Article mis à jour le 30 juin 2023 à 17:21
Ce mardi 17 janvier, entre 100 et 150 habitants du quartier Saint-Jacques avaient rendez-vous pour crier leur colère face aux nouvelles destructions d’immeubles dans le centre historique de Perpignan.
Derrière une banderole «Touche pas à mon quartier», ils accompagnaient la délégation qui devait être reçue en Préfecture. L’absence du Préfet ou du secrétaire général a fait naître chez eux un sentiment de mépris. Malgré la présence de la Directrice de cabinet en Préfecture, le collectif est réparti au quartier avec la ferme intention de faire cesser immédiatement le chantier de démolition des immeubles entre la rue Llucia et la rue des Potiers.
De la Place du Puig à la Préfecture en passant par la faculté de droit
En 2018, ils étaient déjà mobilisés, Kamel, Nasser (devenu Nasdas), Lino alias Nounours, et Jean-Bernard Mathon ; ils étaient déjà tous présents alors que le précédent maire – en pleine torpeur estivale – avait lancé la destruction de l’îlot du Puig. Ils avaient marché sur la Préfecture où le Préfet de l’époque, Philippe Chopin, les avait reçus et avait fait stopper le chantier.
Deux ans plus tard, l’îlot du Puig n’est plus. En 2021, l’immeuble Bétrui a subi le même sort dans l’indifférence générale. Mais en ce début d’année 2023, le communiqué de presse laconique du maire annonçant le 11 janvier pour le lendemain la démolition de 6 immeubles ne passe pas. Isabelle, voisine des immeubles concernés, a reçu un courrier lui demandant de faire ses valises en 48 heures et pour une durée de 3 semaines.
Avec un haut-parleur, Kamel crie «cette mairie est comme la précédente, mais encore plus violente. En moins de 24 heures, on nous a détruit nos logements. Où on va nous mettre, il n’y a pas le relogement, il n’y a pas de construction !». Kamel lance «Touche pas» avant que la foule enchaîne «à mon quartier.»
Derrière la banderole, une partie de la team Nasdas, membres de la communauté gitane et maghrébine du quartier marchent entre selfies et directs sur Snapchat. Petite halte devant l’ancienne université rénovée et qui accueille la faculté de droit. Les manifestants appellent les étudiants à les rejoindre sans succès. La manifestation repart en direction de la Préfecture sous les cris de «rénovations pour Saint-Jacques».
Devant les grilles d’une mairie de Perpignan claquemurée
Devant les grilles closes de la mairie sécurisée par nombre de policiers municipaux, les huées ont fusé. «On veut une concertation. Vous le voyez bien, si le maire n’avait rien à se reprocher, la mairie serait ouverte !». Nasdas de prendre la parole, «Pendant les élections, Aliot est venu au quartier. Aujourd’hui, personne ne le voit. Il vient, il parle à la presse et il repart.» Le snapchateur d’encourager les manifestants avec un « qui ne saute pas n’est pas Saint-Jacques !» avant d’adresser un nouveau message à Louis Aliot «Touche pas à mon quartier !».
Quiproquo devant la Préfecture
Devant la Préfecture et alors qu’une délégation de 6 personnes était attendue, l’absence du Préfet ou de son Secrétaire général a conduit une partie du collectif à refuser d’être reçus par la directrice de Cabinet. En colère, Kamel de déclarer au haut-parleur, «le Préfet n’est pas là, son secrétaire non plus. On va bloquer le chantier.» Nasdas de rajouter, «vous voyez on a fait une manifestation pacifique et personne nous reçoit.
On ne mérite pas d’être reçus par le Préfet, le maire ne veut pas nous voir. Saint-Jacques on ne va pas se laisser faire.» La manifestation a rebroussé chemin de retour vers le quartier Saint-Jacques avec la ferme intention de faire stopper le chantier. Sur place, plus d’une vingtaine de policiers municipaux et nationaux étaient positionnés de manière préventive.
Mais pourquoi avoir refusé de rencontrer la directrice de Cabinet ? Contacté, Kamel rétorque qu’il ne voulait pas d’intermédiaire pour ne pas perdre de temps. «Nous avons fait un mail officiel pour rencontrer le Préfet, quand nous sommes arrivés, ni lui ni son secrétaire n’étaient là. Nous n’avons pas le temps d’attendre que le message soit passé au Préfet et qu’il nous donne sa réponse ; alors qu’il aurait pu lui-même prendre le dossier en main, sans intermédiaire, et ça aurait permis de faire retomber cette tension du quartier.»
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