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« Zéro macho » à Perpignan, comment s’extraire de la culture patriarcale ?

"Zéro macho" à Perpignan, ils souhaitent s'extraire de la culture patriarcale

Article mis à jour le 22 novembre 2024 à 10:09

Ce mercredi 20 novembre 2024, une trentaine de personnes était réunie à la maison de la catalanité de Perpignan. Parmi l’assemblée « zéro macho », une majorité de femmes et trois hommes venus s’informer et partager les meilleures pratiques sur des thématiques ciblées autour de la question de l’égalité.

Aujourd’hui, la culture patriarcale imprègne aussi bien les hommes que les femmes, à tous les niveaux de la société. Le groupe de volontaires a tenté de répondre à la question suivante : pourquoi est-ce important de bâtir une culture plus égalitaire dans nos vallées, territoires, institutions, entreprises et universités ? Pour les organisateurs, il s’agit d’une première étape pour commencer à imaginer ensemble ce que pourrait être la feuille de route d’un territoire « zéro macho », à horizon 2050. Focus sur cette initiative.

« Le but est que chacun puisse absorber les idées des autres et s’y confronter »

Si l’objectif de cette journée est avant tout de réfléchir à une culture plus égalitaire, c’est aussi l’occasion de faire des rencontres et de se fédérer autour d’un projet commun. « Toutes les idées sont les bienvenues », rassure Guillaume, facilitateur de la journée. « Nous allons suivre un fil conducteur qui est la méthode des six chapeaux de Bono », lance-t-il à l’assemblée.

Le psychiatre maltais a déterminé six grands modes de pensée, symbolisés chacun par un chapeau. Le chapeau rouge est celui du ressenti et des émotions. Le jaune, celui de la positivité. Le chapeau noir, de la négativité. Le vert, celui du rêve… Le procédé est simple, chaque membre du groupe doit revêtir un chapeau imaginaire et réfléchir à une problématique donnée, en endossant la façon de penser qui lui correspond. Divisés en petits groupes de deux ou de quatre, les participants entament la discussion.

« Lorsqu’il y a une position dominante dans un groupe, on ne trouve pas de solution. Il n’y a pas d’échange, ni de réflexion », assure Guillaume. « Le but est que chacun puisse absorber les idées des autres et s’y confronter. »

Faciliter l’intelligence collective

Guillaume Jouquet et Johanna Reyer sont tous les deux facilitateurs. Concrètement, le rôle du binôme est d’accompagner un groupe vers une réflexion collective où tout le monde trouve sa place. « Pour moi, le but de cette journée est de créer un espace dans lequel on peut parler du patriarcat en toute sécurité », nous explique Johanna.

Selon Guillaume, le métier de facilitateur est avant tout un acte militant. « Il y a des personnes qui ont moins de facilité avec la prise de parole en public. C’est super important de créer ces espaces-là pour que tout le monde puisse s’exprimer. »

En tant que facilitateurs, l’intention de Guillaume et Johanna est de créer un cadre de confiance facilitant les échanges, l’expression de tous les points de vue, l’émergence de questionnements et de solutions nouvelles, sans prendre parti ni juger les résultats obtenus.

Comment s’extraire de la culture patriarcale au niveau d’un territoire ?

Après quelques minutes de réflexion, la cloche sonne. C’est l’heure de la restitution. Un premier groupe de femmes prend la parole : « Pour nous, il est important de bâtir une culture plus égalitaire, pour construire un vivre ensemble harmonieux, en liberté, sans injustice, et en toute légitimité, pour chacune et chacun. »

"Zéro macho" à Perpignan, ils souhaitent s'extraire de la culture patriarcale

« Est-ce qu’il y a un autre groupe qui veut parler ? », interroge Johanna. Pour Françoise et son équipe, il est urgent de lutter contre le patriarcat, pour détruire les inégalités de traitement dans tous les champs de la société. « Le problème aujourd’hui, c’est la représentation politique qui est toujours majoritairement masculine, et qui laisse très peu de place aux femmes », s’insurge Houria. Pour elle, si autrefois le féminisme était valorisé, il est aujourd’hui perçu négativement : « se revendiquer féministe, c’est devenu négatif. Comme si c’était un fardeau, une honte. »

« On sait aujourd’hui que les femmes qui vont postuler à une offre d’emploi se sentent légitimes quand elles ont 70 à 80% des compétences, alors qu’un homme se sent légitime à 50%. Ce qui fait qu’il y a beaucoup de postes à responsabilité qui ne sont pas pourvus par des femmes », dénonce Laurence Jamin, militante féministe. Pour l’organisatrice, c’est un exemple de cette culture patriarcale. « L’idée de cette journée n’est pas de transformer tous les citoyens en des techniciens de lutte contre les violences, mais que tout le monde soit informé. »

À Perpignan, des cartons distribués aux machos

Interrogée sur le motif de sa présence à l’opération zéro macho, Françoise nous confie qu’il est important de rencontrer et d’identifier d’autres forces vives. « Nous sommes de nombreuses personnes à subir le fait d’avoir des convictions féministes et à les exposer », affirme-t-elle. « Ce type de journée permet aussi de créer du lien et du collectif. » La journée achevée, Karine* nous livre son ressenti. « C’était super intéressant, il y avait vraiment des outils de travail participatifs permettant à la fois de faire des rencontres et d’échanger ensemble sur des idées. »

Parmi les mesures concrètes qui ont été présentées, une idée en particulier semble avoir séduit l’assemblée. Imaginez, des cartons jaunes ou rouges distribués contre le sexisme ordinaire. « L’idée, c’est de pouvoir signifier des situations jugées anormales, dans un café, un collège, au lycée ou dans d’autres lieux de vie… », nous explique Karine. Si le temps imparti pour élaborer des actions concrètes était relativement court, l’opération zéro macho semble être un succès. Les participants sont, eux, impatients de se retrouver.

*prénom d’emprunt

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Célia Lespinasse