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Surpopulation à la prison de Perpignan : Les incarcérations sont stoppées

Surpopulation à la prison de Perpignan : Les incarcérations sont stoppées

Article mis à jour le 10 décembre 2024 à 17:55

Ce mardi 10 décembre 2024, le dispositif « Stop Écrou » a été déclenché pour la première fois au centre pénitentiaire de Perpignan. Ce dispositif consiste à suspendre toute nouvelle entrée en détention, en orientant les personnes condamnées ou en attente de jugement vers des établissements moins surpeuplés. En clair, il n’y a plus aucune place dans la prison. Pierre Grousset, secrétaire local du syndicat UFAP-UNSa Justice, nous décrypte la situation.

Le taux de surpopulation carcérale atteint des records à Perpignan

Surpopulation, vétusté des locaux, violence liée à la détention, le centre pénitentiaire de Perpignan fait régulièrement les gros titres des journaux. Si les cellules de 9 m² accueillaient déjà systématiquement trois détenus avec un matelas au sol, le taux de surpopulation carcérale a atteint son seuil maximal. « Il ne reste qu’une seule place de libre sur les 102 matelas au sol que compte la prison », alerte Pierre Grousset. « Si on a deux détenus qui rentrent, un des détenus devra être dérouté sur un autre établissement. »

Aujourd’hui, c’est l’intégralité du centre pénitentiaire qui est touché par ce phénomène. La maison d’arrêt* pour hommes, qui compte 132 places, accueille à l’heure actuelle 349 détenus. Soit une surpopulation pénale de 264%. Du côté des femmes, 67 y sont détenues pour 28 places seulement. Là encore, le taux de surpopulation est historique, atteignant 239%.

Quant au centre de détention, prévu pour les personnes condamnées à plus de deux ans d’emprisonnement, il compte 335 détenus incarcérés pour 333 places. Fait exceptionnel, puisque cette zone de la prison ne doit pas accueillir plus d’un détenu par cellule. « Ce qui fait un taux de surpopulation de 101% », souligne Pierre Grousset. « Et le quartier mineur, lui, est plein ! Il y a 12 détenus pour 12 places. »

Toujours plus de détenus, avec toujours moins de personnel

« Aujourd’hui, on ne peut pas garantir notre sécurité, ni celle des intervenants ou de la population pénale. » Selon Pierre Grousset, l’effectif de la prison de Perpignan est de 170 surveillants et surveillantes. « À l’heure actuelle, il nous en manque 35 », assure-t-il. Le centre pénitentiaire compte des personnels plutôt expérimentés, qui ne sont pas remplacés lors des départs en retraite. « Nous ne cessons d’être en sous-effectif », confirme le syndicaliste, qui alerte sur le manque d’attractivité dont souffre le métier.

Surpopulation «inacceptable», punaises de lit, la prison de Perpignan contrôlée

Les tensions entre détenus sont palpables, accentuées par la promiscuité des lieux. Au quartier des mineurs, beaucoup de jeunes présentant des troubles psychotiques cohabitent dans un « simple couloir », dénonce le syndicaliste. « Lorsque vous n’avez plus de place nulle part et qu’il faut déplacer un détenu suite à un problème, cela crée des mécontentements », souligne-t-il.

Selon Pierre Grousset, les agressions à l’encontre du personnel pénitentiaire sont récurrentes. « On a souvent des personnels qui se font bousculer. L’officier de la MAF (maison d’arrêt pour femme) s’est fait mordre. Elle a pris un coup de poing. Ce sont quand même des agressions assez violentes », déplore-t-il.

Une infestation de rats et de nuisibles au centre pénitentiaire de Perpignan

Si la problématique des punaises de lit n’est pas nouvelle, elle s’aggrave. « Il faudrait vider entièrement le bâtiment pour éradiquer ce problème. Dans l’état actuel des choses, ce n’est pas possible. Et je ne parle même pas des rats, qui ont commencé à faire leur apparition », révèle le syndicaliste. En août 2023, le CGLPL (Contrôleur général des lieux de privation de liberté) rappelait la présence de punaises de lit dans 63% des cellules de la maison d’arrêt pour hommes.

Transférer des détenus vers d’autres régions, la solution ? 

En déplacement dans les Pyrénées-Orientales, le vendredi 6 décembre 2024, le directeur interrégional des services pénitentiaires de Toulouse, Stéphane Gély, s’est rendu au centre pénitentiaire de Perpignan. « Aucune mesure n’a été prise », insiste Pierre Grousset. « Dans la nuit de jeudi à vendredi, il n’y avait plus une seule place de libre. S’il y avait un détenu incarcéré à Perpignan, il aurait été dérouté sur un autre établissement », atteste le syndicaliste, qui attend des mesures concrètes.

Premièrement, dérouter tous les détenus qui arrivent sur l’établissement pénitentiaire. « Bien que les autres établissements d’Occitanie soient eux aussi saturés », explique Pierre Grousset. « Il faudrait également transférer des détenus qui n’ont pas d’attache familiale sur le département ou qui ont reçu une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) sur des régions moins impactées par la surpopulation. » D’après le syndicaliste, ce type de mesure permettrait de réduire à 230% le taux d’occupation de la prison, contre 264% actuellement. « Cela nous permettrait de pouvoir gérer l’établissement correctement. »

« Pas de solution miracle pour la prison de Perpignan » 

Questionnée à l’issue de sa prise de fonction en septembre dernier, la nouvelle chef d’établissement déclarait arriver avec « beaucoup d’humilité ». Pour Séverine Godefroid, « la surpopulation carcérale est un enjeu majeur dans la politique de l’administration pénitentiaire. Je ne viens pas avec des solutions miracles, mais le but est de travailler avec les autorités judiciaires et la direction de Toulouse pour essayer d’améliorer le quotidien, et procéder quand cela est possible au désencombrement. » Séverine Godefroid entend bien « faire en sorte que la population pénale soit accueillie de la manière la plus efficiente possible dans un contexte de surpopulation au niveau national. »

De son côté, le directeur interrégional a bien conscience du manque d’effectif et des difficultés. Selon ses calculs, 30 ou 35 personnels seront affectés à l’établissement perpignanais en priorité. « J’ai bon espoir de pouvoir combler en bonne partie les postes vacants sur Perpignan. Les arrivées sont prévues pour le printemps prochain », assure Stéphane Gély.

*La maison d’arrêt reçoit les personnes prévenues en détention provisoire et les personnes condamnées dont la peine n’excède pas deux ans.

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