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Perpignan et ses cafards, un éternel recommencement ?

Les cafards sont-ils indestructibles ? À Perpignan, on le croit. Stimulés par la chaleur estivale, ils prolifèrent. Pourtant des solutions existent. Contactée par des habitants de certains quartiers, la rédaction de Made In Perpignan s’est penchée sur ce dossier aux multiples intervenants. Photo © Eric Karits / Unsplash.

Communément appelés cafards, les blattes possèdent une grande capacité d’adaptation. Même si ces nuisibles ne vivent que quelques mois, ils sont habitués aux conditions extrêmes et se reproduisent à un rythme effréné.

Des produits toxiques contre un peu de tranquillité

Le soleil se couche sur Perpignan, mais une autre vie commence dans certains quartiers de la ville. Du côté de la rue du Stadium, certains Perpignanais se plaignent d’une invasion de cafards qui, à la nuit tombée, se faufilent dans les canalisations et envahissent aussi bien les rues que les habitations.

Pierre*, un résident, décrit une situation cauchemardesque : « Tous les étés, lorsque la chaleur arrive, ça devient infernal. On doit vivre avec des bestioles qui sont présentes en masse. Par exemple, l’année dernière, j’ai eu plus d’une centaine de blattes mortes dans l’appartement. »

Imaginez : un parcours du combattant au réveil. Tous les matins, Pierre doit faire attention à ne pas écraser les cadavres d’insectes lors du nettoyage de son sol. Même en traitant le problème à la source, le résident n’a pas réussi à s’en débarrasser. Il a dû attendre la baisse des températures pour voir leur nombre s’amoindrir.

Un imbroglio administratif pour les habitants

Rémi Génis, adjoint à la propreté à la mairie de Perpignan, reconnaît recevoir des plaintes à ce sujet, mais souligne la complexité des responsabilités : « Les cafards sont souvent associés au service hygiène, c’est vrai. La mairie fait son possible pour relayer les doléances des habitants. Mais la gestion des réseaux d’assainissement, d’où provient le problème, incombe à l’agglomération. »

La confusion entre les rôles des différentes instances administratives semble jouer en défaveur des habitants, qui ne savent plus à qui s’adresser pour résoudre ce problème. « De toute manière, l’administration française est hyper compliquée. Vous savez, lorsque j’assiste à des conseils municipaux, il est fréquent que même les élus soient perdus. Cela devient compliqué de savoir qui fait quoi », glisse l’adjoint.

Dans les habitants collectifs comme ceux gérés par Habitat Perpignan Méditerranée ou les syndics, des campagnes de prévention annuelles peuvent être mises en place. « Une première intervention suivie d’un rappel environ trois semaines après. L’intervention se fait par la pose d’un gel alimentaire insecticide que le cafard va manger et transmettre à ses congénères, car les blattes échangent leur nourriture. Le traitement ne peut être efficace à 100 % et permettre l’éradication du problème que si chaque locataire de la résidence ouvre sa porte », pouvait-on lire sur la campagne organisée le 4 avril 2022.

Les cafards, ces compagnons indésirables et tenaces

Pour mieux comprendre cette situation, Cédric Alonso, entomologiste et chercheur au bureau d’étude ROSALIA en Occitanie, nous éclaire sur ces nuisibles. Selon lui, seulement trois espèces de blattes sont responsables de ces infestations en milieu urbain. Les plus connues sont les blattes américaines, rousses avec des ailes, et les orientales, noires et dépourvues d’ailes. Ces cafards, qui aiment l’humidité et l’obscurité, trouvent dans les réseaux d’égouts et les caves un environnement idéal pour proliférer.

« La présence de cafards est souvent le signe d’un problème d’humidité. Ils ne piquent pas, ne mordent pas, mais leur présence traduit un environnement favorable à leur développement. Malheureusement, les solutions à court terme, comme l’usage de produits phytosanitaires, ne sont pas suffisantes. Il faut traiter le problème à la source à savoir assainir les fondations des habitations », explique l’entomologiste.

À Perpignan et aux alentours, « ils sont le top 1 de mes interventions »

Matthieu Bonnemaison n’a jamais vu ça. À la tête de son entreprise de dératisation et désinsectisation dans les Pyrénées-Orientales, cela fait maintenant trois ans que les cafards font partie de son quotidien. « Ils sont le top 1 de mes interventions », assure le spécialiste. Selon lui, l’absence d’intempéries expliquerait ces invasions.

« Je ne suis pas expert en la matière, mais pour moi c’est parce qu’on manque d’eau. Comme le réseau de Perpignan est en majorité un réseau unitaire, c’est-à-dire que l’eau d’assainissement se mélange à l’eau de pluie, dès qu’il y avait des gros orages, j’imagine qu’il y avait une forme de nettoyage des canalisations. Les cafards étaient naturellement évacués. »

Une seule solution, vérifier l’étanchéité des réseaux d’assainissement

Une chose est sûre, face à ses clients, Matthieu est clair. Pour en finir avec ces colocataires indésirables, il est crucial de vérifier l’étanchéité des réseaux d’assainissement des habitations. « La mairie a bon dos. Le problème c’est d’abord l’habitation privée », assure Matthieu. L’expert intervient principalement dans le quartier de La Lunette, mais assure que ce problème touche toute l’agglomération.

Lorsqu’il est contacté, le professionnel procède à une inspection minutieuse pour identifier les points d’entrée des blattes. Pour remédier au problème, il utilise le gel Ecorex, spécialement conçu pour traiter les réseaux d’assainissement. Afin d’éviter tout problème pour la santé et l’environnement, Matthieu ne préconise pas l’emploi d’insecticides lors de ses expertises.

Le spécialiste tient à préciser que « ces blattes ne se reproduisent pas dans les maisons, sauf dans de rares cas où l’humidité est particulièrement élevée ». Après son intervention, il préconise de contacter la communauté de communes pour garantir que le traitement préventif des réseaux publics soit correctement réalisé, assurant ainsi une protection durable contre les nuisibles. Mais, entre espace privé et public, les responsabilités se diluent, laissant les habitants perplexes face à un fléau qui persiste.

*Le prénom a été modifié.

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Alix Wilkie