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Toujours plus d’actes racistes dans les Pyrénées-Orientales en 2024 : « Une ambiance extrêmement inquiétante » selon le président de SOS Racisme

Les Pyrénées-Orientales dans le top 5* des actes racistes en 2024 : « Une ambiance extrêmement inquiétante » selon le président de SOS Racisme

Alors que les chiffres des actes racistes, xénophobes ou antireligieux enregistrés par les services de sécurité en France affichent encore une hausse, Dominique Sopo, président de SOS Racisme a répondu à nos questions. Photo © MIP archives 2022.

Même si le nombre d’actes racistes de 2024 affiche une hausse moins importante que l’année précédente, marquée par une flambée du conflit Israélo-palestinien, pour Dominique Sopo, « ces chiffres sont inquiétants ».

Par ailleurs, partout en France et aussi à Perpignan, l’association sera présente pour marcher contre le racisme et appelle à la mobilisation, le samedi 22 mars, à 10h, au pied du Castillet.

Hors région parisienne, les Pyrénées-Orientales figurent parmi les départements les plus touchés par les actes à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux en 2024

Récemment, c’est une élue de Perpignan qui a été victime d’un acte raciste. Dans son bureau, Soraya Lougaro a découvert l’inscription « Sale arabe » en lettres capitales noires sur fond blanc. Ce tag raciste a profondément choqué la jeune femme qui a immédiatement porté plainte.

En 2024, selon les chiffres fournis par le service statistique du ministère de l’Intérieur, 70 atteintes à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont été enregistrées. Avec 1,4 acte recensé pour 10 000 habitants (1,2 en 2023), hormis les départements franciliens, les Pyrénées-Orientales se classent juste derrière les Alpes-Maritimes, le Bas-Rhin et le Rhône.

Questionné sur la répartition géographique en France, Nicolas Lebourg, chercheur spécialiste des extrêmes droites en Europe décrypte : « La tendance sur le golfe du Lion et le couloir rhodanien correspond à l’évolution des arrestations pour des faits d’ultra droite ou pour le vote pour des listes à droite du RN. On peut émettre l’hypothèse que ces signaux disent ensemble un rejet de la société multi-ethnique. »

Nombre de crimes et délits " à caractère raciste" enregistrés, pour 10 000 habitants par département en France

« La majorité des crimes et délits « à caractère raciste » enregistrés sont des injures, provocations ou diffamations publiques », précise l’étude publiée ce mois de mars 2025.

Au niveau national, le ministère de l’Intérieur dévoile que 9 400 crimes et délits « à caractère raciste » ont été enregistrés en 2024. Or, selon l’étude du ministère de l’Intérieur, seulement 3% des actes sont signalés aux autorités.

« La figure de l’étranger devient obsessionnelle dans le débat public »

C’est dans le cadre de la journée internationale de la lutte contre le racisme que se tient la manifestation de ce 22 mars. À Perpignan, le cortège est prévu à 10 heures au pied du Castillet. Pour le militant associatif, la parole raciste est partout. Dominique Sopo dénonce pêle-mêle un ministre de l’Intérieur qui « parle de submersion migratoire », et « des médias qui font le jeu de la haine ». Et à l’inverse la parole antiraciste serait complètement invisibilisée.

La marche est l’occasion de rappeler l’importance de la lutte antiraciste. « Il ne faut pas céder aux divisions dans les luttes contre les oppressions et les idéologies de haine. Ce sera l’occasion d’interpeller chacun, les institutions, les médias, les intellectuels et la société dans son ensemble pour qu’ils réagissent et se saisissent de la gravité du moment. Car oui, aujourd’hui, la figure de l’étranger devient obsessionnelle dans le débat public. »

« La manifestation doit aussi montrer que nous sommes beaucoup plus nombreux à vouloir d’une France de la fraternité, de l’égalité, plutôt qu’une France de la guerre civile permanente », prône le président de SOS Racisme.

Une campagne électorale qui a exacerbé les haines 

Pour Dominique Sopo, la hausse de 2024 est notamment liée à la campagne électorale des législatives. « La campagne a été extrêmement délétère, notamment parce que le Rassemblement national a instillé la haine. Je me souviens que le nombre d’appels a doublé durant la période de juin et juillet. Des gens qui nous appelaient faisaient directement le lien avec l’ambiance électorale du moment ; soit parce qu’ils le pensaient, soit parce que les agresseurs faisaient eux-mêmes le lien. » À Perpignan, ce fut notamment le cas avec le courrier raciste adressé à cette Perpignanaise l’accusait de ne pas être « légitime en France ».

*Le ministère de l’intérieur précise qu’à Paris et dans les départements franciliens, le taux particulièrement élevé avec 2,7 victimes enregistrées pour 10 000 habitants est lié à « l’attractivité de la capitale et notamment en raison des migrations alternantes mais également en raison des flux de touristes. »

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