Article mis à jour le 30 juin 2023 à 17:21
Tout a débuté ce mercredi 11 janvier aux alentours de 18h00 avec l’envoi d’un communiqué de presse de la mairie de Perpignan. « les travaux de voirie de la rue Llucia ont dû être stoppés car un îlot bâti composé d’immeubles vacants menaçait de s’effondrer. (…) Les travaux de démolition débuteront ce jeudi 12 janvier 2023.» Aujourd’hui, habitants et commerçants du quartier Saint-Jacques se disent inquiets par le manque de communication en amont de ces nouvelles démolitions.
Devant les grilles qui encerclent le chantier, plusieurs personnes échangent sur le gâchis de ces démolitions. «Dans l’immeuble d’à côté c’est magnifique, il y a une voûte ancienne. C’est dommage de perdre tout ce patrimoine.» Pour Mustafa qui habite la Place Rigaud, il aurait peut-être mieux fallu rénover. Il imagine déjà un quartier Saint-Jacques sans âme, vidé de ses habitants au profit d’une classe moyenne qui pourrait payer des loyers à 800€ ou 1.000€ par mois, citant l’exemple du cœur historique de Montpellier ou Toulouse.
«Qu’est-ce que je dois dire aux clients et aux commerçants ?»
«On n’est pas contre les démolitions, mais ce qu’on veut c’est de la concertation», c’est le message d’Aziz Sebhaoui, responsable du Casa café situé juste en face du chantier. Président de l’association des commerçants de Saint-Jacques, Aziz ne décolère pas. «Ils sont arrivés avec les engins pour barricader et tout lancer, et on leur a dit non ! Après, on est allés à la mairie pour discuter. Ils nous ont fait rentrer dans les immeubles, on a vu les étais pliés, et une partie de la façade de la maison qui s’est carrément détachée de l’immeuble.
Mais bon, la méthode n’est pas bonne. Ils font les choses et ils communiquent après ! Nous on aimerait bien être concertés pour construire notre quartier ensemble.»
Les immeubles destinés à la démolition étaient inhabités : 3 d’entre eux appartenaient à la mairie, et 3 à des particuliers non occupants. Par mesure de sécurité, 30 personnes ont été évacuées des immeubles voisins et relogées dans un hôtel de Perpignan. Selon Aziz, le chantier de démolition sera terminé en fin de semaine prochaine.
Un nouveau collectif pour demander les reconstructions à Saint-Jacques
Dès que l’annonce de la démolition de ces nouveaux immeubles rue Llucia, plusieurs habitants avaient décidé de manifester sous les fenêtres du Préfet ; mais selon Nick Gimenez, pilier de la communauté gitane, il a fallu calmer les esprits. «C’était prévu oui, mais on n’est pas à une semaine près. On préfère aller voir le Préfet avec les cartes en mains et expliquer les problèmes que l’on a. Nous on est pacifiques, mais on a peur, et c’est l’inquiétude qui nous fait bouger.» Nick Gimenez se dit prêt à réunir le collectif qui avait tenté de faire avancer les discussions avec l’ancienne municipalité. Selon Nick, même si les échanges étaient complexes avec l’ancienne équipe, ils avaient au moins le mérite d’exister. Alors que les nouveaux élus ne parlent pas se désole Nick.
«Nous ce qu’on veut c’est qu’ils reconstruisent, il y a des familles qui ont été éloignées d’ici et ils reviennent tous les jours en pleurant parce qu’ils ne s’y retrouvent pas dans leur nouveau quartier. Depuis que le nouveau maire est élu on ne l’a pas vu. Il y a des réunions qui se font ici, mais sans nous. Ils ont démoli des maisons, mais jamais de reconstruction et on est inquiets.» Alors oui concède Nick, la dernière réunion s’est mal passée. «Nous maintenant on veut des papiers signés, on nous a tellement menti. Vous voyez, normalement il devait y avoir 29 logements à la place du Puig, mais la nouvelle mairie est là depuis 3 ans et il ne se passe rien.» Selon les réseaux sociaux du maire, ce dernier s’est déplacé le jour même devant le chantier pour afficher sa «priorité à la protection de notre population.»
Retour sur l’histoire des démolitions de Saint-Jacques
Jean-Bernard Mathon, membre de L’Alternative endavant rappelle les principaux éléments de contexte. Et notamment le nombre de bâtiments détruits à Saint-Jacques par l’ancien maire et le nouveau. Selon Jean-Bernard Mathon, conservateur de biens culturels et candidat sur une liste aux élections municipales de 2020, l’ancien maire avait – entre 2015 et 2018 – fait démolir une soixantaine de bâtiments à Saint-Jacques ; laissant des placettes vides, parfois à usage de parking, mais le plus souvent entravés par des blocs de béton.
Mais en 2018, comme un prélude à la campagne de 2020, les habitants avaient été incités à stopper net le chantier de la place de Puig.
Depuis son arrivée à la loge, le maire Rassemblement National a ordonné la démolition de l’ensemble de Betriu, finalisé la destruction des immeubles de la Place du Puig et la destruction ce 12 janvier de 6 immeubles supplémentaires sur la rue Llucia.
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