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La culture de pistachiers est-elle possible dans les Pyrénées-Orientales ?

La culture du pistachier, très présente en Provence, commence à prendre racine dans les Pyrénées-Orientales. Ce projet agricole, porté par des initiatives locales et soutenu par l’Agence de l’eau, suscite un intérêt croissant parmi les agriculteurs du département. Retour sur l’émergence de cette filière. Photo © Engin Akyurt / Unsplash

L’initiative de cultiver le pistachier dans les Pyrénées-Orientales est née au sein de l’association APARM*, créée en mars 2023. Myriam Levalois-Bazer, qui coordonne les activités de l’association, explique que le projet s’est développé après des échanges avec des élus locaux, notamment à Saint-Paul-de-Fenouillet.

« Le maire avait déjà planté des pistachiers sur son terrain et les résultats étaient prometteurs », raconte-t-elle. Ce début encourageant, combiné aux recherches menées par l’association sur les réussites similaires en Espagne et dans le Vaucluse, a abouti à l’émergence de la filière de pistachiers dans la région.

Un arbre adapté aux conditions des Pyrénées-Orientales

Le pistachier présente plusieurs avantages dans le contexte climatique des Pyrénées-Orientales. Il s’adapte bien aux terrains filtrants et demande très peu d’eau une fois adulte. Dans une région régulièrement confrontée à la sécheresse et aux restrictions d’eau, le pistachier apparaît comme l’option idéale. D’autre part, cet arbre ne demande pas un gros investissement pour les agriculteurs.

« C’est un arbre avec peu d’exigences, mais qui en a quand même. Il faut un terrain qui soit plutôt filtrant pour que l’eau puisse pénétrer et éviter l’asphyxie racinaire. Donc, les terrains argileux ne lui conviennent pas. Il a besoin d’un pH neutre, les sols trop acides sont à éviter. Par contre, c’est un arbre qui demande, une fois qu’il est adulte, très peu d’eau. Par ailleurs, il fleurit assez tardivement, sur certaines variétés, on passe après les gels tardifs », précise Myriam Levalois-Bazer.

Près de Perpignan, un projet de niche axé sur la qualité

Les pistachiers plantés dans les Pyrénées-Orientales ne visent pas une production de masse, mais plutôt une production de qualité, orientée vers des marchés de niche. « Nous avons opté pour une filière de pistaches vertes émondées, destinées à la gastronomie et à la pâtisserie », explique Myriam Levalois-Bazer.

Une approche qui dépend bien évidemment des récoltes. « Pour la pistache verte, le prix va varier en fonction de la couleur de l’amandon. C’est-à-dire, plus il est vert foncé, plus il sera cher.», nous confie Myriam. Il faudra compter entre 18 et 28 euros le kilo de pistache. Un chiffre qui pourra être réévalué au moment des premières récoltes.

Cédric Doreau, un agriculteur catalan prêt à relever le défi

Parmi les agriculteurs qui se lancent dans cette nouvelle aventure : Cédric Doreau. Pour cet arboriculteur spécialisé dans la culture des figues à Saint-Hippolyte, le choix a été vite fait. « J’aime les défis, et la pistache est une culture qui peut se développer ici. De plus, elle s’adapte bien aux contraintes climatiques que nous connaissons dans la région», explique-t-il.

Pour lui, le choix de se tourner vers le pistachier est motivé par un désir de diversification et un attrait pour les nouvelles cultures. Malgré les sept années nécessaires avant la première récolte, Cédric Doreau est confiant. Il envisage de commercialiser sa production mais loin de « la pistache snacking comme on peut consommer aux apéritifs ». Et pour l’attente, l’agriculteur explique qu’il « ne vit pas que de ça». En parallèle, c’est dans la figue que Cédric à trouvé sa voie.

Soutien institutionnel et avenir de la pistache

L’Agence de l’eau a récemment accordé son soutien à ce projet, contribuant à son développement grâce à un double volet de financement. D’une part, un suivi agronomique est assuré pour optimiser les cultures, avec l’aide d’un ingénieur qui conseille les agriculteurs. D’autre part, une étude économique est en cours pour évaluer la rentabilité des vergers non irrigués, une démarche essentielle pour pérenniser cette filière naissante.

Avec environ 1 500 pistachiers déjà plantés en 2023 et 2 000 de plus prévus pour 2024, l’initiative montre un dynamisme certain. Cependant, comme le rappelle Myriam, « il ne s’agit pas de remplacer la vigne par du pistachier. L’idée est de travailler sur des terres incultes et des friches, contribuant aussi à la prévention des incendies tout en diversifiant les cultures locales. »

Une chose est sûre, en attendant la première récolte de pistaches dans les Pyrénées-Orientales, les agriculteurs ont le temps de se préparer pour la suite.

 *Avenir Productions Agricoles Résilientes Méditerranéennes

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Alix Wilkie