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Perpignan : Le désordre budgétaire raconté par l’opposition

Perpignan : Le désordre budgétaire raconté par l'opposition

Article mis à jour le 6 février 2024 à 17:56

Lundi 5 février 2024, l’opposition de la municipalité de Perpignan s’est réunie pour aborder les grandes lignes du rapport d’orientation budgétaire, présenté par Louis Aliot lors du conseil municipal ce mercredi. Autour de la table, Marie Bach, ancienne adjointe aux finances du maire (RN), livre son analyse de la gestion municipale des comptes de la ville. Photo, archives conseil municipal janvier 2023.

Le groupe d’opposition en partie représenté de Bruno Nougayrède, Chantal Gombert et Bernard Reyes avait à ses côtés une nouvelle recrue ce lundi. « Ça m’a fait mal de partir », confie Marie Bach, qui se dit «entendue mais pas écoutée» par Louis Aliot. L’ancienne adjointe aux finances a rendu ses délégations en octobre dernier pour rejoindre le camp adverse.

« Il y a un désordre très profond dans les comptes de la ville aujourd’hui »

«Alors que j’étais adjointe aux finances, je n’avais pas mon mot à dire sur le volet engagements et dépenses. Au niveau de l’élaboration du PPI, qui sont les travaux d’investissement, je n’assistais pas aux réunions. Quand j’ai vu que j’étais mise de côté, j’ai demandé à ce qu’on fasse un arrêté des comptes tous les trois mois. Je voyais quels étaient les chapitres où il y avait des problèmes, je faisais un compte rendu de ces réunions. Puis j’ai dit au maire qu’il fallait arrêter si on ne voulait pas avoir de problèmes et être contraints d’augmenter les impôts.» Pour la conseillère municipale, il est impératif de réduire les dépenses de fonctionnement.  

« Il y a un désordre très profond dans les comptes de la ville aujourd’hui », entame Bruno Nougayrède, chef de file de l’opposition municipale. Pour celui qui est aussi conseiller communautaire, cette dégradation est très clairement liée à la manière dont Louis Aliot conçoit la dépense publique depuis le début de son mandat. 

Perpignan comptait deux grands projets structurants impulsés par le maire : l’entrée de ville et l’agrandissement du parc des sports. «L‘entrée de ville, on n’en parle même plus. On essaie même plus de faire semblant», tacle Bruno Nougayrède. «Le parc des sports, on vous dit juste que cela va être long et compliqué.» Selon l’opposition, ce dernier projet serait annulé. En substance et selon les opposants à la mairie, ces grandes idées n’ont aucune réelle ligne directrice, et semblent avoir tout simplement disparues du plan pluriannuel d’investissement de la mairie.

La mairie de Perpignan s’isolerait de ses partenaires financiers

D’après l’opposition, Perpignan serait de plus en plus isolée et peinerait à trouver des financements. À la lecture de la diversité des partenariats financiers en 2019 et 2020, le constat est clair, les financements extérieurs étaient plus beaucoup plus variés que ces deux dernières années. «C’est en partie lié à des projets structurants, comme l’installation de l’université en cœur de ville en 2019. Il est difficile aujourd’hui de demander à l’Europe de financer un mini-golf sur les allées Maillol », lâche Bruno Nougayrède. 

Avec un volume d’investissements de l’ordre de 53 millions d’euros en 2024, la municipalité a de nombreux projets dans les tuyaux : la création d’un mini-golf au square Bir Hackeim, la construction de la médiathèque du Vernet ou encore l’aménagement d’un espace sportif dans le centre-ville. À noter, que certains projets semblent s’éterniser. Pourtant, le budget accordé aux dépenses d’équipements ne cesse de diminuer. À la faveur d’un budget de fonctionnement toujours plus gourmand, les investissements d’avenir diminuent d’environ 4 millions en 2024.

Les projets pour Perpignan s’enlisent-ils ?

Le maire de Perpignan avait répondu lors des vœux à la presse que le projet d’entrée de ville était largement ralenti à cause de contraintes administratives. «La réalité, c’est que si vous interrogez le Conseil départemental qui est propriétaire du pont et de la route d’accès, donc sans lequel il ne peut agir, il vous répondra qu’il n’y a pas eu une seule réunion demandée par la Ville sur le sujet», s’exaspère l’opposition. Le grand parc arboré promis aux Perpignanais n’est donc pas prêt de sortir de terre… 

Si le budget d’investissement baisse, le budget de fonctionnement augmente quant à lui de 10 millions d’euros tous les ans, depuis le début du mandat de Louis Aliot. En cause, la hausse des charges et les embauches multiples. En 2020, l’effectif comptait 2.337 agents. Trois ans plus tard, le nombre d’agents grimpe à 2.560. «Le problème c’est qu’aujourd’hui, on fait rentrer de plus en plus de contractuels, donc des personnes qui n’ont pas réussi les concours, pour être statutaires. Cela pose une vraie question sur le management qui est organisé au sein des services. L’effectif n’arrête pas d’augmenter, mais le service ne suit pas derrière», explique Bruno Nougayrède. 

« J’aurais préféré qu’on aille chercher de nouvelles entités qui viennent s’installer à Perpignan »

Mardi 5 décembre 2023, le journal Marianne publiait un classement des centres-villes les plus sinistrés de France. Perpignan figurait malheureusement en tête, avec un taux de vacance commercial estimé à 16%. Si de nouveaux commerces vont investir le rez-de-chaussée des Dames de France, comme les enseignes Kartell et Isotta, c’est au détriment de la rue de la République. En effet, les commerçants y étaient installés précédemment. «La rue de la République va devenir désertique. J’aurais préféré qu’on aille chercher de nouvelles entités qui viennent s’installer à Perpignan», assure Chantal Gombert, conseillère municipale. Le magasin Ligne Roset-Cinna, abandonne, lui, le Mas Balande, au profit du centre-ville.

En parlant de désert, les commerces aux rideaux baissés semblent s’agglutiner rue des Augustins. Selon la mairie, l’artère devrait retrouver un peu de dynamisme avec l’installation des brocanteurs. «Je ne suis pas sûre que ce soit une stratégie payante», assure Bruno Nougayrède. «Il faut un besoin pour qu’un commerce puisse exister. Je suis assez pessimiste sur le devenir de la rue des Augustins.»

«C’est la politique du pain et des jeux», ironise l’opposition. «Je crois que le point essentiel à retenir, c’est la hausse inconsidérée des dépenses de fonctionnement, qui met forcément la pression sur la fiscalité des Perpignanais. Alors que derrière, il y a une totale absence de projets structurants pour Perpignan.» Suite du débat d’orientation budgétaire lors du conseil municipal de Perpignan, prévu ce mercredi 7 février à partir de 17h.

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Célia Lespinasse