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Près de Perpignan, pour ce conseiller funéraire, « le souci dans la mort, c’est le tabou »

Près de Perpignan, pour ce conseiller funéraire, "le plus gros souci dans la mort, c'est le tabou"

À l’occasion de la fête annuelle des morts le 2 novembre, nous avons échangé avec Basile Franchet, directeur des pompes funèbres Campilla. L’entreprise familiale fondée en 1993 emploie quatre personnes. Basé à Rivesaltes et à Perpignan, l’établissement fait partie de la soixantaine de professionnels habilités par la préfecture à gérer les funérailles dans les Pyrénées-Orientales. Photo © Vidar Nordli Mathisen via Unsplash.

« Le plus gros souci qui existe aujourd’hui concernant la mort, c’est le tabou. Parler de la mort fait peur et certains estiment ne pas être en âge de le faire ; pour eux c’est trop lointain ». Chaque jour, Basile reçoit des proches désemparés car dans l’ignorance de ce que souhaitait la personne décédée pour ce moment. En effet, le choix est vaste, inhumation, crémation, stèle, fleurs, cérémonie religieuse ou en musique, rapatriement du corps, caveau familial… Évoquer dans le détail ses dernières volontés est très important, insiste le conseiller funéraire. « En parler, c’est enlever un poids des épaules de celui ou celle qui reste. »

« Ce qui compte le plus dans le métier, c’est l’empathie »

Pour Basile, conseiller funèbre depuis 16 ans, le plus important dans le métier est l’empathie. Il se souvient de ses débuts dans le secteur. « C’est une opportunité inattendue qui m’a fait découvrir ce métier. Alors que je cherchais un emploi, on m’a proposé un poste de porteur intérimaire. Peu de temps avant, j’avais été profondément touché par le décès de mon grand-père ainsi que par la perte accidentelle d’un ami. Cette proximité avec le deuil m’a sans doute sensibilisé à la nature de cette profession. »

Si la formation est courte et accessible, la profession ne manque pas de candidats. S’il est nécessaire de connaître la législation associée à une profession très encadrée, c’est la capacité à écouter qui compte le plus, selon Basile. « Les familles sont là et parfois ils ont vraiment besoin de parler. Ils veulent évoquer le défunt, ce qu’ils ressentent, ce qu’ils ont vécu. » Il y a aussi les moments inoubliables. « Nous avions pris en charge un motard. Le corbillard était accompagné par 200 motos. À l’arrivée au péage, ils ont même fait une haie d’honneur avec leur casque en l’air. C’est le genre de geste qui vous colle des frissons ». Et puis d’autres fois, c’est plus compliqué. Pour Basile, lui-même papa de trois enfants, c’est toujours plus difficile quand il s’agit d’un enfant. « Parfois il y a des familles qui nous touchent plus que d’autres. »

Le budget des obsèques, le sujet qui fâche 

Si les prix peuvent aller de 2 500 € à plus de 10 000 € en cas de rapatriement à l’étranger, la moyenne s’établit autour de 4 500 €, précise Basile. Nombreux sont les dispositifs pour aider à la prise en charge de ces frais, assurance, établissements bancaires, organismes sociaux… Mais encore une fois, insiste le professionnel, il est important d’en parler à son entourage. Car les détails financiers viennent se rajouter à la douleur du deuil. Concrètement, quand un décès survient, la famille doit choisir parmi une liste de pompes funèbres disponibles auprès de la préfecture ou des établissements, (hôpital, clinique, Ehpad….)

À noter que les Pyrénées-Orientales sont particulièrement pourvues en pompes funèbres pour s’occuper des près de 7 000 décès annuels. Il y a plus d’une soixantaine d’établissements pour le département et pour la seule plaine du Roussillon, autour de Perpignan, plus d’une vingtaine. À titre de comparaison, dans l’Aude, qui compte chaque année environ 5 000 décès, il n’y a qu’une vingtaine d’habilitations délivrées par la préfecture, déplore Basile.

« Avant 1993, les menuisiers fabriquaient des cercueils, les ambulanciers transportaient les corps, et les services municipaux organisaient les obsèques. Avec l’ouverture de la concurrence, en 1993 toutes les entreprises qui évoluaient dans le secteur ont saisi l’occasion. »

« Une fois que le certificat de décès est établi, on intervient pour récupérer la personne et la conduire dans notre chambre funéraire. À ce moment-là, et en fonction des demandes (cérémonie religieuse, ou incinération), la date des obsèques est fixée avec la famille. Et tout doit se dérouler dans les 14 jours calendaires après la date du décès, confie Basile. « Durant ce laps de temps, les proches choisissent les détails, quel cercueil ou urne, quel type de sépulture. Ils nous disent s’il y a un caveau familial, s’il faut prévoir les fleurs, un avis de presse, ou d’autres options. Tout cela va permettre d’établir le devis que la famille devra signer, ainsi que le pouvoir pour nous permettre de faire les démarches administratives en leur nom. »

Des pratiques qui évoluent au fil du temps

En seize ans, le professionnel a vu les pratiques mortuaires évoluer. Aujourd’hui, il y a beaucoup moins de cérémonies religieuses et plus de crémations. En effet, selon une étude réalisée par l’Ifop, plus d’un Français sur deux souhaite désormais se faire incinérer. Quant aux cérémonies religieuses, six Français sur 10 optent désormais pour des obsèques civiles.

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