est important », précise Vincianne Laurent. Au fil des panneaux, les visiteurs découvrent des œuvres qui interrogent nos sociétés, pointent leurs travers et, surtout, défendent la liberté de penser et de créer. Parmi les artistes, « il y en a qui travaillent au Monde, au Canard Enchaîné, à l’Humanité Dimanche. D’autres travaillent dans des journaux régionaux, ou spécialisés », ajoute Vincent Girard. « Et on a quand même mêlé quelques dessins de nos chers disparus ».

Les thèmes abordés s’articulent autour de grandes problématiques contemporaines. Les artistes se moquent des puissants, combattent les stéréotypes ou encore dessinent un avenir incertain. Ils jouent avec les limites de l’humour et du bon goût, invitant à une réflexion sur ce que signifie la liberté dans un monde où la censure et l’autocensure gagnent du terrain. « Dix ans après, vous pouvez mêler les dessins de Tignous à des dessins d’aujourd’hui », continue Vincent Girard. « Vous ne voyez pas la différence, parce que les thèmes abordés sont très universels. Et malheureusement, les problèmes relevés il y a dix ans ne sont pas réglés aujourd’hui ».

Charlie Hebdo, une mémoire vive

Le 7 janvier 2015, douze personnes perdaient la vie sous les balles de deux terroristes islamistes. Parmi les victimes figuraient les dessinateurs emblématiques Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski. Deux jours plus tard, une nouvelle attaque contre l’Hyper Cacher portait le bilan total à 17 morts. Le 11 janvier, plusieurs milliers de personnes se rassemblaient en hommage aux tués, et continuer à revendiquer une liberté d’expression sans entraves malgré le deuil.

Dix ans après, cette exposition rappelle que l’esprit de Charlie Hebdo demeure. « Un dessin qui ne dépasse pas les bornes, un dessin qui ne choque pas, c’est un dessin raté », martèle Vincent Girard. Avec leurs crayons comme seules armes, les dessinateurs continuent de dénoncer, d’informer et de faire rire. Le commissaire d’exposition de confirmer « qu’il ne faut pas oublier qu’ils sont là pour nous faire rire. Notre cerveau est partagé, parce que ce sont les dix ans d’un évènement terrible, triste, dont on ne se remet pas. Mais ils continuent de nous faire rire avec des sujets qui ne le sont pas ».

Une invitation à la réflexion

À travers les œuvres présentées, l’exposition propose un dialogue entre humour et gravité. Les dessins nous confrontent à des questions fondamentales : la liberté d’expression a-t-elle des limites ? Jusqu’où peut aller la satire ? Et comment continuer à défendre ces libertés menacées ? « Le dessin de presse est un langage », continue Vincent Girard. « Il faut s’y frotter pour le comprendre, dépasser le premier degré. Les dessins souffrent aussi d’un manque de contextualisation. Ils sont souvent balancés sur les réseaux sociaux sans contexte. Et ça crée un préjudice, des malentendus. Donc c’est important de les montrer dans l’espace public, en les contextualisant ».

« ILS DÉPASSENT LES BORNES ! » se veut un espace de débat et de sensibilisation. Une manière, dix ans après Charlie, de rappeler que la liberté de la presse est un pilier essentiel de la démocratie.

Exposition : « ILS DÉPASSENT LES BORNES ! »

Dates : Du 7 janvier au 15 février 2025
Lieu : Hôtel du Département, 24 Quai Sadi Carnot, Perpignan
Entrée libre.

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