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À Perpignan, contre le narcotrafic, les autorités veulent « maximiser l’impact et saturer » l’espace public

À Perpignan, contre le narcotrafic, les autorités veulent "maximiser l'impact et saturer" l'espace public

Article mis à jour le 17 novembre 2025 à 21:16

Les habitants de cité du nord de la ville de Perpignan, ont vu débarqué ce 17 novembre les forces de l’ordre en nombre. Parmi elles, plusieurs dizaines de CRS rompus à la lutte contre le narcotrafic. Objectif pour le préfet et le procureur « saturer l’espace » pour être « visibles et dissuasifs ». Ce fut aussi l’occasion de rappeler les nouveaux dispositifs permis par la loi du 13 juin 2025. Gel des avoirs, expulsions des logements sociaux, et interdictions de paraître sur des points de deal sont désormais à la main des préfets.

« Cette opération donnera certainement lieu dans les jours qui suivent à l’utilisation des nouvelles mesures de la loi sur le narcotrafic. Interdiction de paraître sur des points de deal, injonction en vue de l’expulsion d’un certain nombre de personnes qui occupent des logements sociaux financés par le contribuable et qui sont en lien avec le trafic de stupéfiants ou encore d’autres mesures de police administrative. » selon Pierre Regnault de la Mothe, nouveau préfet des Pyrénées-Orientales.

Une opération en soutien aux habitants du quartier 

Pas moins de 400 logements sociaux composent la cité Clodion à Perpignan. Immeubles, commerces, places et même une école d’infirmières forment un ensemble qui répond aux besoins des habitants. Mais c’est sans compter sur le trafic de stupéfiants et les conséquences sur la vie de ce quartier. Va-et-vient incessants, dégradations et occupations de l’espace public pourrissent la vie des centaines de familles qui aspirent à un cadre de vie agréable.

Pour tenter de répondre à cette demande, l’office des HLM de l’agglomération, Habitat Perpignan Méditerranée, a décidé d’installer une nouvelle loge et quatre gardiens. « Les habitants de Clodion ont le droit à la sécurité comme tous les autres citoyens », martèle Pierre Regnault de la Mothe.

À Perpignan, contre le narcotrafic, les autorités veulent "maximiser l'impact et saturer" l'espace public

Muriel Corréard, directrice de l’office des HLM précise que plusieurs milliers de personnes attendent des logements sociaux. De son côté, le procureur de la République, Jérôme Bourrier ajoute que l’une des personnes interpellées récemment pour trafic de stupéfiant va voir son bail révoqué du fait de cette nouvelle loi du 13 juin 2025.

Ce lundi en fin de journée, face à l’attroupement de personnalités entourées de journalistes, plusieurs habitants commentaient le débarquement des forces de polices dans leur quartier. « C’est pas trop tôt, il était temps qu’ils interviennent ! Il faudrait qu’ils soient là plus souvent ». Un vœu formulé également par l’un des policiers du dispositif. « Au quotidien, nous intervenons sur un ou deux points de deal. L’appui des CRS nous permet d’en contrôler sept ou huit d’un coup ! »

Quand les « choufs » narguent la police

Après la cité du Champ de Mars, c’est Clodion, dans le quartier du Vernet qui était la cible des forces de l’ordre ce lundi soir. Et contrairement à la semaine dernière, ici les « choufs », ces jeunes guetteurs chargés de signaler l’arrivée de la police, étaient déterminés à narguer les forces de l’ordre. Haut comme trois pommes, l’un d’entre eux est largement défavorablement connu par tous les services de la police et de la justice de Perpignan. À peine âgé de 13 ans, il a déjà été interpellé à 52 reprises et fait plus d’une quarantaine de gardes à vue. Père absent, et mère peu impliquée, pour le procureur, la réponse sociale autant que pénale est ici dans l’impasse.

À Perpignan, contre le narcotrafic, les autorités veulent "maximiser l'impact et saturer" l'espace public

Pris en charge à plusieurs reprises par les services sociaux, il est devenu un petit caïd dans son quartier. L’ensemble des personnes présentes ce soir-là prédisent un destin judiciaire funeste à ce jeune et pour ne pas faire médire les prévisions, il décide de cracher sur un des CRS. « Ce soir, il va passer la nuit au poste », maugrée un des agents sur place.

Questionné sur ces comportements et surtout l’ampleur du trafic du stupéfiant, le préfet rétorque. « Effectivement, nous sommes face à un chantier de longue haleine. Mais doit-on capituler pour autant ? Je ne le crois pas », confie Pierre Regnault de la Mothe.

Ce lundi, entre chien et loups, les dealers auront perdu le canapé qui leur servait de bureau sur le square de Pradelles. Mais combien de temps faudra-t-il pour qu’un autre point de deal s’installe ? Pour répondre à cet état de fait, le préfet ne baisse pas les armes. « Nous serons là le temps qu’il faudra pour attaquer le mal à la racine. »

Au-delà de l’opération sur le terrain, les enquêtes judiciaires se poursuivent

C’est via un communiqué de presse, que le parquet de Perpignan diffusait le bilan d’une de ses dernières enquêtes. « Le mercredi 12 novembre, dans le cadre d’une enquête préliminaire conduite sous l’autorité du parquet de Perpignan, les fonctionnaires de police de la DIPN 66 menaient une vague d’interpellations et de perquisitions conduisant au démantèlement d’un important trafic de stupéfiants sur la ville de Perpignan. » Une dizaine d’interpellations et des saisies d’argent liquide, d’armes, ou de produits stupéfiants, mais aussi d’articles de luxe.

À Perpignan, contre le narcotrafic, les autorités veulent "maximiser l'impact et saturer" l'espace public

« La lutte contre la criminalité organisée demeure la priorité absolue de mon parquet, en lien constant avec les forces de sécurité intérieure. » Jérôme Bourrier concluait en précisant la création prochaine d’un groupement local de traitement de la délinquance (GLTD), sur le secteur Bas-Vernet.

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