Article mis à jour le 3 août 2023 à 14:01
Depuis le décès d’un jeune à la suite d’un refus d’obtempérer et les émeutes qui s’en sont suivies, plusieurs policiers sont en détention provisoire. Un mouvement de soutien à ces policiers fait se multiplier les arrêts de travail dans l’ensemble des commissariats de France. Quid des policiers de Perpignan ?
Si la direction se cantonne à affirmer que les missions de la police sont assurées, selon nos sources plusieurs dizaines de policiers perpignanais manquent à l’appel en solidarité de leurs collègues.
Des missions assurées malgré le soutien affiché par les agents et la direction
Selon Damien Albanell, secrétaire départemental du syndicat non majoritaire FPIP Police, les effectifs policiers actuels permettent tout juste d’assurer un service minium. La direction, via le service communication, ne confirme pas les arrêts de travail et tient à rassurer concernant les missions de police qui seraient assurées. «À Perpignan, les missions de police secours et les autres missions sont assurées et les plaintes sont prises.» Le service communication précise également que «les policiers perpignanais affichent leur solidarité avec ce qui se passe en ce moment avec leur collègue de Marseille.»
«Pas une justice d’exception, mais la même justice pour tous»
Selon le syndicaliste, le mouvement des policiers à travers la France est une façon d’afficher le soutien à leur collègue. «Même si la direction est embêtée car elle doit pallier les manques, elle comprend ce qui se passe et que nous n’avons pas le choix que d’agir de cette façon. Aujourd’hui, nous ne demandons pas une justice d’exception, mais simplement que la justice soit appliquée de la même façon pour tout le monde.»
Car c’est là où le bât blesse, depuis les émeutes liées à la mort du jeune Nahel en région parisienne, ce sont déjà trois policiers qui sont en détention provisoire pour des faits de violences présumées dans le cadre de leur fonction. Pour le représentant de la FPIP66, la détention provisoire doit être une exception.
«Aujourd’hui, on se rend compte que pour les policiers, la dentition provisoire ce n’est plus une exception. Nous avons l’impression de servir de fusible pour calmer la rue et pour prévenir de nouvelles émeutes.»
Questionné sur les pressions exercées sur les magistrats et sur les décisions de justice, Damien Albanell l’avoue, il est temps d’arrêter les effets de communication. Selon l’officier de police judiciaire, il faut vraiment agir sur le quotidien des policiers, cesser de se voiler la face et ouvrir les yeux sur la réalité du terrain. «Ce qui se passe avec ce gamin est dramatique mais il ne faut pas tirer de conclusions hâtives, il faut attendre les conclusions de l’enquête. Moi je dis que par rapport à ce qui s’est passé, on peut être fiers de notre police. On a quand même réussi à contenir les violences.»
«Nous ne sommes pas la solution à tout»
Damien Albanell dénonce du laxisme à tout va, dans l’éducation, la justice. Un laxisme qui aurait des conséquences concrètes que les policiers ne peuvent gérer seuls. «Non, nous ne sommes pas la solution à tout. Nous vivons comme tout le monde dans un monde violent. Il faut que les gens comprennent que nous sommes aussi des êtres humains. Quand tu travailles toutes les nuits, tous les jours pendant une semaine, un mois d’affilée, parfois tu ne maîtrises pas tout.»
En poste durant les émeutes, Damien Albanell se remémore avoir réalisé 23 gardes à vue durant la nuit du vendredi 30 juin, et 18 le samedi 1er juillet. «Ce soir-là, nous n’étions que deux officiers de police judiciaire pour gérer une ville de 120.000 habitants.»
Si, selon le syndicaliste, la direction n’a pas demandé aux agents de revenir de congés, le discours se prépare quant aux grands rendez-vous à venir et notamment celui de la Coupe du monde de rugby.
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