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À Perpignan, Louis Aliot fait sa rentrée médiatique sur le thème de l’uniforme à l’école

À Perpignan, Louis Aliot fait sa rentrée médiatique sur le thème de l’uniforme à l’école

Article mis à jour le 31 août 2023 à 19:28

S’engouffrant dans la brèche ouverte par le ministre de l’Éducation nationale – qui s’est dit favorable à l’expérimentation de l’uniforme scolaire dans les établissements qui le souhaitent – le maire de Perpignan a convié la presse pour proposer une « tenue uniforme » dans les écoles de la ville, sur la base du volontariat des directeurs et directrices d’écoles.

Une mesure toute trouvée pour permettre à Louis Aliot de faire sa rentrée médiatique, sans qu’on sache précisément comment elle sera financée. Photo Nicolas Guyonnet / Hans Lucas.

Louis Aliot prend Gabriel Attal aux mots et propose une tenue uniforme dans les écoles de Perpignan

Dans la belle salle Paul Alduy de l’hôtel de ville perpignanais, en ce dernier jour du mois d’août, la presse locale, nationale, et même catalane est présente. Avec sa proposition de « tenue uniforme » dans les écoles perpignanaises, Louis Aliot a réussi à attirer la lumière médiatique sur Perpignan à quelques jours de la rentrée scolaire.

Comme ces automobilistes suivant de près l’ambulance qui ouvre la voie, le maire a rebondi sur les propos de Gabriel Attal, le ministre de l’Éducation nationale qui s’est dit favorable à l’expérimentation de l’uniforme dans les établissements volontaires… avant de faire marche arrière et d’émettre quelques réserves.

Le maire de Perpignan veut donc proposer à toutes les écoles élémentaires de la ville – celles qui relèvent de son champ de compétence – l’instauration du port d’une blouse, d’un sweat, d’un tee-shirt, ou même d’un ensemble complet… en bref d’une tenue décidée en interne. Il insiste : aucune obligation dans cette proposition (il n’en a de toute façon pas le droit) qui repose uniquement sur le volontariat des directeurs et directrices d’école à qui il a déjà écrit, tout comme aux services de l’éducation nationale. Si certaines écoles sont intéressées, libre à elles de proposer une tenue unique pour tous les élèves, et de faire voter cette mesure en conseil d’école dans lequel siège un représentant de la mairie.

Et pour Louis Aliot, l’uniforme ne présente que des avantages

L’édile a relevé six arguments positifs, tous rédigés dans le court dossier de presse distribué aux journalistes à l’entrée. Pêle-mêle un moyen de « lutter contre les inégalités sociales » de « renforcer le sentiment d’appartenance à l’établissement », de « mettre un terme à la course aux vêtements de marque », ou encore de « réduire le racket et le harcèlement des élèves ». Les mêmes sempiternels arguments repris depuis des années par les défenseurs de l’uniforme dont fait historiquement parti le Rassemblement national. L’année dernière, les députés RN ont même présenté un projet de loi le rendant obligatoire, texte rejeté par la majorité en janvier dernier.

Autre vertu pour Louis Aliot, cette tenue unique pourrait « dissuader les élèves de venir à l’école avec des vêtements religieux ». Une référence directe à l’abaya, cette robe longue traditionnelle, apparentée à la culture islamique mais pas reconnue comme vêtement religieux, et que le gouvernement veut interdire dans les établissements scolaires, tout comme le qamis son pendant masculin. Pourtant dans les Pyrénées-Orientales, aucun signalement d’atteinte à la laïcité pour port de vêtement religieux n’a été signalé dans les écoles élémentaires selon le syndicat d’enseignant SE-UNSA. La question du port des abayas se pose davantage dans les collèges et lycées, établissements sur lesquels le maire de Perpignan n’a aucune prise.

Concernant le coût d’une telle mesure, qui pourrait représenter plusieurs dizaines d’euros par famille par an, les engagements de la mairie demeurent flous. Louis Aliot assure que la municipalité mettra la main à la poche, mais il compte aussi sur les crédits délivrés par l’État dans le cadre de la politique de la ville et des quartiers prioritaires. Les équipes municipales planchent en ce moment sur l’aspect budgétaire.

Une annonce qui laisse sceptique certains syndicats d’enseignants

Pour Nadia Alram, secrétaire départementale du SE-UNSA, syndicat enseignant: « Cette annonce ressemble à un coup de communication. Pour nous, l’uniformisation des tenues n’est pas un gage d’égalité. C’est un pansement sur une jambe de bois. Ça ne va pas gommer les inégalités sociales des élèves dans les familles qui vivent au dessous du seuil de pauvreté. »

Nadia Alram déplore plutôt l’absence de mixité sociale dans les écoles perpignanaises, confirmées par les chiffres du ministère de l’Éducation nationale. « Il y a une ghettoïsation des lieux scolaires à Perpignan. On a énormément d’élèves scolarisés dans les écoles privés quand les parents ont les moyens, et une grosse concentration de milieux sociaux défavorisés dans les écoles publiques. Avec ce genre d’annonce, on fait le buzz ; mais il y a des plus gros chantiers auxquels s’attaquer si on veut se préoccuper de la mixité sociale dans les écoles de Perpignan. »

Nadia Alram cite la vétusté de certains bâtiments scolaires, les inégalités d’accès à certains équipements sportifs, ou encore le manque de budget pour certaines sorties culturelles dans le département.

À propos de l’interdiction du port de l’abaya, la syndicaliste regrette « qu’aucune réflexion ne soit menée sur ce qui motive les élèves à continuer à porter ce vêtement. Nous, on est attaché à continuer de promouvoir la laïcité comme un outil d’émancipation, on ne veut pas de prosélytisme mais ça ne veut pas dire qu’on veut que les enfants gomment leur identité. On tient à ce que l’ensemble des élèves scolarisés se sentent bien accueillis dans leur individualité, avec leurs parcours, leur bagage, leur histoire. »

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Alice Fabre