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Rénovation urbaine, les habitants de Saint-Jacques demandent garanties et dialogue

Rénovation urbaine, les habitants de Saint-Jacques demandent garanties et dialogue

Article mis à jour le 30 juin 2023 à 17:17

Ce mercredi 28 juin, sur la place Carola, le collectif des habitants de Saint-Jacques donnait rendez-vous à la presse afin d’aborder la question brûlante du NPNRU (Nouveau plan national de rénovation urbaine). Le soir-même, une réunion publique avec les élus et cadres de la mairie de Perpignan était prévue de longue date.

« Des démolitions programmées, des expropriations, mais toujours pas de réponse satisfaisante quant au relogement ! »

Il est 11 heures tout juste passées lorsque trois représentants du collectif des habitants de Saint-Jacques prennent place autour de l’un des blocs de béton siégeant en lieu et place de l’immeuble Betriu, détruit par la mairie en septembre 2021. À quelques mètres, rue Llucia, le bal des pelleteuses et autres engins semble prolonger les grands travaux entamés dans le quartier. Un plan de rénovation qui n’en a que l’apparence estime Kamel Belkebir, porte-parole du collectif. « Des démolitions programmées, des expropriations, mais toujours pas de réponse satisfaisante quant au relogement ! » assène-t-il.

Alors qu’il liste, document en main, les îlots d’habitations à détruire à Saint-Jacques dans le cadre du NPNRU, la déclamation a des airs de longue condamnation : « Démolition des îlots suivants : l’îlot 2bisO (entre rue du Musée, rue Moulin-Pares, rue Joseph-Bertrand et rue Fontaine-Neuve), l’îlot jouxtant la rue Llucia et la rue des Cuirassiers, 11PA, l’îlot 12PA… ».

Au total, ce sont 45 immeubles qui seront démolis dans le cadre du plan. Si la municipalité est dans l’obligation de reconstruire chaque édifice, les habitants exigent plus de garanties. «Les promesses de reconstruction concernant les îlots Puig et Paradis sont loin de suffire» avertissent-ils dans leur communiqué.

Manque de dialogue et de transparence

Lors de sa campagne municipale, Louis Aliot avait su s’attirer les faveurs des habitants de Saint-Jacques en menant une vaste opération de séduction. Trois ans plus tard, les riverains déchantent, face à une municipalité qui leur semble désormais hermétique au dialogue.

Si une consultation a bien eu lieu, le collectif dénonce une opération «peu adaptée à une population qui s’exprime oralement.» De son côté Kamel déclare, «on ne sait pas qu’est-ce qu’il y aura pour qui et comment. »

Par ailleurs, le collectif accuse la municipalité de ne se concentrer que sur les axes stratégiques. Les riverains pointent du doigt des destructions à grands frais pour des bâtiments qui auraient pu être rénovés. « Faire tomber un immeuble construit il y a 26 ans, c’est du n’importe quoi ! Tout ça c’est pour ouvrir l’axe au niveau de l’université et nous mettre un marché des fleurs. Mais qu’est-ce que ça va apporter ici un marché des fleurs, on a le quartier qui se meurt petit à petit ! » enrage Kamel. « Il semble que la mairie a du mal à savoir exactement les biens qu’elle possède et semble ignorer que nombre de ses immeubles sont insalubres » dénonce également leur communiqué de presse. De son côté, la mairie confirme qu’il a fallu deux ans pour mettre à jour son fichier des bâtiments dont elle est propriétaire.

Habitant de Saint-Jacques, Marco Cargol est en colère

Alors que la conférence touche à sa fin, un habitant du quartier repère le comité discrètement réuni sur la place. Après quelques minutes d’écoute silencieuse, Monsieur Cargol se saisit de cette tribune inespérée pour faire entendre sa voix : « Ils vont casser Saint-Jacques parce qu’ils veulent en faire un centre-ville ! ». Pour lui, la volonté de gentrification du quartier par la mairie est claire : « Ils veulent nous faire des maisons écartées de Perpignan pour nous mettre comme des singes, comme un zoo ». Cet ancien employé du service propreté de la ville de Perpignan a vécu toute sa vie dans le quartier. Il se pose en observateur des évolutions de Saint-Jacques. « Ça fait 20 ans que ce qu’on détruit on ne le reconstruit plus ! ».

Les représentants de la mairie de Perpignan se veulent rassurants

Le soir même, dans l’ancienne maison d’urbanisme, les habitants étaient conviés pour se voir exposer les plans de la mairie. Mais c’est devant une salle peu remplie qu’Yves Gatault en charge du NPNRU a détaillé le projet.

Une réunion qui fût surtout l’occasion de légitimer le plan aux yeux des habitants, martelant que face à l’insalubrité et l’incapacité des acteurs privés à rénover, seule la mairie avait le pouvoir d’agir. «J’ai une obligation de résultat» s’est enthousiasmé Philippe Mocellin, directeur général des services (DGS) ; tout en rappelant que le plan courrait jusqu’en 2026.

Philippe Mocellin, directeur général des services (DGS) de la ville de Perpignan.

Concrètement, les élus ont insisté sur la reconstruction des îlots Paradis et Puig, d’où 41 logements sociaux sortiront de terre. Dès le mois d’octobre 2023, le permis de construire des six maisonnées de l’îlot Paradis devrait être déposé. Par ailleurs, nombre de citriques se sont fait jour sur un parc municipal laissé à l’abandon. Pour répondre, la mairie a décidé d’apposer sur chaque rénovation en cours une plaque floquée Perpignan La Rayonnante avec le message «travaux de réhabilitation réalisés par la mairie de Perpignan.»

Vers une énième rénovation urbaine sans volet social ?

La réunion de concertation fut également l’occasion d’annoncer l’ouverture d’un volet social pour le plan, tel que réclamé par les habitants. Malgré quelques annonces, ce sont surtout une liste de bonnes intentions qui ont été dévoilées : accompagnement de la population, ateliers retour vers l’emploi, déscolarisation… Le tout sans réel plan d’action ou budget mis sur la table. Les élus ont cependant assuré «vouloir aller davantage vers les gens du quartier.»

Globalement, les mesures n’ont pas semblé convaincre la poignée d’habitants dans la salle. Malgré leur faible nombre, ils ont exprimé longuement leurs craintes suite à la présentation. «Vous avez besoin de nous, mais vous avez tendance à raconter beaucoup de choses et on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux.» Les représentants de la mairie se voulaient néanmoins rassurants, pas question de trahir l’esprit du quartier ou d’en évincer les habitants.

Nourrissant l’espoir d’insuffler une nouvelle dynamique au quartier, Monsieur Mocellin a fait part de sa conviction d’être à l’aube d’un «basculement historique» pour le quartier ; voilà un point sur lequel tout le monde semble s’accorder.

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